Une péniche branchée sur le canal vin
Ancien officier de la marine marchande, Charles Delalande a réuni son goût pour la navigation et son intérêt pour le vin dans La Bougeotte, un bar à vin flottant.
Ancien officier de la marine marchande, Charles Delalande a réuni son goût pour la navigation et son intérêt pour le vin dans La Bougeotte, un bar à vin flottant.
Proposer des vins transportés par voie fluviale dans une péniche aménagée en bar à vin, tel est le projet imaginé par Charles Delalande. « J’ai toujours navigué utile », plaisante-t-il. Après dix années dans la marine marchande en tant qu’officier, il a voulu voguer autrement en 2016. « Je cherchais à continuer la vie sur l’eau mais sans grands départs », confie-t-il. Amateur de vin, il a constaté que les voies fluviales traversaient nombre de vignobles. Il a acquis une péniche auprès d’une famille de mariniers. L’aménagement a nécessité dix mois de travaux. Il a baptisé son embarcation La Bougeotte.
Connecter le vin au transport fluvial
Son projet initial était de valoriser un mode de transport écoresponsable en se déplaçant entre Dijon et Paris. C’est ainsi qu’il s’est lancé en 2019. Dès la première année, il a perçu un écueil. Sa péniche a été bloquée un mois par manque d’eau dans l’une des voies fluviales empruntées. Un temps qu’il a tout de même mis à profit. En rade à Langres, en Haute-Marne, il a exploré les alentours. Il y a découvert le vignoble de l’IGP coteaux de coiffy dont il ignorait totalement l’existence. Les vins d’un des domaines explorés figurent toujours à sa carte.
La période Covid a également nécessité quelques inflexions. Désormais, il décline son projet fluvial « autant que possible ». Il s'est amarré au 46 quai de la Loire sur le bassin de la Villette ou au 5 quai de l'Oise sur le canal de l'Ourcq, sauf en juillet-août où il mettra le cap sur Auxerre. « D’autres initiatives essayent de connecter des produits du terroir, dont du vin, au transport fluvial », explique le batelier. Ainsi, il se fait livrer une ou deux fois par an par les Canaliens, une coopérative acheminant des produits par voie navigable avec sa péniche Séraphine dotée d’une grue pour soulever les palettes et d’une cale climatisée. « Ils peuvent aller d’Agde à Paris », note-t-il. Il estime que le surcoût diminue vu les hausses de tarifs du transport routier.
L’approvisionnement initial s’est élargi pour éviter la domination du chardonnay et du pinot noir induite par la navigation Dijon-Paris. Aujourd’hui sa carte propose 170 vins pour la plupart bio, biodynamiques ou nature, issus d’une variété de régions viticoles.
Un lieu atypique pour faire découvrir les vins
Le désir de faire découvrir des vins irrigue son aventure fluviale. « Beaucoup de gens veulent du pouilly, du chablis et du petit chablis, observe-t-il. J’aime bien les sortir de ça. J’évite d’en proposer au verre parce que sinon on ne vendrait que ça ».
À la carte, un verre de « vin mystère » proposé à 5,50 euros invite à « se laisser surprendre ». « Le vin mystère c’est génial. Si je propose un vin du Jura au verre, personne ne va en vouloir. Mais en vin mystère, il cartonne », s’enthousiasme Charles Delalande. Dans sa sélection, il n’hésite pas à proposer une douzaine de vins orange quitte à « expliquer ». Il s’adapte aussi au public varié attiré par le lieu atypique. Lassé de répondre « non » à ceux qui lui demandaient un Spritz, il a fini par établir une carte de quatre cocktails… « tous à base de vin ».
Plus d’informations sur https://peniche-labougeotte.com/