L’usine de poulets Michel Robichon de SBV a été reformatée pour reconquérir des marchés en RHD
Racheté en 2015 par LDC, le site Michel Robichon a totalement été reconfiguré pour gagner en compétitivité et fournir plus de produits cuits aux acteurs petits et grands de la restauration française hors domicile.
Racheté en 2015 par LDC, le site Michel Robichon a totalement été reconfiguré pour gagner en compétitivité et fournir plus de produits cuits aux acteurs petits et grands de la restauration française hors domicile.
Si vous dégustez une pizza Marie ou un plat cuisiné avec du poulet, vous savez déjà en lisant l’étiquette que celui-ci est né et qu’il a été élevé, abattu et transformé en France. C’est la garantie apportée par la démarche 4 F mise en place par le groupe LDC et renforcée par le logo Volaille de France de l’APVF. Il en est ainsi pour toutes les viandes utilisées par le traiteur Marie depuis son rachat par LDC en 2009. « Ce fut un choix coûteux au départ, souligne Roland Tonarelli, directeur de la Société bretonne de volailles (SBV), mais cette décision s’est révélée payante sur le long terme, en faisant peu à peu gagner des parts de marché à la marque. » En revanche, ce que vous ne savez pas, c’est que ces morceaux de poulet cuit, désignés sous le terme « d’aides culinaires » proviennent exclusivement de l’outil industriel Michel Robichon situé en Centre Bretagne, à Saint-Thuriau dans le Morbihan. Ce site fait partie de SBV, dont les douze sites fournissent des marchés très diversifiés consacrés à la restauration hors domicile, qu’elle soit commerciale ou collective. La RHD constitue un univers aux acteurs et aux attentes variés, de l’artisan boulanger faisant ses sandwichs maison au fabricant industriel de pizzas, et du restaurant local à la chaîne de restauration rapide. « Le site Michel Robichon est totalement intégré dans notre stratégie de reconquête des parts de marchés prises par les importations, poursuit Roland Tonarelli. Car c’est l’un des cinq sites qui valorisent la viande de poulet, et dans une moindre mesure de dinde, qui sort de nos abattoirs bretons refaits à neuf. Depuis 2015, nous avons investi plus de 200 millions d’euros et ce n’est pas fini. »
Besoin d’investir dans un outil vieillissant
Construit initialement en 1995 pour fabriquer de la saucisse destinée à l’exportation vers la Russie et des produits confits pour Davigel, « le site avait subi peu de transformations en vingt ans », souligne Nathalie Perocheau, la directrice du site qui compte aujourd’hui une centaine de salariés. L’embargo russe des années 2000 l’a obligé à se réorienter sur les produits à cuisson rapide pour la restauration française hors domicile et les industriels de l’agroalimentaire. « Nous faisions des travaux de maintenance, mais aucun investissement pour rechercher de la performance, se souvient la directrice, ce qui fait que le site n’était pas rentable dans les années 2000. » Tout a changé avec LDC et aussi parce que l’usine était arrivée au bout du rouleau, comme l’illustre l’anecdote du four à gaz qui a failli exploser. Deux vagues d’investissement ont été menées en 2016 et début 2019, pour 18 millions d’euros. « C’est un montant élevé au regard des 30 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, se félicite Nathalie Perocheau, mais construire à neuf aurait coûté encore plus cher. »
Une usine de process spécialisée dans la cuisson
Le site a été agrandi de 2000 m2 et l’existant de 5 000 m2 a été progressivement mais totalement reconfiguré, ne conservant quasiment que les murs extérieurs. « Nous avons gardé la réception des viandes et la sortie des produits finis, ainsi que les parties administratives. » Il a fallu réaménager tout en poursuivant l’activité. « Dans nos métiers, on ne peut pas s’arrêter, sinon on perd les clients. » La dirigeante ne détaille pas la complexité du chantier achevé en avril dernier, mais le sol bétonné de la zone de conditionnement garde encore les traces d’un mur disparu. À la pointe de la technologie, le nouveau matériel est pleinement opérationnel, avec des salariés expérimentés. « Nous avons l’avantage d’être peu nombreux, de tous nous connaître et de produire uniquement du produit rôti en ligne. On va tous dans le même sens et on parle tous le même langage. » C’est ce qui permet d’améliorer constamment la productivité pour « gratter les centimes » qui au final font la rentabilité.
