Aux origines du savon de Marseille
Largement plébiscité en ces temps où le lavage des mains est la première des mesures barrières, le savon de Marseille a traversé le temps. Souvent copié mais jamais égalé, il reste un indispensable de nos foyers. À Marseille, le musée qui lui est dédié retrace son histoire.
Aux origines du savon de Marseille, il y a d’abord le savon tout court dont les recettes auraient été délivrées sur des papyrus par les Égyptiens. Plus loin encore, 2 000 ans avant JC, des tablettes d’argile écrites en Sumérien mentionnaient l’utilisation d’une sorte de « pâte de savon » pour préparer la laine avant teinture en Mésopotamie. Si les Gaulois ont été les premiers à démarrer intentionnellement la fabrication de savon dur, à base de suif de chèvre et de la potasse de cendres de hêtre, c’est dans le bassin méditerranéen que va très rapidement se développer la savonnerie. En effet, la Syrie voit naître le fameux savon d’Alep composé d’huile d’olive et d’huile de baies de laurier, de sel, de soude et d’eau. Lors des croisades, le savon d’Alep, l’ancêtre du savon de Marseille, arrive sur les côtes marseillaises : le savon de Marseille est né. À partir du xiie siècle, les premières savonneries apparaissent tout d’abord à Toulon puis à Marseille. Au xvie et xviie siècle, l’industrie se développe et s’organise grâce notamment à l’Edit de Colbert qui en 1688, réglemente la fabrication du savon de Marseille et protège les savonneries marseillaises au détriment des toulonnaises. Le texte précise la composition du produit en mettant en avant les matières premières locales : l’huile d’olive pure provenant de Provence ainsi que le sel et la soude directement acheminés de Camargue. Colbert interdit formellement le suif. En effet, le suif compromet la qualité du savon et abîme le linge. Or, à l’époque, le savon de Marseille était essentiellement utilisé par les blanchisseuses et lavandières de métier pour la blanchisserie.