Bien choisir un taureau pour le futur troupeau
Le prix d'achat d'un futur reproducteur peut être un frein pour certains éleveurs. Pourtant à terme, c'est un investissement rentable qui doit se raisonner au même titre qu'un matériel ou une installation de traite… Réaliser des économies lors de l'achat d'un taureau n'est certainement pas la meilleure des stratégies.
Dans les périodes plus difficiles, les producteurs de viande ont souvent tendance à différer l’acquisition d’un nouveau taureau et/ou réduisent sa qualité au travers du prix d’achat.
Toutefois, ces économies ponctuelles peuvent être source de réduction de produit quelques années plus tard. Toute rupture d’un processus engagé pour l’amélioration de la qualité du cheptel reste une démarche à exclure.
En élevage allaitant, un taureau de monte naturelle produit en moyenne 70 veaux ayant des trajectoires différentes : une partie des génisses assurera le renouvellement du troupeau souche tandis que l’autre ira en boucherie.
En s’appuyant sur l’étude quantifiant l’utilisation des taureaux en Sarthe, on peut décliner le schéma de production ci-contre pour chacun des reproducteurs mâles. Globalement sur la durée d’utilisation du taureau, on dénombre la production de :
- 35 mâles destinés à être commercialisés en broutards ou en jeunes bovins,
- 17 femelles (vaches et génisses) vendues en boucherie,
- 18 génisses assurant le renouvellement du troupeau et produisant ainsi en partie en fonction du potentiel du taureau.
Un investissement rentable
La décision d’achat d’un taureau doit être raisonnée dans un élevage comme une démarche d’investissement, au même titre qu’une stabulation ou un tracteur, nécessaire au bon fonctionnement économique de l’exploitation.
Les producteurs de viande qui obtiennent les meilleures performances techniques aujourd’hui (poids de carcasse par jour de vie des taurillons et poids des vaches de réforme) ont misé sur des taureaux ayant des références personnelles et/ou celles de ses ascendants. Ces données indispensables au choix existent dans les élevages inscrits à l’Upra et adhérant au contrôle de performances ainsi que pour les taureaux diffusés par le canal de l’insémination animale.
La qualité du cheptel des éleveurs pratiquant la vente de reproducteurs résulte de prime abord du fruit de leur travail associé à une bonne connaissance des animaux et à un certain savoir-faire.
De nombreux éleveurs sélectionneurs de la Sarthe ont constitué leur cheptel et amorcé le contrôle de performances dans un passé récent. Ils ont raisonné les accouplements avec des taureaux de monte naturelle inscrits et utilisé à un degré plus ou moins important l’insémination artificielle. Les analyses effectuées confirment l’intérêt de disposer de géniteurs mâles et femelles performants. A ce titre, on peut citer l’exemple des taurillons confirmant l’impact positif de la génétique sur les performances.
Les broutards les plus lourds donnent des taurillons abattus plus jeunes En race charolaise, les broutards d’un poids supérieur de 74 kilos à 210 kilos par rapport aux plus légers sont abattus 38 jours plus jeunes tout en fournissant des carcasses plus lourdes de 5 kilos. Entre ces deux types de taurillons, l’écart de poids de carcasse par jour de vie atteint 83 g. Ces éléments permettent de mieux cerner les écarts de résultats rencontrés dans les élevages. La conduite générale du troupeau explique en partie cette situation mais parmi les points, on ne peut pas ignorer le volet génétique.
Le taureau a un impact très important sur les performances du futur troupeau et réaliser des économies lors de son achat n’est certainement pas la meilleure des stratégies.