330 euros en moyenne sur 2009, sinon...
FDSEA et JA ont lancé aux entreprises un ultimatum qui expirait hier soir. Sans réponse satisfaisante sur un prix du lait “correct”, les syndicats passeront à des actions dures.
Finies les opérations de protestation “courtoises” et les blocages d’usine le temps d’une journée. Si hier soir les responsables des entreprises laitières collectant dans le Cantal, “visités” par les responsables du réseau FDSEA et JA, ne s’étaient pas engagés sur un prix moyen de 330 euros/1 000 litres sur l’année 2009, les deux syndicats ont promis “des actions extrêment dures et ciblées” en début de semaine prochaine, sans en dévoiler la nature. Mercredi soir 200 délégués des deux réseaux syndicaux réunis à Laveissière ont donc acté la stratégie du bras de fer en réponse à un prix du lait annoncé à 20 cts d’euros le litre pour le mois d’avril. “Il faut aujourd’hui cinq litres de lait pour payer un café au bar”, image Patrick Escure, président de la FDSEA. Une situation devenue intolérable pour le responsable syndical et l’ensemble des producteurs de lait cantaliens “surtout quand on connaît l’investissement et les contraintes liées à l’élevage laitier, sans compter les sacrifices familiaux”, poursuit P. Escure, lui-même à la tête d’un troupeau laitier.
La responsabilité de drames sociaux à venir
“À 200 e les 1000 litres, même les producteurs en rythme de croisière ne savent plus faire, alors imaginez les jeunes récemment installés, fulmine Nicolas Bardy, secrétaire général des JA. En moyenne un jeune qui vient de se lancer doit rembourser entre 1 000 e et 2 000 e d’annuités mensuelles ; à ce prix-là il perd en plus 2 000 e par mois.” “C’est comme si un salarié n’était pas payé et qu’en plus il fallait qu’il verse l’équivalent de son salaire à son patron”, enchaîne Julien Fau qui met en garde contre un effet domino dévastateur pour toute l’économie cantalienne, compte tenu notamment du nombre d’emplois dans l’industrie fromagère. “Irresponsables”, “provocatrices”... : les syndicalistes ne manquent pas de qualificatifs à l’égard des entreprises laitières qui selon Patrick Bénézit de la FDSEA sont, pour certaines, “en train de se refaire une santé et pour d’autres d’engendrer des bénéfices sur le dos des producteurs de montagne.” Pour Chantal Cor, responsable de la section laitière, c’est sûr : “Les entreprises jouent sur le fait qu’on est dans une région inconvertible, considérant que sur les 2 500 producteurs actuels, il en restera bien toujours 1 500 demain”. Un pari dont se passeraient bien les producteurs qui jouent eux rien moins que leur revenu, leur outil de production et leurs capitaux propres.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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