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« Le poulet a rendu viable notre projet d’installation »

Dans l’Aisne, Pauline et son frère Aurélien Lerat ont repris l’exploitation familiale de grandes cultures en réinvestissant dans l’atelier poulet, interrompu après un incendie.

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Pauline Van Maele et Aurélien Lerat : « La viabilité de notre projet d'installation à deux reposait sur le maintien de l’élevage sur l’exploitation avec deux poulaillers en service. »
© A. Puybasset

Après quatre années de démarches administratives et de travaux, Pauline et son frère Aurélien Lerat peuvent enfin souffler. Avec la reconstruction en 2023 du bâtiment incendié puis la rénovation début 2024 d’un second poulailler qui était à l’arrêt, ils disposent désormais d’un atelier avicole de 1 850 m2 bien équipé et performant. 

Lire aussi : Chez Unéal, des dindonniers polyvalents pour mieux coller au marché

Il complète les 120 hectares en grandes cultures de l’exploitation située à Fontaine-Uterte dans l’Aisne. Aurélien, 42 ans, salarié depuis 2009 sur l’exploitation familiale et sa sœur Pauline, de trois ans son aînée, avaient prévu de s’installer à la suite de leur père en janvier 2021… quatre jours après que le poulailler en activité ne soit détruit par un incendie. « Cela a bousculé notre projet d’installation à deux, dont la viabilité reposait sur le maintien de l’élevage sur l’exploitation avec deux poulaillers en service. Elle a été repoussée de plus d’un an. J’avais déjà posé ma démission, nous n’avions pas d’autre choix que de réinvestir en volailles », explique Pauline, qui a auparavant travaillé durant quinze ans dans une banque. Malgré un chemin semé d’embûches, les deux installés sont aujourd’hui pleinement satisfaits d’avoir persévéré et mené leur projet jusqu’au bout.

Un parcours administratif fastidieux

Pour les aider dans leurs démarches auprès des assurances, les éleveurs ont fait appel à un expert en sinistres agricoles de Courtil Clair Conseil, qui les a représentés juridiquement et accompagnés jusqu’à la fin du chantier de construction. « Le poulailler ayant été partiellement détruit, il a fallu convaincre les assurances de l’intérêt économique de le reconstruire à neuf plutôt que de le réparer », se souvient Bernard Goudemand, son gérant. Après un premier refus de permis de construire, il a fallu attendre deux ans pour que l’autorisation d’exploiter soit enfin accordée. Entretemps l’inflation sur les prix des matériaux a obligé les éleveurs à revoir leur étude économique, avec un surcoût de 50 000 euros soit de 10 % sur l’ensemble du projet. Ils ont investi au total 496 000 euros, dont 289 000 euros pour le bâtiment neuf de 950 m2 (340 euros le mètre carré) et 207 000 euros pour celui rénové de 900 m2. La rénovation intégrait le remplacement des parois amiantées et le passage du bâtiment statique en ventilation dynamique latérale.

 

 
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Dans le bâtiment neuf démarré en janvier 2024, l'indice de consommation atteint 1,56 avec un gain moyen quotidien de 63 g pour du poulet lourd de 42 jours de 2,8 kg de poids vif (desserrage à 33 jours). © A. Puybasset

Des objectifs de marges largement atteints

Mis à part les fenêtres installées sur le poulailler neuf, les équipements intérieurs spécialisés pour le poulet sont identiques dans les deux bâtiments : trappes Wair Jet pour une bonne maîtrise des flux d’entrée d’air au démarrage, régulation connectée de Sodalec, chauffage progressif PGX Systel, éclairage LED, incorporation de blé entier (voir ci-contre) … « Avec nos bâtiments bien équipés, nous sommes désormais en mesure d’exploiter au mieux le potentiel génétique des souches », souligne Aurélien. Les résultats technico-économiques des premiers lots du poulailler neuf démarré en janvier 2024 sont d’un très bon niveau avec un indice de consommation de 1,56 et un gain moyen quotidien de 63 g pour du poulet lourd de 42 jours de 2,8 kg de poids vif (desserrage à 33 jours). Les marges poussin aliment sont très largement au-dessus du prévisionnel de 10 euros le mètre carré, grâce aussi à une conjoncture économique très favorable (1).

