Agriculture et durabilité : comment contourner les obstacles à l’application des avancées scientifiques ?
L’Opecst a auditionné des scientifiques afin d’identifier les obstacles à la mise en application des avancées scientifiques pour l’agriculture française. Dans ses conclusions présentées le 9 avril, l’organe parlementaire plaide pour plus de durabilité, et recommande des pistes d’évolution.
L’Opecst a auditionné des scientifiques afin d’identifier les obstacles à la mise en application des avancées scientifiques pour l’agriculture française. Dans ses conclusions présentées le 9 avril, l’organe parlementaire plaide pour plus de durabilité, et recommande des pistes d’évolution.

Fin février, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst) a auditionné 9 scientifiques, en vue d’identifier les « apports de la science » pour une agriculture française plus durable. Dans les conclusions de l’audition publique, présentées ce mercredi 9 avril au Sénat, l’organe parlementaire soutient que la science « offre des pistes prometteuses » en matière de durabilité. Mais que la mise en application des avancées scientifiques sur le terrain fait face à divers obstacles d’ordre réglementaire, humains, financiers, scientifiques et techniques. Le député Pierre Henriet et le sénateur Daniel Salmon, rapporteurs de l’audition, présentent ce que recommande l’Opecst en vue de « déverrouiller les modes de production ».
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Les obstacles à la mise en application des avancées scientifiques dans les exploitations
Dans son rapport, l’Opecst liste les obstacles à la diffusion des innovations issues des avancées scientifiques en agriculture :
- Des obstacles réglementaires peuvent freiner « l’homologation de certaines innovations », et donc leur déploiement en agriculture. Par exemple, des scientifiques citent des biosolutions qui sont classés dans la catégorie des phytosanitaires.
- Des obstacles financiers, comme le développement d’innovations en protection des cultures qui « s’avèrent trop chères » par rapport aux pesticides.
- Et des obstacles « humains », relatifs à « une formation insuffisante des acteurs du monde agricole ». L’Opecst cite les pratiques d’enseignement variables en matière de transition vers des modèles agricoles plus durables, en lien avec des « divergence d’engagement » et « l’insuffisance des ressources et des outils pédagogiques » à disposition.
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Que recommande l’Opecst pour lever les freins à l’innovation ?
En réponse, l’Office émet diverses recommandations. Il appelle à développer des innovations technologiques « en faveur d’une agriculture durable et résiliente », et qui associent « tous les acteurs en amont et en aval de la production ». Aussi, l’Opecst suggère de connecter les bases de données de génétiques animales avec les bases sanitaires afin de « renforcer l’efficacité de outils génétiques » et sélectionner des animaux plus résistants. Sur l’enseignement, le rapport recommande de « mobiliser davantage les acteurs de terrains » pour former aux transitions vers de nouveaux modes de production.
Au niveau réglementaire, un premier levier suggéré est de faciliter « l’homologation des innovations technologiques plus respectueuses de l’environnement », et donc de « réduire le coût et les délais de mise sur le marché ».
Pour la prochaine PAC, remplacer la « logique de subvention » par des « rémunérations de services explicites »
L’Opecst appelle aussi à développer des dispositifs économiques pour inciter la mise en place de pratique « moins rentables mais plus durables » par rapport à des pratiques « d’utilisation intensive de pesticides et d’engrais de synthèse ». « Il peut être envisagé de taxer les pesticides tout en rendant les sommes prélevées aux agriculteurs plus vertueux en matière de protection de l’environnement », suggère même le rapport. Sur le point politique, les conclusions de l’Office demandent de « mieux hiérarchiser les objectifs de la PAC sans sacrifier l’objectif de protection de l’environnement ». Et pour la prochaine PAC, l’Opecst veut remplacer la « logique de subvention » par des « rémunérations de services explicites ». Ce qui permettra « d’accompagner les agriculteurs dans la transformation de leur mode de production tout en garantissant leur niveau de revenu », soutient l’organe parlementaire.
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