Benjamin Grimal, le golfeur cantalien qui perce sur le circuit international
Son plus beau parcours de golf ? Sans conteste celui, “incroyable”, de Trinity Forest à Dallas, bien que Benjamin Grimal confie un petit faible pour celui d’Acaya dans les Pouilles italiennes mais c’est au golf sansacois de Haute-Auvergne que le joueur professionnel se sent véritablement dans son jardin. Là qu’il s’échappait, ado, chaque jour sitôt ses cours au lycée Duclaux achevés, pour aller taper des balles, des dizaines, des centaines, qu’il pleuve, vente voire qu’il neigeote. Issu d’une famille sportive, avec notamment une petite sœur, Clémence, double médaillée de bronze aux championnats du monde en half-pipe et finaliste des JO de Sotchi, Benjamin ne s’est intéressé que sur le tard à cette discipline, qualifiée de “sport de galérien” par son père, pratiquant assidu. “Il m’a toujours dit qu’avec le golf, il n’y avait pas de juste milieu, soit tu n’aimes pas, soit tu deviens accro.” À juste titre.
“Sport de galérien”
Après s’être essayé plus jeune au tennis, au hockey sur roller (dont il sera champion de France), puis au rugby (Crabos au Stade aurillacois), Benjamin va rapidement devenir addict au green. “Pendant trois, quatre ans, je ne me rappelle pas avoir passé un jour sans taper une balle et quand je ne venais pas au golf, j’avais installé à la maison (à Maurs), un filet, un tapis... Avec mes frères, on créait des mini-parcours et on tapait avec des balles en mousse”, se rappelle, amusé, Benjamin.
Son bac général en poche, le jeune homme se fait un devoir de perpétuer la lignée familiale avec des grands-parents, un père, un cousin... dentistes, il se lance à corps perdu dans des études à la fac de médecine, travaille d’arrache-pied jusqu’à perdre pied justement. “Je bossais, je bouffais et je galérais...” Il prend 25 kilos, redouble sa première année, entame une seconde avant d’y mettre un terme. “Je me suis dit que ce n’était pas là ma place.”
Sa voie, c’est un club à la main qu’il entend désormais la tracer avec pour ambition de devenir golfeur professionnel, du jamais vu dans le Cantal. Mais il lui faut assurer ses arrières avant d’envisager une telle carrière. Son diplôme d’enseignant de golf décroché haut la main au Creps de Vichy, c’est le hasard des rencontres mais surtout un travail acharné qui vont lui ouvrir les portes des circuits internationaux.
Entouré d’un premier coach, il s’essaie à deux premiers tournois du Pro Golf Tour, un circuit européen satellite tourné vers l’Europe de l’Est, équivalant d’une 3e division.
Ascension européenne
Le Cantalien natif de Figeac se classe en milieu tableau, de quoi l’encourager à persévérer. “L’hiver qui suit, je me suis entraîné comme un fou furieux, ici à Sansac, épaulé par un Aurillacois, Jean Tomassian.” Le travail paie, il termine 15e sur 200 des phases finales d’accès au Pro Golf Tour et devient officiellement joueur professionnel.
Exaltant mais aussi déroutant car s’il joue bien, Benjamin Grimal n’a pas les codes de cet univers professionnel. Débute pour lui sa première saison chez les pros avec une ouverture de circuit en Égypte. Très vite, il doit aussi prendre son bâton de pèlerin pour trouver des sponsors pour une discipline pas si dorée que la presse sportive voire people le laisse à penser (lire ci-contre). Cette première saison va cependant vite tourner court : après quelques tournois et de “gros caramels”, le Français est contraint à l’abandon sur blessure, un œdeme osseux des articulations sacro-illiaques.
Benjamin change son fusil d’épaule et de coach et se tourne vers un spécialiste de biomécanique, Guillaume Biaujeaud. Une rencontre décisive avec celui qui décline alors la succursale européenne de l’académie US de golf Altus Performance et qui permet à Benjamin Grimal de suivre un stage à Dallas avec les meilleurs joueurs du circuit mondial. “Ça a été une expérience folle, un vrai virage dans ma carrière qui m’a donné autant de repères que de légitimité”, confie ce dernier.
Le déclic opère tant et si bien que la saison suivante, de retour en Égypte, Benjamin Grimal est en tête du premier tour du tournoi sur un circuit particulièrement ardu. La pression est cependant telle que le lendemain, malgré les acquis de sa préparation mentale, il dégringole au classement... 41e. Une déconvenue que le compétiteur aura du mal à digérer mais qui va lui servir d’expérience formatrice.
Touché mais pas coulé
Arrive janvier 2020, avec Alain Alberti, une référence tricolore et internationale comme nouveau coach, l’Auvergnat entend bien viser plus haut. Élan stoppé net par le Covid qui le contraint à un confinement cantalien. La reprise se fait début 2021 sans que Benjamin se doute de l’épée de Damoclès qui le menace. Il met ses premiers signes d’essoufflement sur le compte du coronavirus. Le diagnostic va s’avérer tout autre : embolies pulmonaires bilatérales, les vaisseaux de ses poumons sont obstrués de caillots. Le jeune homme échappe de peu au pire mais va subir pas moins de dix opérations cœur-poumon dans les mois qui suivent.
Cette nouvelle saison blanche aurait pu être fatale à sa carrière, mais “ça m’a permis de faire reset...” Le voilà, tel un phénix, de retour sur le circuit de l’Alps Tour en 2022 et 2023 avec des résultats “honorables” sans écarter l’ambition d’accéder à la première division. “J’espère continuer à profiter encore de ma carrière, confie-t-il avant de repartir en tournoi. Plus le temps passe, plus je me dis que c’est un privilège...”
Et plus Benjamin passe de temps au golf de Haute-Auvergne où il souhaite aujourd’hui mettre son expérience et sa passion au profit de l’essor de cette infrastructure - trop peu connue et reconnue à son goût - et dont il ne cesse de louer la qualité. “Grâce au golf de Haute Auvergne, j’ai la chance de pouvoir passer plus de temps en France contrairement aux autres joueurs français contraints de s’expatrier pour s’entraîner faute d’infrastructures”, se félicite celui qui en est devenu un ambassadeur tout comme il pourrait légitimement prétendre être celui du sport cantalien.