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« Je vis bien avec mon site de volailles de chair neuf de 3 600 m2 »

Nicolas Verdier s’est installé seul avec deux poulaillers de chair neufs. Grâce à des performances technico-économiques élevées, il a pu dégager un revenu dès les premières années.

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Nicolas Verdier lors de la porte ouverte : « Mon site de deux bâtiments de 1 800 m2 répond à mes attentes en termes de revenu et de temps de travail.»
© A. Puybasset

Le parcours de Nicolas Verdier, éleveur de volailles de chair depuis quatre ans à Mansigné, montre qu’il est possible de s’installer avec des poulaillers neufs. « Mon site de deux bâtiments de 1 800 m2 répond à mes attentes en termes de revenu et de temps de travail », a-t-il expliqué lors d’une porte ouverte organisée avec son groupement Huttepain Aliments. 

Lire aussi : « Je vise la performance avec mon quatrième poulailler »

Son élevage a dégagé un excédent brut d’exploitation de plus de 48 euros par mètre carré et par an en 2022 et 2023 et de 42 euros en 2024, couvrant largement les annuités de 32 euros. « L’année 2024 a été plus dure avec l’augmentation des charges variables (énergie) et fixes (fin du report des cotisations MSA), mais je m’en sors quand même bien. »

Lire aussi : Une biosécurité renforcée pour un site de deux poulaillers de chair neufs

Une marge poussin aliment de 12,24 euros du mètre carré

Ces résultats s’expliquent avant tout par des performances techniques élevées. Sur les 40 lots de poulets produits depuis quatre ans (essentiellement en standard de 35 jours), la marge poussin aliment atteint 12,24 euros par mètre carré et par lot avec un indice de consommation de 1,47 et un gain moyen quotidien de 59 g. En dinde (six lots produits), la marge poussin aliment se situe à 34 euros par mètre carré et par lot (GMQ de 117 g et IC de 2,25). « Je suis spécialisé en volaille, sans autre atelier sur l’exploitation. C’est sûrement un atout, car je peux me concentrer pleinement sur ma production », analyse l’éleveur, qui se définit minutieux et compétiteur. « Je remets en question mes pratiques à chaque lot, en testant de nouvelles techniques ou réglages pour améliorer les performances. C’est motivant ! »

Le poulet, une production d’avenir

Après une formation en BTS Acse(1), Nicolas Verdier a été chauffeur routier durant douze ans avant de s’installer en 2019, avec un regard neuf sur l’élevage avicole. Il avait auparavant envisagé de rejoindre l’exploitation familiale en grandes cultures basée à Mansigné, avant d’y renoncer face aux difficultés à acquérir du foncier dans cette région sarthoise. Il s’est donc installé seul en EARL à 35 ans en créant un atelier avicole sur deux hectares de parcelles, rachetées à son père, tout proche de sa ferme. La volaille de chair a été préférée à d’autres productions. « C’est une filière d’avenir. Elle me permet en outre d’avoir un emploi du temps modulable sans trop de contraintes horaires », apprécie-t-il.

 

 
<em class="placeholder">Une large baie entre le bureau et la salle d’élevage permet d’observer les volailles sans risque sanitaire.</em>
Une large baie entre le bureau et la salle d’élevage permet d’observer les volailles sans risque sanitaire. © A. Puybasset

Un projet viable avec 3 600 m2

S’installer en neuf n’est pas courant, encore moins avec deux grands poulaillers. « L’étude prévisionnelle a dès le départ porté sur la construction simultanée des deux bâtiments plutôt qu’en décalé sur quelques années afin d’avoir un projet viable dégageant suffisamment de revenu pour une UTH. » L’intérêt était aussi de diminuer le coût du projet grâce aux économies d’échelle, l’éleveur estimant la baisse à 10 % soit 40 euros par mètre carré. Partie d’un champ nu, la construction des deux bâtiments jumeaux de 1 800 m2 a coûté 1,1 million d’euros, soit 302 euros le mètre carré (voir tableau investissement). Les devis ont été signés avant l’inflation sur le prix des matériaux et la hausse des taux bancaires (1,13 % sur quinze ans). Les équipementiers considèrent aujourd’hui qu’il faudrait débourser 400 à 450 euros pour un niveau d’équipement similaire.

