Relevage des vignes : s’équiper pour gagner en efficacité
Le relevage manuel reste une opération longue, récurrente et fastidieuse. Heureusement, les solutions techniques évoluent pour gagner en confort de travail et en efficacité.
Le relevage manuel reste une opération longue, récurrente et fastidieuse. Heureusement, les solutions techniques évoluent pour gagner en confort de travail et en efficacité.
S’il existe des machines pour réaliser le relevage des vignes, la mécanisation de cette opération n’est pas toujours possible. Certains ports de vigne, certains types de taille, certains cépages à port retombant comme le merlot ou encore le relief peuvent empêcher de réaliser l’opération correctement. « Je connais des viticulteurs qui se sont mécanisés et qui ont fait le choix au final d’abandonner la mécanisation du palissage », constate Jean-Marie Leclercq, gérant de CEP Consulting, qui réalise des tests et dispense des conseils sur les équipements de palissage. La mécanisation ne dispense pas d’intervenir manuellement après le passage de la machine, pour relever les sarments qui sont passés au travers ou séparer les sarments rassemblés en paquets.
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Réalisé manuellement, le relevage est une opération fastidieuse. Pour accrocher le fil, le palissage avec des profilés intégrant des encoches ou des linguets peut s’avérer la solution la plus séduisante. Ces systèmes d’accrochage, souvent placés tous les 10 cm, permettent de déplacer les fils releveurs à la hauteur souhaitée au fur et à mesure du développement de la végétation. Cependant, les linguets des profilés peuvent souffrir et se plier, notamment au passage des secoueurs de machines à vendanger. S’il est possible de les redresser, à la longue, ils peuvent finir par se casser. « Dans le Sud, je connais bon nombre de viticulteurs qui ont été déçus par des profilés souvent sous-dimensionnés et pas adaptés à leurs contraintes de palissage (charge, vent, mécanisation) : alors ils sont revenus aux cornières sur lesquelles ils fixent des barrettes, constate Jean-Marie Leclercq. C’est un bon compromis coût, robustesse, longévité. Si besoin, il n’y a que la barrette à changer et non tout le piquet. »
Des barrettes de différentes qualités
Concernant les barrettes, le marché propose différents matériaux et différentes dimensions. Il faut adapter le choix du support au type de piquet et la largeur du support par rapport à la largeur du piquet. Plus elles sont larges, plus elles seront exposées aux accrochages par les machines et donc sujettes à se déformer et à casser. Pour ce qui est des matériaux utilisés pour les barrettes, le choix s’opère entre les modèles en matière plastique et les modèles métalliques. « Ces dernières peuvent être redressées lorsqu’elles sont pliées, annonce Jean-Marie Leclercq, avec un risque de casse et sans compter le temps de réparation. Les quelques comptages que j’ai pu réaliser dans des parcelles entières montrent très peu de casse sur les barrettes en plastique qui semblent bien encaisser les chocs. » Le consultant met en garde également sur le mode de fixation de la barrette au piquet : « les boulons métalliques finissent par rouiller et se gripper, ce qui peut nécessiter l’utilisation d’une disqueuse au moment du changement de la barrette ».
Les écarteurs se dimensionnent en fonction des cépages
Les écarteurs sont une solution qui se développe de plus en plus avec le travail du sol. En tenant les fils releveurs en place et écartés, ils permettent à la végétation d’être maintenue entre les fils en début de saison. Les fils ne traînent plus au sol, ce qui facilite le travail du sol, sans avoir à retirer et réinstaller les fils de relevage au niveau du piquet de tête. Les caractéristiques et dimensions des écarteurs doivent bien sûr être adaptées à la hauteur des vignes aux écartements entre rang, aux cépages et aux types de taille. « Selon la nature du cépage et le mode de taille, le cône de végétation sera plus ou moins large, explique Jean-Marie Leclercq. Il faut donc que les écarteurs soient de longueur et d’amplitude d’écartement (angles) adaptés. »
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Des fils « élastiques » pour relever plus de végétation
Pour gagner en efficacité, certains viticulteurs s’équipent de fils en matière synthétique (polyester). « Leur élasticité permet d’aller chercher des rameaux beaucoup plus loin et donc de relever une plus grande longueur d’un coup », explique Jean-Marie Leclercq. Les fils synthétiques sont aussi plus faciles à accrocher. Mais attention, il est nécessaire de poser des supports limitant les phénomènes d’abrasion du fil sur les piquets de rang. Pour retrouver les bénéfices de l’élasticité avec des fils métalliques, il est possible d’insérer un ressort entre le fil releveur et le piquet de tête.
