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Une année 2024 en demi-teinte et des questions sur le futur de l’apiculture

Samedi 22 mars a eu lieu l’assemblée générale du syndicat apicole, Lozère Terre de miel, à la chambre d’agriculture. De nombreux sujets d’actualité ont été mis sur la table, en présence de la maire de Mende Régine Bourgade, du président du conseil départemental Laurent Suau et du préfet Gilles Quénéhervé.
 

David Blanc, président du syndicat apicole
David Blanc, président du syndicat apicole
© Marion Ghibaudo

Entre varroa, menace du frelon asiatique et temps (trop) pluvieux, les inquiétudes sont nombreuses pour le syndicat apicole de Lozère qui tenait son assemblée générale samedi 22 mars à la chambre d’agriculture de Mende. Selon son président, David Blanc, l’année 2024 ne s’est pas achevée sur une note positive pour les apiculteurs lozériens, et le printemps 2025, « très pluvieux », n’est pas pour les rassurer.
« 2024 a été moyenne à mauvaise, et pour les productions les plus hautes, 20 à 25 kilos de miel ont été récoltés, en moyenne », a souligné le président du syndicat apicole. Ajoutons à cela d’importantes pertes parmi les colonies du département lors de l’hiver 2024, « de 25 à 30 % » selon les estimations du syndicat. Des mortalités analysées comme multi-critères, mais la pression du varroa s’est accentuée cette dernière année.
Et superposons, enfin, un hiver 2024-2025 où la météo a été mauvaise, « entraînant des affaiblissements de colonies », ainsi qu’un printemps pluvieux et la préoccupation des apiculteurs lozériens n’est pas près de s’apaiser.
Cependant, tout n’est pas noir dans ce tableau, ce que David Blanc a souligné : « des ruchers-écoles qui fonctionnent bien », globalement ; et « un concours des miels de France où neuf Lozériens ont reçu une médaille ». Des miels qui, par ailleurs, avaient déjà été primés lors du concours des miels départementaux qui s’est déroulé à l’Esat de Laval-Atger. « Nos jurys ont le palais affûté », a noté le président sous les rires de la salle. En 2025, a par ailleurs annoncé ce dernier, « le concours des miels de Lozère aura lieu à Mende ».
Régine Bourgade, maire de Mende, a salué le travail de la matinée et affirmé l’engagement de la commune envers les abeilles : « chaque année, sont organisées des journées de sensibilisation à l’apiculture et l’environnement pour nos élèves ». Quant au préfet Quénehervé, il a relevé « la quête d’excellence de la filière », une recherche qui ne peut que résonner avec son parcours de sportif de haut niveau. « Les fléaux qui sont les vôtres doivent être combattus, votre filière le mérite », a-t-il fait valoir.

Des projets pour l’année en cours

Malgré les mauvaises nouvelles, le syndicat se veut dynamique et souhaite lancer différents projets en 2025 dont une collaboration renforcée avec la marque De Lozère. Une marque qui privilégie et fait la promotion des produits fabriqués ou récoltés et conditionnés uniquement dans le département, selon un cahier des charges spécifiques. 
« L’idée qu’on nous a soumis serait d’utiliser des miels De Lozère dans des recettes sucrées et salées, imaginées pour la restauration collective du département ». Une initiative saluée par Laurent Suau, président du conseil départemental et qui assistait à sa première assemblée générale apicole. Parmi les autres idées promotionnelles soumises à l’assemblée ce matin-là : l’idée de poser des ruches (vides) aux ronds-points principaux de la Lozère pour rappeler à tous les conducteurs, qu’ils soient locaux ou de passage, l’importance de l’apiculture dans le département. Un projet en lien avec l’idée émise par Laurent Suau de privilégier des talus plantés de plantes mellifères dans le département.

Des sujets nationaux d’importance

Si l’actualité départementale a de l’importance, le national aussi. Et la loi récemment votée pour lutter contre le frelon asiatique a été saluée par les apiculteurs comme « une première étape ». « C’est une loi qui a été adoptée à l’unanimité par le Sénat et l’Assemblée, il faut le souligner », a expliqué Henri Clément, ancien président du syndicat départemental et porte-parole de l’Unaf. « C’est désormais une vraie prise en compte du problème, pour une lutte coordonnée contre le frelon asiatique. Même si les pouvoirs publics ont fait l’autruche pendant vingt ans » a-t-il grincé. Rappelant que le frelon asiatique s’attaque autant aux ruches qu’aux fruits, créant de gros dommages dans la filière apicole et maraîchère. L’avancée majeure, selon Henri Clément, c’est surtout la possibilité pour les préfets d’adapter la lutte en fonction des territoires. Le porte-parole de l’Unaf a rappelé que « le piégeage de printemps est le plus efficace ».
Désormais, sont attendus les décrets d’application pour transformer l’essai de manière concrète. « Surtout que deux autres menaces ont fait leur apparition : vespa soror (ou frelon géant) en Espagne, et vespa orientalis à Marseille. Deux frelons dont la taille dépasse celle du frelon asiatique, notamment. « Espérons que la lutte se mette plus rapidement en place », a noté Henri Clément.