Des aides financières bienvenues

Entre l’incendie et la remise en route du poulailler reconstruit, l’arrêt d’activité de l’atelier volailles aura duré trois ans, dont seulement quatorze mois de prise en charge des pertes d’exploitation par l’assurance. « Sans le dispositif Compte volailles proposé par Unéal, cela aurait été très compliqué de maintenir notre trésorerie à flot », apprécient les éleveurs. « Ce service de la coopérative vise à avancer le paiement des poussins et de l’aliment. Les éleveurs, non intégrés, restent propriétaires de leurs animaux, et reçoivent le solde après le départ du lot », détaille Sylvain Dumortier, responsable de l’activité porc et volaille d’Unéal. Les éleveurs ont par ailleurs bénéficié d’une subvention conséquente de la région Hauts de France, qui entend faire du maintien de l’élevage une priorité. Cette aide de 100 000 euros, dans le cadre du dispositif Pré-Ad anciennement PCAE (avec majoration jeune agriculteur, valorisation locale des céréales…) a contribué à la viabilité de leur projet.

(1) Dans les Hauts-de-France, le prix de reprise est indexé sur le marché de Deinze en Belgique

Côté Eco

496 000 € d’investissement (terrassement et réserve d’eau compris)
- dont 289 000 € pour le bâtiment neuf de 950 m2 (340 €/m2)
- dont 207 000 € pour le poulailler rénové de 900 m2
25 000 € : coût d’équipement pour l’incorporation de blé entier
15 ans de financement
100 000 € d’aide régionale dispositif Pré-Ad
27 000 € de dotation JA (dont 7 000 € versés après 5 ans)

Fiche élevage

EARL Lerat

Deux associés frère et sœur : Aurélien Lerat, Pauline Van Maele
2 poulaillers de 950 m2 et 900 m2
120 hectares de culture sur deux sites distants de 15 km (dont 60 hectares de céréales, betteraves, lin, colza…)

Du blé entier incorporé dans l’aliment des volailles

 

 
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Équipée d'un dispositif d'incorporation de blé, l'EARL Lerat valorise ses céréales dans l'alimentation des poulets. © A. Puybasset

L’EARL Lerat a équipé ses poulaillers d’un dispositif d’incorporation du blé entier comprenant une trémie peseuse et un boîtier Précibox de Tuffigo-Rapidex ainsi qu’un silo dédié, soit un investissement de 25 000 euros. L’exploitation valorise ses propres céréales. Les 250 tonnes de blé nécessaires par an sont majoritairement stockées sur l’exploitation (130 tonnes), le reste à la coopérative. 

Lire aussi : Un effet positif du blé entier sur les performances et le bien-être des volailles

La céréale entière est incorporée en mélange avec un aliment complémentaire fourni par Unéal. Il n’y a pas de dilution des valeurs nutritionnelles. Le taux d’incorporation est en moyenne de 30 % sur la durée du lot de poulet de 42 jours, variant de 10 % à partir de 10 jours d’âge jusqu’à 40 % en fin d’élevage. « En freinant le transit, le blé entier favorise l’assimilation des nutriments, avec un gain potentiel de 0,2 à 0,3 point d’indice de consommation », explique Aurélien.

Des synergies entre cultures et volailles

« Les champs sont au pied de nos poulaillers. Valoriser directement nos céréales a tout son sens au niveau de l’empreinte carbone », poursuit-il. « En parallèle, le fumier des volailles épandu sur les terres limite nos besoins d’engrais chimiques. » La valeur fertilisante des 556 tonnes de fumier par an est de plus de 18 000 euros (hors coût d’épandage), selon les calculs de Courtil Clair Conseil.

Un accompagnement lors de sinistres

L’entreprise Courtil Clair Conseil défend les intérêts des éleveurs lors de sinistres (incendies, accident d’élevage…). Créée par Bernard Goudemand, qui a travaillé vingt-cinq ans au sein de la filière volailles des Hauts-de-France, elle intervient partout en France et propose également des prestations d’audit d’élevage et de conseils en construction et aménagement de bâtiment.

 

 
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Bernard Goudemand, de l'entreprise Courtil Clair Conseil © A. Puybasset

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