70 ans de syndicalisme
À l’occasion de son 70e anniversaire, la FDSEA de la Creuse a tenu son congrès au Casino d’Évaux-les-Bains. Le thème à l’honneur cette année, « Agriculture et changement climatique : quelles incidences ? » prouve encore une fois l’amour que portent les agriculteurs à leur métier. Il n’est jamais trop tôt pour réfléchir et trouver des solutions pour notre monde de demain.
Pour l’occasion, le syndicat a organisé une conférence autour de ce thème, animée par Vincent Caillez et Pascal Devars, respectivement climatologue et technicien à la chambre d’Agriculture de la Creuse.
Pascal Lerousseau, président de la FDSEA, est revenu sur une année 2015 « particulièrement compliquée et chargée ». Tout au long de l’année, les agriculteurs se sont mobilisés pour faire entendre leur voix. « Nous avons bloqué des abattoirs, mené des actions dans les grandes surfaces et sur les routes, notamment lors des blocages de l’A20 et de la N145. Sans oublier la sécheresse qui a frappé de plein fouet notre département, et qui vient s’ajouter à l’inexistence de prix rémunérateur. Et, quelques jours avant le sommet de l’élevage, la FCO s’est invitée sur nos exploitations. » De quoi faire grandir l’inquiétude dans les campagnes. « Nos cris ne sont pas entendus ! » martèle le président. C’est pourquoi la FDSEA ne relâche pas ses efforts, et continuera, encore et encore, de défendre l’intérêt de tous.
Et le changement climatique dans tout ça ?
Réchauffement climatique, précipitations, sécheresse… Autant de sujets à aborder afin de prévoir au mieux l’évolution de notre climat et les conséquences sur les exploitations creusoises. Vincent Caillez explique : « Pour envisager les changements qui pourront se produire, nous prenons appui sur des choses à peu près récurrentes qui reviennent environ tous les 10 ans. Cela nous permet d’évaluer les risques qui vont augmenter et ceux qui vont diminuer. Le but est d’anticiper la mouvance de ces risques. »
De son côté, Pascal Devars explique que les travaux menés par l’INRA1 n’aboutissent en aucun cas à une baisse de la production. C’est la répartition qui va être différente, avec des démarrages de récolte qui auront lieu plus tôt. La question de la faisabilité se pose alors. Est-ce qu’une récolte plus précoce est réalisable ? « Tout est faisable. Il faudra ensiler sur des délais plus courts. La production d’herbe va augmenter à l’automne, il va donc falloir aller chercher cette production-là. »
Sera-t-il plus difficile d’être agriculteur en 2040 qu’aujourd’hui ?
Pascal Devars amorce un début de réponse : « Plus difficile, je ne sais pas. Plus technique, c’est une certitude. La capacité d’adaptation des agriculteurs sera leur plus grande arme. » Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA continue en affirmant que « l’agriculture est en train de changer, notre métier est en train de changer. Il faudrait qu’on nous laisse le droit de travailler, on s’adapterait beaucoup plus facilement aux changements climatiques. » Cette intervention amène naturellement le sujet des retenues d’eau. Aussi bien les élus que les exploitants agricoles, tous sont unanimes. Ils sont d’accord pour dire qu’il va falloir trouver des solutions, que ce soit par les retenues d’eau, créées ou existantes, pour abreuver les bêtes ou encore mettre en place des systèmes d’irrigation. Jean-Marie Colon, président de JA23, enfonce le clou en affirmant « qu’on ne va pas avoir le choix, c’est LA solution pour que nous, agriculteurs, restions autonomes. »
Situation du secteur agricole
Pour Christiane Lambert, 1re vice-présidente de la FNSEA, « la capacité d’adaptation et l’effort continu des exploitants agricoles ne sont plus à prouver. En effet, le secteur agricole a diminué de 22 % ses émissions de gaz à effet de serre, en seulement 12 ans. L’agriculture en est le 3e secteur émetteur, derrière le transport et l’industrie. C’est la preuve indéniable de la bonne volonté de la profession agricole. Malgré la crise difficile, beaucoup d’agriculteurs y croient et sont conscients qu’il va falloir investir sur l’équipement pour s’adapter justement aux nouvelles conditions climatiques. Mais pas seulement, puisque les bâtiments d’élevage sont également concernés afin de réduire au maximum la consommation d’énergie. Les sujets ne manquent pas et le secteur agricole a besoin, plus que jamais, d’acteurs engagés. »
« Nous souhaitons avoir une agriculture moins bridée afin d’espérer pouvoir passer de 3 500 exploitants à 5 000 ou 6 000 sur notre département, avec une économie réelle, de l’agro-industrie et du plein-emploi. C’est pourquoi je propose que la Creuse devienne un département pilote pour faire des essais » a proposé Pascal Lerousseau en conclusion de son intervention.
70 ans, ça se fête !
Malgré cette actualité riche, la FDSEA n’a tout de même pas oublié son anniversaire. Un petit film a été diffusé pour rappeler l’historique du syndicat et ses multiples combats. Une célébration a également été organisée en l’honneur des anciens administrateurs de la FDSEA. Plusieurs d’entre eux ont reçu une plaque anniversaire en remerciement pour toutes les actions qu’ils ont pu mener au sein du syndicat.
Enfin, pour clôturer cette journée riche en échanges et en émotions, les participants ont pu assister à un spectacle-cabaret lors d’un dîner servi dans le casino.
1. Institut national de la recherche agronomique