Agriculteur cherche logement
Dans le Luberon comme ailleurs, la location aux touristes via Airbnb et la vogue des résidences secondaires, amplifiée par le télétravail, rendent l'immobilier inaccessible aux petits salaires. Vignerons, maraîchers et restaurateurs peinent à loger leurs employés.
Où habiter ? La question est nouvelle car, depuis toujours, l'agriculteur vit dans sa ferme et héberge ses saisonniers, de même que le directeur des PTT logeait dans son appartement de fonction et l'instituteur à l'étage de l'école communale. Or l'épidémie de Covid a renforcé l'installation de citadins aisés à la campagne, dans des territoires attractifs tels le Luberon, situé entre vallée du Rhône et Provence. Christian Ruffinatto est maire de Ménerbes, un millier d'âmes : « Une petite maison de village se vend 350 000 EUR, un mas de 3 à 5 millions d'euros et les villas haut de gamme se louent jusqu'à 12 500 EUR la semaine ! Les enfants du pays ne peuvent plus habiter ici. » Vigneron sur 12 ha, Christian Ruffinatto vendange à la main et héberge ses saisonniers dans une demeure de famille qui, bientôt, ne sera plus disponible. Bien sûr, il apprécie cette valorisation du territoire, les emplois créés dans l'artisanat pour la rénovation et l'entretien des propriétés, chez les paysagistes et jardiniers, les conciergeries, la gastronomie... « Mais les restaurants trouvent difficilement du personnel, tellement les loyers sont élevés. » L'immobilier limite la « théorie du ruissellement » des richesses. « À Cassis, la Poste doit loger ses facteurs ! » Sous l'impulsion du maire, la municipalité de Ménerbes aménage des appartements abordables dans le village.