 

GDSA
« Des mortalités élevées et des colonies faibles »
À la suite de l’assemblée générale du syndicat apicole, c’est le GDSA qui a tenu son assemblée générale. Si le constat des mortalités élevées et des colonies faibles rejoint les impressions de terrain des apiculteurs lozériens, le GDSA s’est penché sur les critères qui peuvent expliquer cet état de fait. Le GDSA s’occupe de près de 15 000 colonies en Lozère, pour 242 adhérents ; le nombre total de colonies déclarées en Lozère avoisine les 20 000.
En plus des mortalités élevées et des colonies faibles, un dépeuplement rapide de belles colonies a été constaté en début d’hiver. Parmi les explications avancées par son président, Philippe Clément : « le varroa et le stress dû au frelon asiatique ».
La monothérapie, c’est fini
La lutte contre le varroa, pour qu’elle reste efficace, doit être bien gérée, a rappelé Philippe Clément. Des résistances aux molécules historiques commencent à se faire jour dans la lutte contre le varroa. Et pour lutter contre cet état de fait, peu de choses à faire à part alterner les molécules utilisées pour éviter cet effet d’accoutumance du varroa. « Et surtout, ne pas laisser les bandelettes toute l’année ». Il est préconisé de les laisser 12 à 14 semaines maximum. « Nous utilisons le retraitement des lanières usagées, et je tiens à vous féliciter, a salué le président du GDSA, car la Lozère est leader sur ce programme ».
En 2024, cinq exploitations ont été suivies en Lozère pour accumuler des données sur les infestations de varroa, et les premiers résultats sont attendus dès cet automne.
Omaa, un outil au service des apiculteurs
L’observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille mellifère (Omaa) a été mis en place fin 2017 en région Bretagne et Pays de la Loire, puis en 2019 en région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre d’une phase expérimentale. En 2023, le déploiement s’est poursuivi dans cinq nouvelles régions dont l’Occitanie. Cet observatoire, financé par l’État et élaboré avec l’appui de la plateforme ESA, vise à simplifier et standardiser la procédure de déclaration et de réponse fournie aux apiculteurs lorsque des événements de santé sont observés dans les ruchers. Un guichet unique régional a ainsi été mis en place pour l’ensemble des troubles avec un numéro d’appel*. « Il ne faut pas hésiter à appeler la plateforme, même en cas de doute », ont souligné Philippe Clément et Benjamin Gonella, vétérinaire conseil auprès du GDSA. Cette plateforme fonctionne très bien dans la région, « avec une vraie implication des vétérinaires ». En 2024, selon les chiffres de la plateforme, il y a eu 140 déclarations en Occitanie, et huit en Lozère ; 60 ont débouché sur des enquêtes en Région et trois dans le département. « La prise en charge se fait à 100 % pour les analyses et le diagnostic, c’est vraiment un outil important pour les apiculteurs, et accumuler des données qui nous serviront à mieux gérer le sanitaire ».
*En Occitanie, le numéro d’Omaa est le 05 31 60 91 91

 

Des Maec apicoles en baisse ?

La Maec API est une aide venant en contrepartie d’une conduite apicole favorable à la biodiversité et dans laquelle l’apiculteur s’engage au moins pour une année. Le plancher du nombre de ruches pour être éligible est établi à 72, avec un plafond à 450 ruches.
Pour 2025, le montant de l’aide s’élève à 20 € par ruche, contre 21 € en 2024. Si la baisse du chiffre brut peut faire grincer des dents, dans le détail, les apiculteurs peuvent y gagner vu que le financement de l’aide se fait par palier de dix ruches. « Si, par exemple, vous déclarez 82 ruches, 90 seront prises en compte ». C’est toujours le palier supérieur qui sera comptabilisé, selon les informations fournies.
Attention, cependant, un changement majeur est à signaler cette année, puisque la Région prend la main sur la gestion de ces financements. Il faut bien, dans les dossiers Télépac à remplir impérativement avant le 15 mai, cocher la case Maec Api, pour ceux qui sont engagés dedans. 
Mais le dossier correspondant aux Maec doit être ensuite traité avec la Région et déposé sur leur site.
Pour toute question ou besoin d’accompagnement, David Folcher, chambre d’agriculture de Lozère, est là pour y répondre au 04 66 65 62 00.
 

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