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Travail du sol : "le Viti Rider de Chassi’Nov mène deux rangs de vigne complets de concert"

Benjamin Duru, chef de culture girondin, a troqué le désherbage chimique pour le travail du sol sur une partie du domaine grâce au bon débit de chantier du châssis Viti Rider.

Le Viti Rider L de Chassi'Nov permet de travailler deux cavaillons complets en un passage, à une vitesse élevée.

« C’est une machine révolutionnaire ; un concept unique au monde. » C’est par ces mots enthousiastes que Benjamin Duru, chef de culture aux Vignobles Roux, à Gornac, en Gironde, décrit le Viti Rider de Chassi’Nov. Ce châssis de travail du sol permet en effet de nettoyer le cavaillon de deux rangs entiers simultanément. C’est d’ailleurs ce qui l’a séduit fin 2022.

Il faut dire que Benjamin Duru gère environ 200 hectares de vigne dans l’Entre-deux-mers, et qu’entre la crise et le manque de chauffeurs, un bon débit de chantier était primordial. « L’objectif est de travailler 90 à 100 hectares sous le rang, sachant qu’on n’avait jamais désherbé mécaniquement avant », confirme-t-il. Ce châssis, conçu par son cousin, lui permet de faire un maximum de surface en peu de temps. Faute de quoi, le passage au travail du sol sous le rang n’aurait pas été jouable.

Un débit de chantier de 12 à 15 hectares par jour

Imposant, ce châssis mesure 3,45 m de large replié. « Même s’il se rétracte bien, il faut faire attention sur route », avertit Benjamin Duru. Par ailleurs, cet encombrement implique d’avoir des tournières conséquentes ou de faire de nombreuses manœuvres. « Avec le gyro à l’arrière, voire une rogneuse à l’avant, il faut bien 8 ou 9 m de tournières de la culée jusqu’au bout pour être à l’aise », estime le chef de culture. Les tournières du domaine variant de 7 à 9 m, il est parfois contraint de manœuvrer. Une petite perte de temps négligeable au regard du temps gagné grâce au débit de chantier de l’appareil.

 

 
Le Viti Rider L est imposant : il mesure 3,45 m de large replié, ce qui implique d'être vigilant sur route et d'être doté de tournières conséquentes.
Le Viti Rider L est imposant : il mesure 3,45 m de large replié, ce qui implique d'être vigilant sur route et d'être doté de tournières conséquentes. © C. de Nadaillac

Benjamin Duru souligne par ailleurs que le châssis est malgré tout maniable, grâce au montage entre roues. « Ce positionnement procure en outre une bonne visibilité et nous permet de travailler vite, jusqu’à 8 km/h », rapporte-t-il. Si les conditions sont bonnes et la terre prise au bon moment, il peut abattre 90 hectares en une semaine.

Une bonne puissance du tracteur est de mise

Le châssis est installé sur un tracteur John Deere 5090 M de 90 ch, qui tourne à environ 1 800 tr/min. « Mais il manque légèrement de puissance, observe Benjamin Duru. Le matériel étant lourd (environ deux tonnes avec les outils interceps), il faudrait 120 ch minimum pour être à l’aise. » Et ce d’autant plus que le chef de culture cumule plusieurs travaux, toujours dans l’optique de gagner du temps et de baisser les coûts de production. Lors de notre reportage, en mai, il passait une tondeuse interrang à l’arrière en même temps que des disques émotteurs et des doigts Kress, pour une vitesse moyenne de 6 km/h.

