168 heures pour obtenir de premières négociations
Hier matin, les producteurs entamaient leur huitième jour de mobilisation à l’usine Lactalis tandis que des discussions entamées la veille se poursuivaient en préfecture.

“On n’a pas fait tout ça pour s’arrêter maintenant”. Après plus de sept jours de mobilisation sur le site industriel du groupe Lactalis de Riom-es-Montagnes, la détermination des producteurs ne semblait lundi pas prête de s’éteindre. Pourtant certains craignaient que les orages et la pluie de la fin de semaine ne démoralisent les troupes. Las, l’humidité et le froid n’y ont rien fait. Et le moral des producteurs de la FDSEA et des JA semblait même renaître avec l’ouverture spontanée d’un nouveau front au sud du département cette fois avec le blocage depuis vendredi matin des sorties des fromages de garde à l’usine LFO de Saint-Mamet. “Jamais on aurait cru en arriver là” : Éric Seince jette depuis plus d’une semaine son lait à la fosse. “Je ne suis plus collecté depuis le 31 mai. Le lundi, Lactalis n’a pas fait sortir de camions avant même le départ de la mobilisation des producteurs”, avance le producteur de Saignes qui a fait passer un huissier afin de constater “que mon tank était plein”. Un cas loin d’être isolé ; la FDSEA ayant recensé à ce jour plus de 240 producteurs en arrêt de collecte.
“Double provocation”
Une première ordonnance a été déposée vendredi soir - pour 41 d’entre eux - qui oblige l’entreprise Lactalis à reprendre sa collecte, sous peine d’une astreinte de 15 000 euros par infraction. Robert Coursolle est lui producteur sur Marcenat en zone saint-nectaire : “Mon lait est transformé sur Allanche. Que je sache, l’usine de là-haut n’est pas bloquée et pourtant, Lactalis ne m’a pas collecté non plus.” Lui parle d’une double provocation : celle du prix appliqué par le groupe de Laval et ce “chantage à la collecte”. À une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau, le message était le même : “3A essaie de remonter les producteurs contre nous en ne les collectant plus, mais c’est l’inverse qui se passe”, expliquait lundi Jean-Louis Bruel dont l’équipe cantonale de Saint-Mamet avait été rejointe dimanche par des producteurs de l’Aveyron et du Lot. Et si vendredi, puis lundi, les rumeurs d’une réunion de l’interprofession régionale laissaient espérer les prémices de discussions, seule l’intervention du préfet a obligé Lactalis et 3A à venir à la table des négociations lundi soir. En vain, puisque selon le président de la FDSEA les entreprises se sont “arc-boutées dès qu’on a évoqué la question du prix du lait”. Le syndicat décidait néanmoins de mettre fin à son action sur le site LFO “compte tenu des difficultés financières avancées par 3A”. Une nouvelle et dernière rencontre était prévue mardi matin en préfecture.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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