Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre en volailles
Bien que peu émettrices de gaz à effet de serre (GES), les filières avicoles vont participer à l’effort collectif de réduction avec des stratégies liées aux divers systèmes et espèces de volailles.
Bien que peu émettrices de gaz à effet de serre (GES), les filières avicoles vont participer à l’effort collectif de réduction avec des stratégies liées aux divers systèmes et espèces de volailles.




Le Green Deal ou Pacte vert pour l’Europe vise à rendre l’Union européenne à 27 neutre en carbone d’ici 2050. À l’échelle française, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) s’inscrit dans cette démarche européenne en fixant des objectifs de réduction des émissions de GES, avec une feuille de route pour chaque secteur d’activité économique.
Alors que l’objectif fixé aux secteurs des transports, de l’énergie ou du bâtiment est d’atteindre la décarbonation complète à horizon 2050, le secteur agricole a comme cible une réduction de 46 % de ses émissions de GES d’ici 2050.
Selon les dernières données d’inventaire national réalisé par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’aviculture représente environ 0,34 % des émissions nationales de GES, dont 0,18 % provient de la filière de volailles de chair et 0,16 % de la filière œufs.
Entre 2015 et 2022, le secteur avicole a réduit ses émissions de GES de 9,3 %, notamment en lien avec la réduction des cheptels nationaux. Néanmoins, même si l’aviculture est responsable de peu d’émissions, elle devra adapter ses pratiques pour décarboner sa production, tout en maintenant ses capacités de production.
Des postes d’émissions de GES différents
Trois types de GES sont émis sur un élevage de volailles. Il s’agit du méthane (CH4), du protoxyde d’azote (N2O) et du dioxyde de carbone (CO2) dont les sources sont liées à la gestion des déjections, aux consommations d’énergie (fioul, gaz, électricité…), ou à la fertilisation des cultures.

La répartition de ces postes varie selon la production. Pour la volaille de chair sur litière l’énergie peut représenter jusqu’au tiers des émissions.
La gestion de l’azote est aussi cruciale, car elle pèse pour un tiers des émissions en volaille de chair sur litière et en pondeuses (émissions de N2O). De même, comparé au fumier ou aux fientes, le lisier est très émetteur de GES (principalement du CH4) et peut représenter entre 80 % et 90 % des émissions d’un atelier.

Ces disparités nécessitent des plans d’actions spécifiques pour réduire ces émissions, dans lesquels les éleveurs joueront un rôle central.
Des leviers d’action différenciés
Pour les ateliers de volailles de chair sur litière, les leviers énergétiques sont les premiers à recommander. Ils peuvent en partie s’amortir via les économies d’énergie qu’ils génèrent. En poulet de chair standard, la chaudière biomasse, les échangeurs récupérateurs de chaleur, le renforcement de l’isolation et les systèmes de chauffage économes sont des solutions mises en avant.
La gestion des effluents est aussi un levier important, surtout pour les productions sur lisier. Ainsi la mise en œuvre d’une couverture de fosse ou d’une séparation de phase avec exportation de la fraction solide est des solutions à envisager.
Les potentiels de réduction des filières avicoles pour répondre aux attentes de la stratégie nationale bas carbone et des marchés sont atteignables. Cependant, ils peuvent impliquer d’importants investissements de la part des éleveurs et des modifications significatives dans l’organisation de la filière.
Deux façons d’exprimer les émissions de GES
La comptabilité carbone s’appuie sur deux méthodes distinctes, mais complémentaires dans leur interprétation et leur utilisation.
La première approche concerne les émissions directes de gaz à effet de serre (GES). Elle est fondée sur une logique d’inventaire, et se concentre sur les émissions générées par diverses sources. Elle peut se faire à différentes échelles, par exemple l’exploitation d’élevage ou le territoire national. Cette approche est utilisée pour fixer les objectifs internationaux et européens de décarbonation et sert d’indicateur de pilotage pour les États (En France, la stratégie nationale bas carbone).
Dans le contexte de l’élevage, les émissions de GES font référence aux gaz produits par les activités liées à l’élevage d’animaux.
La seconde approche, dite « empreinte carbone », représente l’impact global des activités d’un individu, d’une entreprise ou d’un pays sur l’environnement, exprimées en équivalents CO2.
En élevage, cette empreinte carbone concerne l’ensemble des activités de l’exploitation. Cela inclut les émissions directes des animaux, mais aussi celles liées à la production de leur alimentation, à la gestion des déchets, à l’énergie utilisée dans les exploitations et au transport des produits.