Foie gras : Delpeyrat et Euralis Gastronomie restructurent leurs outils
En surcapacité industrielle, les deux opérateurs coopératifs n’ont pas d’autre choix économique que de fermer des outils dédiés au canard mulard engraissé.
En surcapacité industrielle, les deux opérateurs coopératifs n’ont pas d’autre choix économique que de fermer des outils dédiés au canard mulard engraissé.
La crise de l’influenza aviaire ayant été stabilisée en 2024 grâce à la vaccination, Delpeyrat veut repartir de l’avant avec une nouvelle organisation industrielle. Ses trois abattoirs tournant à 60 % de leurs capacités, le choix a été fait de fermer l’abattoir de La Pommeraie-sur-Sèvre (Vendée) à la fin de l’année 2024. En 2025, le 1,5 million de canards du groupement fournisseur Val de Sèvre, produit annuellement, sera abattu aux Herbiers (85) chez Euralis Gastronomie, avec qui Delpeyrat a conclu un partenariat visant à diminuer les coûts respectifs des deux opérateurs. Quant à l’abattoir gersois de Vic-Fezensac, il sera fermé en mars prochain. Pour mémoire, Delpeyrat a commencé à s’ajuster en 2020, avec la fermeture du site de Saint Sever. Il lui reste l’abattoir de Gibret (40) et la conserverie de Saint Pierre du Mont (40).
Delpeyrat a aussi engagé une restructuration de la planification des mises en place, en partant de la demande pour remonter vers l’amont. « Nous le faisions déjà, précise Vincent Fleury, le directeur adjoint de Delpeyrat. La démarche a été structurée pour donner de la visibilité sur 18 mois. » Enfin, un travail a été engagé avec les Fermiers du Sud-Ouest, l’entité industrielle de Maïsadour en volailles du sud-ouest, afin de "créer des synergies marketing et commerciales" entre les deux entités. « Le but est de faire face à la concentration de la grande distribution et de développer nos ventes en restauration. »
Fermeture houleuse à Sarlat
Alors que la réorganisation de Delpeyrat était connue depuis le mois de mars 2024, celle d’Euralis Gastronomie, annoncée le 20 novembre 2024, a fait l’effet d’une bombe à Sarlat. La coopérative va y fermer la conserverie au mois d’avril. En effet, l’usine n’est pas compétitive. Avec 460 t de produits fabriqués en 2024, l’outil n’a fonctionné qu’à 19 % de sa capacité (2 400 t), loin des volumes espérés. Il aurait perdu 30 millions d’euros en six ans.
Euralis indique y avoir pourtant investi 3 millions d’€ depuis 2022 pour le garder au niveau technique. En 2018, le site avait subi une réduction de voilure en orientant l’activité vers des productions haut de gamme et plus limitées en volume, ainsi qu'en créant un pôle d’excellence (laboratoire école, centre de création culinaire).
Peu après l’annonce de la fermeture, les syndicats ont organisé le blocage de l’usine en pleine préparation des fêtes de Noël. Malgré l’engagement d’Euralis de rechercher un repreneur et des solutions de reclassement pour les 73 employés. L’usine a été créée en 1977 par la société Rougié, elle-même entrée dans le giron d’Euralis en 2005.
Il restera donc deux outils industriels à la branche foie gras d’Euralis, celui des Herbiers (Vendée) et celui de Maubourguet (Hautes Pyrénées). Sur le dernier exercice connu (2022-2023), Euralis Gastronomie a subi deux épizooties d’influenza en France (Sud-ouest et Vendée en hiver, Sud-ouest de mai à juillet) et abattus 4 millions de mulards (15 % de moins que précédemment).