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Chronique Météo
Sécheresse du printemps 2022 : la situation s’aggrave

La pluie se fait rare en ce début de printemps et le manque d'eau commence à peser sur les cultures agricoles. Le point avec Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK.

Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK.
Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK.
© ITK

[Mis à jour le 19 mai à 11h21]

Les précipitations sont déficitaires pour le quatrième mois consécutif en France. Les quelques incursions pluvieuses des mois de mars et avril n’ont pas permis au sol agricole de retrouver un niveau hydrique satisfaisant.

Si la sécheresse n’était pas problématique entre janvier et mars, elle entame dorénavant la saison culturale et les premiers impacts se font ressentir sur les sols superficiels des grandes cultures. Il est important de regarder la sécheresse et la gestion de l’eau dans leur globalité, non seulement à travers les épisodes de fortes précipitations, mais également ceux d’évapotranspiration qui affectent les rendements et fragilisent la qualité des produits. Etat des lieux.
 

Un quatrième mois déficitaire

Avril 2022 s’est terminé avec un déficit de -25% des précipitations à l’échelle nationale. A l’échelle régionale, la situation est très hétérogène due à quelques passages pluvieux conséquents. Le cumul est ainsi excédentaire de Le Mans jusqu’à l’Est ainsi que sur les Alpes du Nord et la Corse. Mais les précipitations, tombées en excès sur quelques jours, n’ont pas été suffisamment efficaces pour les sols agricoles. Les précipitations ont été plus efficaces sur la partie ouest du Massif Centrale. Les sols agricoles ont vu leur indice d’humidité remonter.

Au contraire, les précipitations ont été quasiment absentes sur le nord de la France et le lyonnais où il est tombé localement moins de 20mm.

 

Avril est donc le 4ème mois déficitaire à l’échelle française : -41% en janvier, -38% en février, -38% en mars et -25% en avril. Sur les 4 premiers mois, le cumul moyen est le plus faible depuis 11 ans. Il se retrouve au niveau des sécheresses de 1976, 1993, 1997 et 2011.

 

 

Des sols aussi secs qu’en juin

La conséquence de cette sécheresse est un assèchement progressif des sols. Le mois d’avril termine avec un indice d’humidité des sols de 0,63. Du fait de quelques épisodes pluvieux, cet indice n’enregistre pas un niveau record mais se situe dans la tranche basse des statistiques françaises. Suivant les régions, l’indice d’humidité des sols se situe à des niveaux observés habituellement fin mai, voire mi-juin.

L’augmentation de la température favorisant l’évapotranspiration et la reprise végétative, le déroulement du mois de mai est d’autant plus crucial. L’indice devrait fortement diminuer s’il ne pleut pas.

 

Conséquences physiologiques sur les céréales

Le blé se situe actuellement dans le stade de montaison pour les plus tardifs au stade épiaison pour les plus précoces. C’est durant ces périodes que trois principales composantes du rendement se mettent en place :

  • Pour la montaison : une sécheresse peut ainsi réduire le nombre d’épi par plante et le nombre de grains par épi.
  • A partir de l’épiaison : une sécheresse peut fortement affecter le remplissage des grains. On parle d’une diminution du poids de milles grains (PMG).

Quel que soit le stade phénologie du blé, cette sécheresse intervenant à des stades sensibles peut ainsi potentiellement le volume de production. La sécheresse affecte déjà ces composantes du rendement sur les sols superficiels, c’est-à-dire ceux qui sont peu profond avec une faible réserve en eau. Le potentiel du rendement commence donc à diminuer. La situation n’est pas encore aussi défavorable pour les sols profonds.

Autre point, la période de remplissage des grains est la plus sensible au manque d’eau (les nutriments n’étant pas drainés des feuilles vers les grains). Si la pluie revient au cours du mois de mai, le remplissage des grains peut encore être optimal (PMG, poids de milles grains), compensant en partie la diminution de potentiel.

Figure de Arvalis :

 

Quelles projections pour les jours à venir ?

Les prévisions pour ce printemps ne sont pas optimistes jusqu’à mi-mai. Aucune précipitation significative n’est prévue dans le nord de la France. D'ici le 11 mai, la sécheresse devrait s'étendre à tous les bassins de production de blé tendre, la moitié du blé dur et les trois quarts de l'orge. Le Bassin parisien (étendu) serait particulièrement concerné.

D’après les prévisions du Giec, nous observons qu’une sécheresse va s’installer au printemps et de manière encore plus intense en été, causant des sécheresses importantes dans les années à venir. Alors qu’au contraire qu’il va y avoir une augmentation des précipitations en automne, et en hiver. Il va falloir apprendre à s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques.

En 2021, le rapport Changement climatique, eau, agriculture : Quelles trajectoires d’ici 2050 ? , établi par le Ministère de la Transition écologique et le Ministère de l’Agriculture souligne également la convergence des thèmes eau et carbone dans l’agroécologie : la conservation ou la restauration des sols sont au cœur de ces deux problématiques, les techniques d’agriculture de conservation (ACS) permettant à la fois de réduire l’évapotranspiration du sol, d’y séquestrer du carbone, et d’augmenter sa capacité de rétention de l’eau.

Espérons maintenant que les précipitations reviennent après le 11 mai pour permettre au PMG (poids de milles grains) de compenser les effets de la sécheresse printanière.

 

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