Au bord de la rupture
Un volet complémentaire au plan de soutien de l'élevage adopté le 3 septembre ne suffit pas. Le dialogue entre la FNSEA et le ministre de l'Agriculture est au bord de la rupture. Enjeu numéro un, au-delà des mesures de crise dont la FNSEA prend acte : le règlement de problèmes structurels, faute de quoi « on risque simplement d'aller de plan en plan », selon Xavier Beulin, le président du syndicat majoritaire.
Ce n'est pas dans les traditions syndicales du réseau FNSEA. Pourtant, la FRSEA de Bretagne a décidé de ne pas participer à une importante table ronde en Bretagne qui devait aborder, le 28 janvier, la crise porcine et surtout trouver des solutions. De fait, la tension est montée d'un cran entre le syndicat et le ministre de l'Agriculture. La faute à la crise qui perdure, s'intensifie pour les éleveurs et s'étend à d'autres agriculteurs, comme aux céréaliers dans les zones intermédiaires ou aux producteurs de fruits et légumes, victimes d'un hiver trop doux, comme l'explique Xavier Beulin. Des réunions avec les pouvoirs publics, il y en a « mais elles débouchent sur des espoirs vite déçus pour les agriculteurs, regrette le président de la FNSEA. Depuis trop longtemps nous avons participé à ces tables rondes et on a été loyaux. On ne veut plus de ces grands-messes ».
Nouvelle série de mesures
Le ministre de l'Agriculture a annoncé une nouvelle série de mesures pour compléter celles du 3 septembre. Pour le plan de soutien aux éleveurs, 125 millions d'euros supplémentaires sont prévus dont 50 millions pour le fonds d'allégement des charges, cinquante autres pour la prise en charge des cotisations MSA et 25 autres pour prolonger les années blanches sur l'endettement jusqu'au 30 juin 2016. Le ministre a également annoncé que 130 millions d'euros serviront à indemniser les éleveurs et accouveurs du grand Sud-Ouest pour compenser les pertes de revenu provoquées par la mise en place du plan de lutte contre la grippe aviaire. En outre, 35 millions d'euros serviront à indemniser les éleveurs et les commerçants en bestiaux touchés par le blocage des animaux suite à la résurgence de la FCO. La FNSEA présente des chiffres plus modestes que le milliard évoqué : 290 millions d'euros s'ajoutant aux 700 millions du mois de septembre. Selon les syndicalistes, la vraie enveloppe mise en oeuvre serait de 400 millions (dont 63 venant de l'Union européenne) sur lesquels 187 millions ont été perçus par les agriculteurs. Pour beaucoup, ces sommes arrivent trop tard, elles ne suffisent plus à rembourser les dettes. La FNSEA n'est d'ailleurs pas avare de reproches quand il s'agit de faire le bilan de l'action du gouvernement. Y compris à l'encontre du Premier ministre Manuel Valls, qui s'était récemment mis en avant dans le secteur agricole en intervenant lors du dernier congrès de la FNSEA et en faisant l'annonce du premier plan de soutien.
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 4 février 2016, numéro 1345.
Le plan de soutien complémentaire
Le plan adopté par le gouvernement et présenté le 26 janvier par Stéphane Le Foll comprend quatre volets.
? L'indemnisation des victimes de la grippe aviaire
Les pertes de revenus dues à la mise en oeuvre du plan de lutte contre la grippe aviaire seront indemnisées. Un budget de 130 millions d'euros y est consacré pour les éleveurs et accouveurs du grand Sud-Ouest, notamment pour compenser les effets du vide sanitaire indispensable. Des indemnisations complémentaires pour les autres entreprises sont envisagées. Des dispositifs d'activité partielle et d'aides à la formation professionnelle seront proposés aux employés dans le cas où leur activité est ralentie. L'État soutiendra les investissements qui se révéleront nécessaires à hauteur de 220 millions.
? L'indemnisation des exploitants touchés par la FCO
Trente et un millions d'euros serviront à indemniser les éleveurs du grand bassin allaitant dont les animaux ont été bloqués du fait de la FCO. Les commerçants en bestiaux seront indemnisés sur un budget de 4 millions d'euros.
? Indemnisation des éleveurs touchés par la sécheresse
Vingt-deux départements ont été reconnus en situation de calamité agricole, une mission d'expertise va se rendre dans les zones non encore reconnues et un nouveau bilan sera fait fin février.
? Le plan de soutien du 3 septembre reçoit des fonds complémentaires à hauteur de 125 millions d'euros. Des avances de trésorerie seront mises en place en avril notamment dans l'attente du versement des Maec.