S’agissant des propriétés des fils métalliques, ceux-ci finissent par s’allonger avec le temps. Une des solutions consiste à détacher les fils releveurs et à les rattacher pour retendre, au risque avec le temps de se rompre. L’emploi de chaînettes entre la coulisse et les fils releveurs permet d’ajuster la tension des fils et de rattraper l’élongation. En outre, cet ensemble coulisse-chaînette permet de maintenir les fils releveurs lorsqu’on les accroche à une position basse sur le piquet de tête.
Pour ce qui est des coulisses, leur dimensionnement et leur forme sont à aviser en fonction des caractéristiques du piquet de tête : la forme, le diamètre ou la section du piquet doit correspondre aux dimensions intérieures de la coulisse. Elle ne doit pas être trop large, afin qu’elle ne soit pas de travers et que les deux fils releveurs soient au même niveau. Les coulisses à bosse facilitent leur maintien à la bonne hauteur, la bosse assurant un meilleur maintien en position : lorsqu’on pose le premier des deux fils releveurs ; elle n’a pas tendance à tourner.
Des agrafes plus ou moins dégradables
Pour tenir les fils releveurs ensemble, il existe toute une diversité d’agrafes. Le modèle d’agrafe est à décider en fonction de la charge foliaire et être en adéquation avec la résistance initiale de l’agrafe, avec des écartements entre fils de 15, 20, voire 40 mm et plus. Ce choix est fortement lié à la région. Les agrafes métalliques ou en plastique réutilisable sont de moins en moins utilisées. Récupérer les agrafes sur les fils ou tombées au sol est en effet long et fastidieux. Les viticulteurs leur préfèrent les modèles dégradables. Les matières qui les composent sont prévues pour ne pas nuire au vin (qualité alimentaire), lorsqu’elles se retrouvent dans la vendange. Les agrafes vont se dégrader sous l’effet du soleil, de la température, des UV : c’est la dégradation physico-chimique. Puis elles sont cassées en fin de saison, tombent sur le sol et doivent se dégrader biologiquement sous l’effet des micro-organismes.
Au sujet de la dégradation biologique, Jean-Marie Leclercq observe « une grande variabilité dans les vitesses de dégradation, certaines agrafes n’ayant pas perdu 1 % de leur masse à l’issue d’un protocole de dégradation biologique défini par CEP Consulting (4 mois dans le palissage, 3 mois sur le sol et 6 mois dans le sol) quand d’autres ont perdu 26 % de leur masse. Des essais complémentaires réalisés dans le cadre du projet Matagraf 2017, en relation avec l’Inrae, le Fare et CB ont mis en évidence que la perte de masse correspondait bien à une minéralisation des agrafes. » Le consultant décerne un certificat de dégradabilité biologique dès lors que le seuil de 20 % est atteint à l’issue des treize mois de test. Pour ce qui est de la matière employée dans ces agrafes biodégradables, on trouve des modèles 100 % plastique, d’autres combinant plastique et extraits végétaux ou encore des versions 100 % végétales. Parmi elles, celles en bois ont une résistance dépendante de l’humidité. Le choix de l’agrafe et de sa résistance est à prendre en compte en fonction des profils de vignes (hautes, basses, étroites, etc.) et de ce que l’on souhaite en faire. Privilégiez les agrafes à faible résistance, si elles ont vocation à être remplacées par d’autres agrafes lors du second relevage.