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Situation sanitaire du vignoble
Relancer la recherche sur les maladies du bois

L’échec des recherches sur les maladies du bois, fléau sanitaire, conduit les responsables professionnels à revoir la feuille de route en matière d’organisation de la recherche. Face à la nécessité de mobiliser davantage de financement, certains s’interrogent sur la création d’une fondation.

La recherche sur les maladies 
du bois risque de durer longtemps, 
voire très longtemps. 
“ Peut-être cinquante ans ”, avance le CNIV.
La recherche sur les maladies
du bois risque de durer longtemps,
voire très longtemps.
“ Peut-être cinquante ans ”, avance le CNIV.
© J.-C. Gutner

Six millions d’euros par an : c’est ce que coûteraient les maladies du bois au vignoble français, selon les estimations du Comité national des interprofessions viticoles (CNIV). En moyenne, il faudrait en effet remplacer deux pieds par hectare chaque année. S’il y a urgence à trouver des solutions, les maladies du bois sont loin d’être endiguées : ce fléau reste pour l’instant une énigme scientifique, et ce malgré des années de recherche menées sur la question. La situation a poussé les responsables professionnels à revoir la stratégie menée jusqu’alors et à se pencher sur la question du financement de la recherche.
Dans un premier temps, une mobilisation supérieure du fonds national viticole pour la recherche et la promotion a été évoquée. Il été envisagé de doter la recherche de trois millions d’euros au lieu de deux les années précédentes. Mais, “ il n’y a pas de programmes de recherche à mettre en face ”, explique le CNIV. Par ailleurs, le co-financement, obligatoire pour l’utilisation du fonds viticole, est délicat à mettre en place après deux petits millésimes qui ont diminué le montant des CVO.
Du coup, avec les projets Casdar et le travail mené par l’IFV, la recherche sur les maladies du bois devrait poursuivre son petit train-train en 2014. Le réveil pourrait, dans un premier temps, se faire par la voie de l’Europe où l’IFV travaille activement à obtenir le financement d’un programme de recherche focalisé sur les maladies du bois dans le cadre du plan “ Horizon vingt vingt ” qui doit débuter en 2014. “ Nous avons récemment sensibilisé les eurodéputés sur la question ”, indique Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, directeur général de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). Ces programmes se focaliseraient principalement sur la recherche fondamentale. Le réseau de laboratoires de recherche est déjà constitué avec l’obtention du label européen Cost.



Vers la création d’une fondation ?


Au niveau français, l’opportunité de créer une structure indépendante pour financer et avoir la maîtrise de la stratégie de recherche sur les maladies du bois a été mise sur la table. Informelle ou associative, elle pourrait également prendre la forme d’une fondation. “ L’intérêt d’une structure indépendante est de forcer tout le monde à se positionner ”, commente le CNIV. La recherche sur les maladies du bois risque de durer longtemps, voire très longtemps. “ Nous sommes peut-être pessimistes mais cela peut prendre cinquante ans. Il faut que tout le monde en ait conscience ”, poursuit le CNIV, qui dresse le parallèle avec la recherche sur le cancer. “ Ce qui veut dire que nous devrons lever l’impôt auprès de tous ”, un message directement adressé à ceux qui ne payent pas de CVO ou ne financent pas la recherche à travers leur CVO, soit, selon le CNIV, environ 50 % des vignerons.
La création de cette structure répond à une stratégie de forte montée en puissance des efforts de recherche. L’opportunité d’une telle stratégie va être étudiée en 2014. Un ou plusieurs experts devraient être mandatés pour dresser un bilan critique des recherches menées jusqu’alors et redéfinir les champs possibles. “ Il s’agit de se demander si certaines pistes n’ont pas été oubliées et de voir comment on peut redéfinir les stratégies sans poser de limite de spécialités. Faut-il aller au-delà des spécificités viticoles ? ”, s’interroge André Ségala, directeur du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne. De quoi faire échos au débat scientifique qui a éclaté l’année dernière suite aux recherches menées en Suisse qui laissent planer un doute sur le rôle des champignons dans l’expression des maladies du bois, thèse ardemment réfutée par les chercheurs français pour qui la responsabilité des champignons n’est pas à remettre en question. La recherche française pêche aussi par un clivage qui s’est cristallisé autour de l’efficacité des trichodermas.
Par ailleurs, le secteur privé souhaiterait également pouvoir être mieux associé et se poser en tant que partenaire. “ Toutes les démarches que nous avons entreprises pour s’intégrer à des programmes de recherche n’ont pour l’instant trouvé qu’une fin de non-recevoir ”, regrette, un peu amer, Miguel Mercier, des pépinières Mercier. Pourtant, ce seront bien les privés qui porteront aux viticulteurs quelques-unes des solutions de demain…

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