L’élevage à l’heure de la mobilité
Les nouvelles technologies de l’information appliquées à l’élevage laissent entrevoir des avancées dans l’optimisation des performances, et des changements radicaux des manières d’être éleveur.
![« L’élevage va aussi connaître
sa révolution digitale
et technologique »](https://medias.reussir.fr/volailles/styles/normal_size/azblob/2023-06/A6YUV4AA1_web.jpg.webp?itok=zkHiSiEb)
sa révolution digitale
et technologique »
La réalité de ce début de siècle est en train de dépasser la science-fiction du siècle passé. Nous sommes entrés dans l’ère de la numérisation du monde. Elle a commencé par la révolution des relations humaines au travers des réseaux sociaux. Facebook est né seulement en 2004. Le premier iPhone est sorti en 2007, mais nous avons déjà presque tous ce type de téléphone-ordinateur aux multiples fonctions.
Après l’internet des personnes, voici venu l’internet des objets. L’agriculture, elle aussi, va devoir s’adapter au tsunami digital. Les objets traditionnels ont vocation à être munis de capteurs (de plus en plus sophistiqués et peu chers), puis à être connectés sans fil pour produire de l’information. Leur intérêt réside dans la valorisation quasi-immédiate d’une masse de données au profit de l’éleveur et d’un partage avec ses partenaires amont et aval, ainsi que dans l’amélioration du travail.
Pour l’éleveur-décideur, la bonne conduite d’élevage nécessite la prise en compte simultanée de dizaines de paramètres. Il le fait de manière intuitive, plus ou moins bien selon l’expérience et le savoir faire. Il le fait en confirmant son vécu par des chiffres. Lorsque les productions deviennent de plus en plus techniques, le moindre détail devient important.
L’apport de l’intelligence artificielle, au sens large, est bon à prendre. Le poulailler du futur ne se limitera pas à un outil bien isolé, bien ventilé et bien équipé. Il doit avoir la capacité d’être piloté par un éleveur parfaitement informé. Il s’insèrera aussi dans une chaîne de production avec laquelle il interagira.
Certes, les élevages possèdent déjà des appareils reliés par câble. Qu’un moteur dysfonctionne, qu’un treuil se bloque, qu’une température chute ou monte trop, l’éleveur est alerté. Alors pourquoi aller plus loin ? Il s’agit de minimiser les risques et d’optimiser la production, tout en simplifiant le travail.
Internet des objets
En fonction des objectifs de performances et du niveau de risque accepté, les poulaillers seront plus ou moins équipés. Les appareils (moteur, silo, ventilateur, chauffage, éclairage, sonde, compteur, caméra…) et même des animaux seront munis de systèmes d’identification miniaturisés et peu coûteux. Ils seront équipés de capteurs capables de renseigner sur leur état (contenance, composition, consommation, poids, température, pression, vitesse, débit …). Ils communiqueront ces informations à un système d’exploitation ou entre eux pour échanger et interagir. La structure destinatrice analysera ces données, les interprétera, avertira l’éleveur en temps réel quel que soit l’endroit où il se trouvera, le conseillera et pourra déclencher seule des actions d’ajustement.
Cette projection n’est pas de la science-fiction, car ce scénario existe partiellement. Cela commence avec l’émergence de solutions mobiles de suivi d’élevage. Par définition, l’éleveur est un nomade. Il est séduit par la praticité du smartphone ou de la tablette donnant des informations en temps réel. Depuis peu, à l’initiative de Tuffigo-Rapidex avec son Avitouch, l’ordinateur d’ambiance communique à distance avec son utilisateur. L’organisation de production des Ets Michel l’a aussi compris en lançant cette année son application Certiferme.pro sur tablette. C’est aussi le cas du groupe Sanders, en œuf avec la tablette Pondicalcul pour ses techniciens, en volailles avec sa version mobile de Fermatel pour ses éleveurs. Bientôt s’ajouteront des lunettes interactives, estime l’Arsoé de Bretagne.
Solutions spécialisées
Par ailleurs, des solutions spécialisées sont déjà utilisables : les caméras Fancom et Farmcam voient le comportement et alertent ; les pesons automatiques simplifient le travail, améliorent la planification des abattages et la nutrition comme le fait le groupe Doux ; les capteurs Ijinus font l’état journalier des stocks d’aliments pour améliorer la gestion du lot et de l’aliment. Ce ne sont là que quelques exemples. À terme, ces solutions se combineront, à condition de fournir des données standardisées et interprétables par un système global qui reste à créer. Pour assurer leur succès, ces systèmes dématérialisés devront être économiquement abordables, fiables, sécurisés et répondre à un code de confidentialité en cas de partage. Cette révolution technologique risque de creuser un écart parmi les éleveurs et les fournisseurs d’équipements. Fait rassurant, ces nouvelles méthodes de conduite ne remplaceront pas l’œil, le nez et le ressenti d’un éleveur présent dans son bâtiment. Jusqu’à preuve du contraire.
Voir aussi article article Le monde agricole s'aproprie très vite les nouveaux outils.