Un Alien qui préfigure le tri de demain
Le robot de tri Alien vient de terminer sa campagne de tests au château Haut-Bailly, en Gironde. Voici ce que nous en avons pensé.
Le robot de tri Alien vient de terminer sa campagne de tests au château Haut-Bailly, en Gironde. Voici ce que nous en avons pensé.
En voyant fonctionner le bras de tri Alien, on comprend mieux l’origine de son nom. Avec ses quatre mouvements par seconde, ce système conçu par Joël Gallet (société JGC) et développé par l’entreprise CITF semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Même si le prototype testé cette année à Bordeaux possède de nombreux points à améliorer, il a épaté ses premiers utilisateurs.
Le principe d’Alien (pour automatique ligne d’interception d’éléments négatifs) est simple. Il se positionne à la sortie de l’érafloir, où un tapis roulant récupère les baies et passe à travers un boîtier comprenant le système de vision. Une caméra prend alors la vendange en photo, tous les trente centimètres. Ces images sont interprétées par un ordinateur qui définit ce qui est à éliminer, à savoir ce qui n’est pas rond et rouge. L’ordinateur envoie ensuite les coordonnées des indésirables à deux bras robotisés, équipés d’un bec aspirant. « Nous avions d’abord imaginé un système de préhension pour limiter le bruit, mais cela induit trop de mouvements pour aller jeter le déchet. Nous avons donc opté pour un aspirateur cyclone industriel », explique François Lalut, PDG du groupe CITF. Au final, la machine est certes bruyante, mais bien moins que l’égreneur Cube qu’utilise le domaine. L’encombrement, bien que susceptible de changer, est similaire à une table de tri classique, avec juste quelques centimètres de plus en hauteur.
En action, Alien impressionne par la vitesse d’exécution de ses bras. Toutefois, le bec de deux centimètres de diamètre a tendance à s’obstruer rapidement à cause des débris de rafles. Bien qu’un système de nettoyage automatique ait été prévu, cela crée une perte de temps. À la sortie du tapis, il n’est pas rare de voir des déchets restants partir avec la vendange. Ce qui fait dire à Gabriel Vialard, responsable d’exploitation au château Haut-Bailly, que la machine ne remplacera pas complètement l’homme. « Elle fait 90 % du travail, observe-t-il. En ajoutant deux personnes à la sortie, on obtient un meilleur travail qu’avec un tri classique. Pour moi, cela permettra surtout de se rapprocher encore de la perfection. » Lors de notre visite, la machine a capté en moyenne 82 % des corps étrangers, soit 257 interceptions à la minute.
De nombreuses améliorations à venir pour l’an prochain
Pour l’instant, l’heure est donc encore au développement. « Nous avons compilé des pages entières de remarques, et allons travailler cet hiver sur les améliorations », assure François Lalut. En premier lieu, il s’agit de changer le convoyeur, qui a causé de nombreux soucis. La couleur blanche du tapis, virant au rose au fil du tri, a notamment conduit l’ordinateur à confondre les taches et les baies roses. Deuxième amélioration prévue : une table vibrante sera ajoutée juste avant le tapis, pour éliminer les plus gros débris de rafles. « De plus, cela permettra d’avoir un flux constant et d’améliorer la qualité de travail », poursuit le dirigeant. Le diamètre du bec devrait également être réduit et l’aspiration augmentée, pour être plus précise et limiter les pertes collatérales. Le dernier chantier prévu, et pas des moindres, est d’optimiser le mouvement des bras, qui reviennent actuellement en position centrale après chaque aspiration. « Nous pourrions ainsi doubler la cadence de travail », estime François Lalut.
Au vu du premier essai, Gabriel Vialard est plutôt confiant. « Il y a eu beaucoup d’arrêts, ce qui est normal pour un prototype. Mais lorsqu’il fonctionnait bien, nous pouvions traiter trois tonnes par heure. Le nettoyage est facile, il se fait en quinze minutes, et la mécanique est simple puisqu’il n’y a qu’une pièce d’usure », confie-t-il. « Les techniques de l’optique et du bras sont au point, confirme le fabricant, le reste du travail c’est du réglage et de l’optimisation. » Un nouvel Alien, en présérie cette fois, devrait voir le jour pour la campagne 2018. Il est annoncé à un prix avoisinant les 150 000 euros.
Pour voir le bras Alien en fonctionnement, rendez-vous sur
vigne.reussir.fr
La rapidité et la fiabilité de déplacement du bras
La facilité de nettoyage
Le tapis qui part de travers et les becs qui se bouchent
Le coût de la technologie
La société CITF a également reçu en 2017 un financement de FranceAgriMer pour un projet de tri robotisé des grappes de raisins sur les lignes de réception post-vendange. « L’idée est d’avoir un automate paramétré sur l’état de maturité, qui choisisse d’envoyer les grappes soit vers une cuve 1, soit vers une cuve 2 », explique François Lalut, le PDG du groupe. Ce robot serait basé sur une technologie de reconnaissance optique et de spectrométrie infrarouge, permettant de caractériser des critères comme le taux de sucre, l’acidité ou encore les polyphénols. Un prototype doit être développé pour la vendange 2018, et le projet, en partenariat avec l’IFV et le château Cantemerle, doit courir jusqu’en 2019.