Résultats économiques de l’agriculture française : une hausse de 11,5% en trompe-l’œil
Comme annoncé en décembre dernier, les résultats économiques de l’agriculture française se sont améliorés en 2021 après une année 2020 difficile et avant la flambée des coûts de 2022, avec la guerre en Ukraine.
Comme annoncé en décembre dernier, les résultats économiques de l’agriculture française se sont améliorés en 2021 après une année 2020 difficile et avant la flambée des coûts de 2022, avec la guerre en Ukraine.
L’Insee vient de publier les Comptes de l’agriculture nationale de l’année 2021 et annonce des indicateurs de résultats en hausse : avec une progression de 11,5% de la valeur ajoutée par actif en brut (y compris les subventions), après une baisse de 1,1% en 2020 et de 15,4% en net.
L’arboriculture et la viticulture pénalisées par le gel
Faut-il pour autant s’en réjouir ? « En 2021, on sortait de la crise du Covid-19 et l’activité agricole était stimulée par la reprise de la demande sur les marchés domestiques et à l’exportation », rappelle Chambre d’agriculture France dans une analyse des comptes de l’agriculture française 2021. Par ailleurs cette croissance n’est pas générale et deux secteurs ont subi de forts incidents climatiques : l’arboriculture et la viticulture. Pire « il faut bien admettre que si le calendrier de la statistique agricole (la Commission des comptes de l’agriculture nationale se tient en juillet, ndlr) nous renvoie à une année 2021 plutôt favorable pour l’agriculture, il est difficile de ne pas penser à l’actualité d’aujourd’hui où la guerre en Ukraine fait craindre des difficultés pour l’ensemble de l’agroalimentaire national », rappelle la note des Chambres d’agriculture.
Hausse des prix agricoles
Pour autant, on peut retenir quelques enseignements des statistiques des comptes de l’agriculture nationale pour 2021 :
- Les bons résultats que l’agriculture française a obtenus en 2021 l’ont renforcé dans sa position de leader dans l’agriculture européenne. Elle réalise ainsi la valeur ajoutée agricole la plus élevée de l’Union européenne avec 35.1 milliards d’euros de valeur ajoutée brute devant l’Italie (32.7 milliards d’euros), l’Espagne (29.7 milliards) et l’Allemagne (19.4). On remarquera au passage que la Pologne avec 8,5 milliards d’euros talonne désormais les Pays Bas (10.8).
- En 2021, la conjoncture agricole a été bénéfique à l’ensemble des régions, à l’exception notable de la région Paca dont les résultats sont en chute de 4,3% à 33 300 euros par actif en raison de l’impact des épisodes de gel au printemps sur les productions fruitières et viticoles de la région. En Haut du podium, l’Ile-de-France et le Centre-Val de Loire voient respectivement leur valeur par actif croître respectivement de 52.8% (à 101 600 euros) et de 38.9% (à 105 000 euros).
- En 2021, les grandes cultures ont bénéficié d’une conjoncture exceptionnelle : avec une hausse de la demande mondiale et une baisse de l’offre des concurrents ayant subi une météo très défavorable. La production des céréales a ainsi crû de 17.2% en volume et de 28.8% en prix. Pour les oléagineux, les croissances sont respectivement de 6.7% et 44,2%.
- La viticulture, elle, affirme son poids dans l’agriculture française avec une production de 7.9 milliards d’euros de vins d’appellation d’origine (+9.1% en prix) et de 2.6 milliards d’euros de vins courants (+4.5% en prix). Les volumes ne sont en revanche pas au rendez-vous à cause des épisodes de gel avec un recul respectivement de 15,5% et 23%.
- Pour l’arboriculture, également touchée par de forts épisodes de gel, la production recule de 17% en volume et progresse de 11.3% en prix.
- Du côté des productions animales, les marchés domestiques de viande retrouvent de l’animation après une année 2020 difficile. Certes les volumes décroissent de 2.1% avec dans le détail une baisse : de 3.2% pour les gros bovins, de 2.5% pour les porcins, de 2% pour les ovins-caprins, de 1.3% pour les veaux, de 1.7% pour les volailles et de 2% pour le lait. Les prix (hors subventions) progressent en revanche pour leur part de 3.9% tirés par les hausses du prix des gros bovins (+5.9%), des veaux (+6.9%), des ovins-caprins (+8.7%), des volailles (+6.5%) et du lait (+4.3%).
- Avant même le début de la guerre en Ukraine, les consommations intermédiaires de la branche agricole ont augmenté de 3.3% en valeur après un recul de 0.9% en 2020. L’augmentation du prix des achats s’explique essentiellement par la remontée des prix de l’énergie (+20.7%) et la hausse des achats d’aliments pour animaux (+10.9%).