 

 
Les doigts Kress travaillent toujours, à l'inverse des disques émotteurs. Benjamin Duru les laisse cependant toujours sur les porte-outils, afin de maintenir un bon ...
Les doigts Kress travaillent toujours, à l'inverse des disques émotteurs. Benjamin Duru les laisse cependant toujours sur les porte-outils, afin de maintenir un bon équilibre. © C. de Nadaillac

Benjamin Duru va aussi tester sa combinaison d’interceps avec des griffes ou des disques dans l’interrang. Et compte bien atteler en plus une rogneuse frontale. Pour cela, il prévoit de monter une centrale hydraulique, car même si le châssis ne demande qu’un faible débit hydraulique pour écarter les bras, un supplément d’huile est nécessaire pour la rogneuse. Il n’a malheureusement pas pu tester cette configuration cette année : entre la pression mildiou record et l’arrêt maladie de son chauffeur, il n’a travaillé ses cavaillons qu’une seule fois, lors de notre reportage.

Une prise en main simple et rapide

À terme, l’objectif de Benjamin Duru est de réaliser trois à quatre passages par saison, selon la météo : un premier en post-vendange, pour buter légèrement les vignes, un second au début du printemps, pour remettre à plat, puis un ou deux passages durant la saison, pour nettoyer ce qui aura repoussé. Le tout, avec ses disques émotteurs et doigts Kress. « Je n’ai pas d’autres outils », glisse-t-il.

 

 
Benjamin Duru monte des disques émotteurs et étoiles Kress sur les porte-outils.
Benjamin Duru monte des disques émotteurs et étoiles Kress sur les porte-outils. © C. de Nadaillac

Il estime que cet engin est facile à prendre en main. « Au départ, il faut un peu tâtonner pour trouver les bons réglages des outils, témoigne Benjamin Duru. Mais celui qui sait conduire se débrouille vite avec. » Il convient qu’il faut être vigilant lorsqu’on travaille avec ce châssis, mais il n’a constaté que peu d’arrachages de ceps. « Il faut faire attention aux pieds morts ou par terre, ainsi qu’aux fils de fer qui traînent, prévient-il. Sinon, ils se coincent dans les disques. » Au niveau des pannes, il a eu quelques soucis lors de la mise en route, mais plus rien depuis.

« Il est conçu pour tenir dans le temps »

Pour ce qui est des réglages, un joystick en cabine permet de gérer la levée du châssis et l’écartement des bras. Le réglage des outils (inclinaison, etc.) se fait quant à lui à l’extérieur. « Il y a des clavettes à lever et tourner, et le tour est joué », rapporte le chef de culture. Le nettoyage est rapide : il faut juste ôter la poussière des glissières et la terre qui peut s’être collée, ce qui prend environ 15-20 minutes. Quant à l’entretien, il est réduit à sa plus simple expression : « à part lubrifier les glissières d’écartement, il n’y a rien à faire », note Benjamin Duru.

Le chef de culture pointe un autre atout : le Viti Rider est rapidement démontable, même si, pour sa part, il préfère le laisser à demeure. Il signale par ailleurs que ce châssis est costaud, et conçu pour tenir dans le temps. Un point non négligeable vu le coût de l’investissement, de l’ordre de 45 000 euros ; un prix auquel il faut ajouter celui des outils et la consommation en carburant, loin d’être anecdotique. Selon Benjamin Duru, le tracteur équipé du châssis et du gyro brûle entre 12 et 13 litres de GNR à l’heure. Mais « tout dépend de la terre, nuance-t-il. Chez nous, les sols n’avaient jamais été travaillés et étaient donc très tassés, ce qui implique de forcer pour les décompacter. »

repères

Vignobles Roux

Surface environ 200 hectares dans l’Entre-deux-mers

Dénomination AOC bordeaux

Encépagement merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec

Largeurs interrangs 2,50 et 3 m

Types de sols argileux et argilo-limoneux

fiche technique

Viti Rider L de Chassi’Nov

Largeur hors tout environ 3,45 m en position route

Poids 2 tonnes avec outils

Hydraulique en configuration standard (utilisation avec disques émotteurs et doigts bineurs), ne nécessite pas de centrale hydraulique

Prix 45 000 à 49 000 euros HT selon les options, sans les outils de désherbage

Éligible aux aides à l’investissement

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