Sécheresse 2022 : comment le gouvernement tente d’anticiper les conséquences sur l’agriculture
Le gouvernement a réuni les directeurs des Agences de l’eau et les professionnels agricoles pour tenter dresser le constat et tenter de prendre des mesures visant à limiter l’impact de la sécheresse qui s’installe sur la France.
Le gouvernement a réuni les directeurs des Agences de l’eau et les professionnels agricoles pour tenter dresser le constat et tenter de prendre des mesures visant à limiter l’impact de la sécheresse qui s’installe sur la France.
[Mis à jour le 19 mai]
« On n'annonce pas d'eau avant 15 jours, trois semaines minimum. […] On est très inquiet », alerte ce matin Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA et président de la Chambre d’agriculture de Vendée, sur France info. Le thermomètre monte et les agriculteurs s’inquiètent du déficit hydrique qui s’accentue dans de nombreuses régions de France. Une préoccupation entendue par le gouvernement qui a réuni lundi 9 mai les directeurs des Agences de l’eau et les professionnels agricoles.
Sécheresse : "À la période où nous sommes, c’est le moment le plus crucial pour le grossissement du blé", s'inquiète le vice-président de la FNSEAhttps://t.co/DXI2fHoEJE pic.twitter.com/IImFlEG2aX
— franceinfo (@franceinfo) May 10, 2022
Un déficit de précipitations de 19% depuis septembre
A l’issue de cette journée premier constat du ministère de l’écologie : « entre septembre 2021 et mars 2022, la recharge des nappes est en déficit d’environ 20%, les régions les plus concernées étant le Grand Est, le Nord, l’Aquitaine, la Bretagne, Paca et la Corse. A cela s’ajoute un déficit de pluviométrie de 25% en avril par rapport à la norme de référence. De septembre à avril, le déficit de précipitations a été de 19%, ce qui est équivalent à l’année 2019 », selon le cabinet de Berangère Abba, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la biodiversité. « Les sols sont excessivement secs, notamment en Paca, dans le Grand Est, en Lozère, dans le Cantal, la Côte d’or, la Meuse ou encore le Nord Pas de Calais », poursuit-il. Et selon les prévisions saisonnières trimestrielles de Météo France, « le risque de sécheresse cet été est très probable, avec un été plus sec et plus chaud que la normale », souligne le cabinet de la secrétaire d’Etat.
Le comité d’anticipation et de suivi hydrologique (Cash) doit se réunir la semaine prochaine pour établir une carte des risques de sécheresse département par département.
15 départements au-dessus du stade de vigilance
« 15 départements ont dépassé le stade de vigilance : 7 sont en alerte, 6 sont en alerte renforcée et 2 sont partiellement en crise » souligne le ministère de la Transition écologique, la consultation des arrêtés d’eau étant disponible et actualisée chaque jour sur le site propluvia.
« La sécheresse aura un impact sur la production de céréales »
Si les conséquences de la sécheresse sur l’agriculture sont encore dures à quantifier, après avoir consulté les professionnels agricoles, le cabinet du ministre de l’Agriculture l’affirme : « la sécheresse aura un impact sur la production de céréales ». Sur les cultures d’hiver (blé, orge…), la sécheresse pourrait flétrir les grains et ainsi réduire le rendement, en particulier dans les zones où les sols sont superficiels. Sur les cultures de printemps (maïs, betterave, tournesol…), le déficit d’eau concerne un stade de développement critique des plantations et pourrait remettre en cause leur production, reconnaît-on au cabinet du ministre de l’Agriculture. Sur la production d’herbe, après un début de printemps plutôt favorable, la pousse d’herbe est aujourd’hui ralentie.
Que fait le gouvernement face à cette situation ?
Face à cette situation, le gouvernement met en avant « sa stratégie d’anticipation », et ce « alors que la sécheresse vient percuter une situation internationale déjà compliquée » par la guerre en Ukraine.
Dès le 13 avril, lors d’une réunion avec les préfets coordonnateurs des sept bassins hydrographiques, les ministres Barbara Pompili, Julien Denormandie, Agnès Pannier-Runacher et Bérangère Abba ont annoncé la décision d’augmenter en 2022 de 100 millions d’euros le plafond des dépenses des Agences de l’eau. Et ce pour notamment pour optimiser les retenues d’eau existantes et en créer de nouvelles.
Dans le contexte de #sécheresse que subit notre pays, mobilisation des agences de l’eau avec @b_abba
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) May 9, 2022
Nous avons débloqué 100 millions d’euros pour accroître leurs capacités d’action. pic.twitter.com/xKYjhUyGmN
20 millions de plus pour aider les agriculteurs à s’équiper
Afin d’aider les agriculteurs à investir à court terme dans du matériel permettant des économies d’eau, comme un système d’irrigation plus performant, le gouvernement a décidé ce lundi 9 mai de doubler l’enveloppe du guichet d’aide à l’achat d’équipements agricoles innovants (dans le cadre de France 2030) pour atteindre 40 millions d’euros. Ouvert depuis le 8 avril, la téléprocédure de demande d’aide a déjà reçu des dossiers pour l’équivalent de 17 millions d’euros d’aide selon le ministère de l’Agriculture.
L'Etat met à disposition des agriculteurs certaines surfaces en herbe
Autre annonce : la mise à disposition des agriculteurs des surfaces en herbe d’établissements publics, de foncier de l’Etat, d’aéroports, de réseaux ferroviaires ou encore de camps militaires pour fournir du fourrage pour le bétail. Le potentiel est de quelques centaines de milliers d’hectares. « Dans certains cas, il existe déjà des conventions avec les agriculteurs, l’idée est que ces démarches soient optimisées » précise le cabinet du ministre de l’Agriculture.