Nicolas estime sa charge de travail à un temps plein (en intégrant la surveillance le week-end). Il maintient une période de vide de quinze jours entre chaque lot et ne prend pas de congés en cours de lot. « Je ne serais pas serein. » Pour les pics de travail (curage, lavage, retrait des coquilles de l’éclosion à la ferme…), Nicolas fait appel à la main-d’œuvre familiale qu’il intègre dans ses charges fixes. Une organisation du travail qu’il devra revoir avec la reprise à moyen terme de l’exploitation de son père, comprenant 130 hectares, dont une centaine en irrigation et un atelier d’engraissement de porcs de 430 places.

(1) Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole

« La construction simultanée des deux bâtiments a permis une économie d’échelle d’environ 10 % »

Côté Eco

12,24 €/m2/lot de MPA en poulet (7,2 lots par an) et 34 €/m2/lot en dinde

50 à 54 €/m2/an de marge brute selon l’année

32 €/m2/an d’annuités

12 kg/m2/an de gaz et 16,44 kWh/m2/an d’électricité

Des poulaillers performants avec éclosion à la ferme

 

 
<em class="placeholder">Larges de 18 mètres, les poulaillers disposent d’une dalle bétonnée et d’équipements intérieurs polyvalents.</em>
Larges de 18 mètres, les poulaillers disposent d’une dalle bétonnée et d’équipements intérieurs polyvalents. © A. Puybasset

Conçus par Dugué, les bâtiments aux normes BEBC (1) avec habillage en aluminium, portail en inox… sont conformes au cahier des charges Nature d’éleveur (intégration paysagère, fenêtre à hauteur d’homme, …). Larges de 18 mètres, ils disposent d’une dalle bétonnée et d’équipements intérieurs polyvalents installés par Technimaine (mangeoires Leroy, lignes d’eau poulet-dinde Lubing, canons intérieurs Ermaf, tubes LED, désinfection par électrolyse Multi’O…). L’éleveur a opté pour une ventilation à extraction haute sous concept Skov, pour le confort des poulets (vitesses d’air en fin de lot), l’absence de poussières sur les abords et l’économie d’électricité (16,4 kWh par mètre carré et par an consommés). 

Lire aussi : Un nouveau concept d’éclosion à la ferme

La consommation de gaz est de 12 kg par mètre carré et par an, sachant que l’éleveur pratique depuis le début l’éclosion à la ferme avec le concept Nesborn (préchauffage plus important). « L’intérêt économique de cette technique n’est pas évident mais elle a un impact positif sur les performances (croissance et GMQ) et permet de faire découvrir une nouvelle façon de produire, collant aux attentes de bien-être », souligne l’éleveur, toujours prêt à faire découvrir l’élevage à son entourage. Une large baie entre le bureau et la salle d’élevage permet d’observer les volailles sans risque sanitaire.

(1) Bâtiment basse consommation d’énergie

« Nous visons vingt-cinq constructions par an »

Maxime Derouin, responsable avicole d’Huttepain Aliments

 

 
<em class="placeholder">Maxime Derouin, responsable avicole d’Huttepain Aliments</em>
Maxime Derouin, responsable avicole d’Huttepain Aliments © A. Puybasset

« Pour répondre au fort développement de la demande des abattoirs du groupe LDC, en poulet principalement, le groupement Huttepain Aliments s’est fixé un objectif de 25 poulaillers neufs par an durant six ans, pour passer de 600 000 m2 actuellement à 700 000 m2 en 2027 et 800 000 m2 en 2030. Notre accompagnement économique à la construction a évolué par rapport à il y a quatre ans, avec moitié plus d’aides sur l’investissement et une durée d’accompagnement allongée. L’objectif est de prendre en compte l’augmentation du coût des matériaux, des taux d’emprunts et des charges variables. L’éleveur doit pouvoir dégager un revenu mensuel de 2000 à 2500 euros par UTH.

Notre modèle est basé sur un bâtiment de 1 350 à 1 800 m2, polyvalent et adapté à Nature d’éleveurs avec deux typologies : bâtiment dynamique, isolé et équipé pour être performant comme celui de Nicolas Verdier, davantage adapté au poulet mais aussi des poulaillers plutôt orientés dindes avec jardin d’hiver. »

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