Aller au contenu principal

Agriculteurs en difficulté : oser demander de l'aide, oser témoigner

Accepter de se faire aider est un premier pas pour mieux analyser la situation et y voir plus clair.
© Nicolas Duprey / CD 78 / flickr

 

Dans l’Orne, le réseau Agri’aide existe depuis une trentaine d’année. S’il n’a pas prévu de changer de nom avant 2024, il fait partie du dispositif national Réagir depuis l’automne 2021. Dans l’Agriculteur normand, Sylvie Esneu, conseillère Agri’aide explique que c’est à l’agriculteur en difficultés d’appeler. « Quand il le fait, c’est qu’il accepte de se faire aider, c’est déjà un premier pas », observe-t-elle.

Effet boule de neige

C’est ce qu’ont fait les éleveurs au nom d’emprunt Marcel et Paul. En 2019, ils ont contacté le réseau d’aide. Aujourd’hui, ils arrivent à en parler et Julie Pertriaux a recueilli leur témoignage dans l’Agriculteur normand.

En 2022, Marcel a 35 ans et Paul prendra sa retraite prochainement. En 2012, ils sont associés en Gaec et élèvent des vaches laitières. Augmentation des volumes, construction d’un bâtiment… En 2014, arrivée d’un nouvel associé qui s’appelle Rémi pour le récit. Un quota laitier qui augmente de 100 000 litres, de nouvelles terres, et une pression de la laiterie qui augmente aussi. Et des emprunts qui courent… Arrive une dispute entre associés. Rémi quitte l’exploitation, sans préavis. « Ca a été une claque » reconnaît Marcel. Pour essayer de s’adapter, les agriculteurs font des choix mais « les mauvais » admet aujourd’hui l’agriculteur. Et les dettes s’accumulent. Les deux associés subissent une « pression incroyable » et ne visent plus qu’un seul objectif : « continuer à faire du lait pour payer la banque, les fournisseurs, l’aliment, le matériel ». En 2019, ils sont à bout de souffle et Marcel prend la bonne décision : appeler Agri’Aide. « Elle nous a ouvert les yeux », témoigne Marcel. « Elle a relevé tous les points noirs, nous a envoyé un technicien lait et a travaillé avec notre fournisseur pour gérer la dette. L’audit de l’exploitation réalisé par Sylvie Esneu a permis de mettre en place un échéancier avec le fournisseur. « On avance » assure-t-elle. Pour la conseillère, « le cas de Marcel est typique, avec un effet boule de neige. »

 
Renforcement des dispositifs d’accompagnement économique                                                                                       Le 22 novembre 2021, le gouvernement a présenté la feuille de route du gouvernement pour « la prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté ».Cette réunion a été menée par le ministre de la Santé Olivier Véran, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et le secrétaire d’Etat chargé des retraites et de la santé au travail Laurent Pietraszewski. Le gouvernement a annoncé une hausse de 40 % du budget consacré « aux dispositifs d’intervention financière » destinés à « humaniser » : aller vers les agriculteurs en difficulté et les accompagner, prévenir les suicides. Le budget annuel qui y est consacré est désormais de 42 millions d’euros contre 30 précédemment. Six mesures principales structurent le plan du gouvernement. L’une d’entre elles est le renforcement des dispositifs d’accompagnement économique. Pour l’aide au diagnostic de l’exploitation et l’aide à la relance (Area), le budget annuel est doublé et passe de 3,5 millions d’euros à 7 millions d’euros. L’Etat souhaite que l’accès à cette aide soit facilité. Les cellules « Réagir » déployées par les chambres d’agriculture poursuivent cet objectif et proposent un « accompagnement personnalisé, variable d’un département à l’autre, tenant compte des particularités territoriales ».
 Voir aussi le témoignage d'un agriculteur du Morbihan soutenu par la cellule « Réagir » sur France 3 Bretagne.
Des conseillers spécialisés sont présents pour évaluer chaque situation, réaliser un diagnostic, un bilan technico-économique, une médiation ou encore un secours d’urgence, en lien avec la MSA. Le réseau veut permettre aux agriculteurs de dépasser leurs difficultés et leur redonner des perspectives grâce à un plan d’actions personnalisé.
 

Les plus lus

La réalisatrice Louise Courvoisier devant des vaches
Vingt Dieux : « J’ai voulu représenter les enfants d’agriculteurs avec qui j’allais à l’école dans le Jura »

Présenté à Cannes, son premier long métrage Vingt Dieux (qui sort le 11 décembre en salles) a remporté le prix de la jeunesse…

Machine entretenant une haie en bordure de parcelle agricole
Haies : vers un crédit d’impôt de 4500 euros par exploitation agricole

Les sénateurs viennent d’adopter dans le cadre de la PLF 2025 un nouvel article instaurant un crédit d’impôt pour inciter les…

 La préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée reçoit dans son bureau Denis Mousseau, président de la FNSEA 79 et Antoine Madier, président des Jeunes agriculteurs 79.
Mobilisation agricole : dans les Deux-Sèvres, les agriculteurs obtiennent 7,5 millions d'euros d’allégements fiscaux

Reçus par la préfète des Deux-Sèvres, les deux syndicats majoritaires agricoles se félicitent d’avoir obtenu un allègement de…

piles d'argent avec un réveil
Aides à la trésorerie des agriculteurs : le détail des deux prêts garantis par l’Etat

Annie Genevard précise les deux dispositifs de prêts garantis par l’Etat de moyen et long termes pour venir en aide aux…

Méthanisation : comment GRDF accompagne les agriculteurs dans leurs projets ?

A l’occasion du Sommet de l’Elevage sur le plateau du Comptoir des Eleveurs, Dorothée Briand, journaliste du groupe Réussir, a…

      Jean-Marc Jancovici fondateur du Think tank le Shift project intervenant lors des Controverses de l’agriculture organisées par le groupe Réussir en février 2024.
Jean-Marc Jancovici : quel scénario pour l’agriculture à 2050 préconise le Shift project ?

Le Think tank fondé par Jean-Marc Jancovici présente un premier rapport sur l’agriculture avec des scénarios pour décarboner…

Publicité