Alimentation durable : une prise de conscience collective
L'alimentation durable est une alimentation accessible à tous, positive pour la santé et l'environnement, qui permet aux agriculteurs et aux entreprises du territoire de vivre de leur travail. Défi d'avenir, elle mobilise aujourd'hui autant les pouvoirs publics que les citoyens.
Le temps où les enjeux liés à l'alimentation étaient relégués au second plan semble appartenir au passé. Désormais, les collectivités territoriales sont les premières à porter le combat d'une alimentation plus durable. La métropole de Lyon, qui s'est dotée en juillet 2020 d'une délégation à l'alimentation et à l'agriculture, fait partie des plus actives. « La collectivité gère plus de 80 collèges, soit 24 000 repas servis quotidiennement dans les cantines. À travers nos commandes publiques, nous voulons proposer à nos collégiens un repas durable avec une part d'agriculture biologique plus importante. Un double enjeu se présente à nous : agir sur l'accessibilité et structurer la production agricole locale dans un périmètre de 50 km », confie Jérémy Camus, vice-président délégué à l'agriculture, à l'alimentation et à la résilience du territoire.
Redonner du sens au monde paysan
Avec 24 000 ha d'espaces naturels et agricoles, la Métropole de Lyon présente un potentiel immense. Pourtant comme de nombreux territoires, elle fonctionne encore largement en circuits longs. Car parler de repas durable interroge directement l'approvisionnement des produits alimentaires. « 70 % de l'offre alimentaire est vendue en grandes surfaces mais les consommateurs sont loin de savoir ce qu'il se passe avant leur acte d'achat. Derrière ces enseignes se trouvent 18 000 entreprises et 400 000 agriculteurs. Ce système extrêmement complexe, en relation avec d'autres systèmes à l'échelle planétaire, a été constitué après la Seconde Guerre mondiale à une époque de pénurie alimentaire », raconte Carole Chizoule, enseignante-chercheuse à l'Isara, école d'ingénieurs agronome basée à Lyon. Ce système alimentaire pose aujourd'hui plusieurs problèmes : dégradations environnementales, spécialisation des bassins de consommation, questionnement sur le bien-être animal, inégalités économiques et sociales, pertes de biodiversité ou encore opacité informationnelle. « Nous avons une équation difficile à résoudre : fournir des aliments de qualité, pas trop chers pour que tout le monde y ait accès, et garder nos entreprises sur nos territoires en les accompagnant pour qu'elles aillent vers des pratiques plus durables », poursuit l'enseignante.