Agriculture de conservation : la preuve par trois
Les agriculteurs bourbonnais étaient invités, jeudi 8 décembre dernier, à venir s’informer et échanger autour du thème « grandes cultures : stratégie d’avenir ».







Avant d’être présidente de la Bourse Nuffield (1), co-fondatrice de l’association Clé de sol (2) et conférencière intervenante dans la France entière ... Sarah Singla est aussi et surtout agricultrice dans l’Aveyron. Et c’est de sa ferme qu’elle tire tous les enseignements qu’elle distille a qui veut bien les entendre. A l’occasion de la Journée grandes cultures, organisée par la Chambre d’agriculture, jeudi 8 décembre dernier à Lusigny, la professionnelle présentait sa vision de « l’agriculture de conservation ».
Une vie souterraine insoupçonnée
La céréalière aime se qualifier, elle aussi, d'éleveuse car « quand on regarde de près ce qu’il y a sous nos pieds », le sol est occupé de nombreux habitants. Comme une leçon d’humilité, Sarah Singla rappelle « qu’on ne connait que 0,1% de la vie du sol ». Une connaissance infinitésimale de ce qui se passe sous ses pieds que l’agricultrice entend exploiter à fond : « Aucun outil métallique ne peut s’enfoncer aussi profondément que les vers de terre ... »
Les trois piliers de l’agriculture de conservation
Devant les agriculteurs venus l’écouter, elle expose son « sytème global » composé, non seulement, de semis directs mais aussi de rotations et de couverts végétales : « Ce sont les trois piliers de l’agriculture de conservation ».
Le semis direct permettra d’abord des économies significatives comme le gasoil ou la main d’œuvre. Il permettra globalement « d'améliorer les performances économiques en réduisant les coûts de production ». L’instauration d’un couvert végétal sera là pour protéger le sol des hautes températures et de l’impact des gouttes de pluie. Pour convaincre de la pertinence de la réflexion, la céréalière change de bord : « Pourquoi acheter de la semence je ne vais pas récolter ? Parce que même si on ne récolte pas le couvert en lui-même, il sert à structurer le sol et, à termes, à augmenter les rendements. Les couverts végétaux ne sont pas un coût mais un investissement ». Pour un couvert végétal optimum, elle conseille au moins trois espèces : des graminées, une légumineuse pour capter l’azote et une crucifère pour drainer l’eau. Enfin, pas de recette miracle pour les rotations, cependant la conférencière conseille de « bâtir sa rotation pour limiter les mauvaises herbes ». Elle cite en exemple une rotation type 2/2 alternant deux cultures d’hiver et deux cultures de printemps ainsi que deux dicotes et deux graminées.
Envie et créativité
Elle l’assure, ce tiercé gagnant est la base de l’agriculture de conservation : « A partir de là, on ne travaille pas moins, on travaille différemment. On ne passe plus trois heures sur son tracteur, on y passe une heure et les deux autres heures, on les prend pour observer et se former ». Dernier petit ingrédient et pas des moindres : « l’enthousiasme, le sens du métier et la créativité ».
(1) La Bourse Nuffield a pour objectif de permettre, grâce à une bourse, aux agriculteurs sélectionnés d’aller chercher, partout dans le monde, les meilleures idées et les meilleures techniques.
(2) L’association Clé de sol vise à créer un lieu d’échange et d’information sur le semis direct sous couverture végétale et toutes les techniques favorisant la restauration et la régénération des sols.