Un produit adapté à chaque client ou presque
Avec ses trois fours, l’usine peut produire près de 8 000 tonnes par an. En trois ans, elle est passée de 3 000 à 6 000 tonnes avec un fonctionnement en deux équipes, cinq jours par semaine. « Nous avons toujours besoin de produire plus pour accompagner le développement rapide des débouchés (français à 99 %), précise Nathalie Perocheau. Malgré cela, nous avons toujours l’impression de ne pas peser plus sur le marché de la RHF. Mais au rythme où nous progressons, la question d’une quatrième ligne de cuisson va se poser. » Un espace libre est prévu dans la salle de cuisson. Roland Tonarelli tempère son enthousiasme. « On le fera lorsque l’on sera sûr de la pérennité des débouchés. On a des clients à plusieurs centaines de tonnes ayant une forte croissance, mais ils pourraient nous quitter un jour… Je préfère avoir de nombreux petits clients, comme les boulangers-pâtissiers, d’où notre gamme de petits conditionnements congelés prêts à l’emploi. La reconquête est un travail de fourmi. » Pour les clients « grands comptes », SBV répond à des appels d’offres. « C’est dans ce contexte que nous sommes obligés de présenter des offres alternatives incluant ou pas des mélanges de blanc-rouge et aussi des viandes non françaises », explique Nathalie Perocheau. Un quart de la matière première est importé. « Nous aimerions utiliser encore plus d’origine France, souligne Roland Tonarelli. Nous sommes assez fiers de préparer de la viande de poulet de Loué pour un client qui en garnit ses sandwichs. »
« La reconquête est un travail de fourmi »
Les étapes du process en images
La transformation d’une matière première brute en un morceau cuit et découpé dure moins de deux heures, en suivant ce chemin :
La réception - La viande de poulet ou de dinde (5 % du volume) arrive en flux tendu (utilisation dans la journée), fraîche ou congelée (à 25 %), qu’elle soit française (groupe LDC) ou importée.
Le barattage - Une fois décongelés ou pas, les filets et les morceaux de cuisses désossées sont additionnés d’eau, de sel et d’ingrédients aromatiques (goûts kebab, indien, tex-mex, tikka…) pour être barattés pendant environ 30 minutes. C’est la phase la plus longue qui apporte le mœlleux et la saveur. Les viandes barattées sont momentanément stockées dans des pal-box en salle de maturation. Les manipulations et transferts sont manuels.
La cuisson - La viande barattée est transférée dans la salle de cuisson rapide à plat équipée de deux grands fours de 12 mètres et d’un plus petit. Elle est disposée manuellement sur une plaque, d’abord en téflon (pour ne pas accrocher) puis sur une grille à mi-cuisson. Avec un débit d’une tonne à l’heure, la cuisson dure en moyenne 12 minutes à 200-230 degrés pour obtenir une viande rôtie.
Le refroidissement-surgélation - Dès la sortie du four, les pièces sont dirigées par tapis vers un refroidisseur hélicoïdal (un par ligne) moins encombrant qu’un système à plat. À partir de ce moment, les produits sont acheminés sans intervention humaine, jusqu’à la préparation des commandes.
La découpe - Après refroidissement ou surgélation, les morceaux sont automatiquement découpés en émincés, lamelles, allumettes ou cubes et dirigés vers l’emballage. Certains lots restent entiers (haut de cuisse, sauté, filet).
Le conditionnement-stockage - L’emballage se fait sous différents conditionnements (sacs de 500 g à 10 kg, pal-box) selon le débouché (usage interne, industrie alimentaire, détaillants) et les marques (Doux, Poule et Toque, Le Gaulois Professionnel, Prim’S…). Tout traverse détecteur de métaux, sachant que la viande a été au préalable passée aux rayons X (détection des corps étrangers non métalliques). L’usine est équipée d’installations frigorifiques refaites à neuf.
Un peu d’histoire…
Reprise en 2015 avec la cession des outils Sofiprotéol-Avril à LDC, l’usine a été créée en 1995 par Michel Robichon. Cet ancien cadre du groupe Bourgoin, passé par la direction de l’abattoir Tilly Sabco, voulait voler de ses propres ailes en investissant 35 millions de francs (environ 5,5 M€). Il avait noué un partenariat avec les industriels bretons Glon et Houdebine. Mais il fut emporté par un cancer peu de temps après l’ouverture du site qui fut réintégré au groupe Glon Sanders, lui-même racheté par Sofiprotéol-Avril en 2007.
D’autres sites de transformation
Le pôle SBV produira cette année environ 70 000 tonnes de produits élaborés, dont 45 000 tonnes de panés, dans six sites bretons :
- Michel Robichon à Saint-Thuriau (56) ;
- Doux Farmor à Quimper (29) : saucisses et panés ;
- Farmor à Guingamp (22) : volaille et fromage surgelés ;
- Celvia à Saint-Jean-de-Brévelay (56) : panés et charcuterie ;
- Celtys à Plouay (56) :
- l’abattoir Boscher à Mur-de-Bretagne (22) : steak cru de poulet lancé fin octobre dernier.
Mille et un produits élaborés
Les produits élaborés achetés par la RHD peuvent être classés selon leur usage :
Prêt à cuire : produit cru issu d’une découpe plus ou moins poussée (filet, cuisse, rôti, osso bucco, brochette…) ;
Prêt à réchauffer : les panés frits (cordon-bleu, nugget, crousty, ball, bâtonnet…), les confits à cuisson lente (cuisse, jambonnette, gésier, lardon, effiloché…) ;
Prêt à servir : la charcuterie (jambon, galantine, gigolette, rôti, roulade, saucisson, tranche…), les découpes et les aides culinaires cuites en four (en pièce ou morceaux), le fumé-séché (filet de canard).