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Quels effets de l’herbe et du travail du sol sur le risque de gel en viticulture ?

Avec la limitation du glyphosate, les situations enherbées ou travaillées vont devenir de plus en plus fréquentes. Or elles n’ont pas le même impact sur le gel. Basile Pauthier, spécialiste sur le sujet au Comité champagne nous explique le pourquoi et le comment.

Un enherbement trop haut ou un travail du sol trop récent peut aggraver les effets du gel de printemps. © J.- C. Gutner
Un enherbement trop haut ou un travail du sol trop récent peut aggraver les effets du gel de printemps.
© J.- C. Gutner

Quels sont les effets d’un travail du sol vis-à-vis du gel par rapport à un désherbage chimique ?

Un travail du sol récent (datant de 3 à 4 jours) crée des conditions favorables au gel, dans le cas d’une gelée radiative (blanche). En effet, le sol fraichement retourné évapore son eau et relargue de l’humidité, qui est un facteur aggravant lors du gel, car elle augmente la sensibilité des bourgeons. Le travail du sol limite également la possibilité de captage du rayonnement solaire : un sol détassé emmagasine moins la chaleur.

Sur un gel advectif (gelée noire), le vent et les masses d’air sèches font que le travail du sol a moins d’impact, mais parfois les phénomènes radiatifs se superposent à la gelée noire. Lorsque le travail du sol a plus d’une semaine, la situation est moins critique car le sol a eu le temps de s’assécher. Quand on travaille les sols, je conseille de regarder la météo à une semaine pour voir si des risques de gels sont annoncés. En général, mieux vaut commencer dans la saison par travailler les parcelles qui n’ont pas un historique gélif, puis terminer par celles plus sensibles, lorsque le risque s’éloigne.

Pourquoi l’enherbement augmente le risque de gel et comment limiter ce risque lorsque l’on a choisi un tel itinéraire ?

Dans le cas de l’herbe, la composante humidité intervient dans une moindre mesure. L’effet par lequel la présence d’herbe augmente le risque de gel vient du fait que le sol emmagasine moins de chaleur durant la journée, car les plantes absorbent les rayonnements émis par le soleil. Donc il y a moins d’énergie relarguée par le sol pendant la nuit. Le gel radiatif provient justement d’un manque de rayonnement infrarouge !

Des expérimentations avec des plaques de polystyrène isolant ont montré que la présence d’un gazon, lorsqu’il est tondu raz, entraîne une différence négative de 0,2 à 0,3°C par rapport à un sol nu. Mais lorsque l’enherbement est haut et épais, ou dans le cas de mulchs épais de couleurs claires, la différence peut aller jusqu’à 1°C de moins par rapport au témoin. C’est pourquoi il est préférable de garder l’herbe assez rase, et de tondre si des gelées sont annoncées. L’idéal étant de ne pas le faire au dernier moment pour que l’herbe sèche et évite de relarguer de l’humidité au moment du gel.

Et que se passe-t-il dans le cas d’un couvert végétal de type engrais vert ?

En ce qui concerne le cas des engrais verts, en plus de capter le rayonnement solaire, ces couverts auront tendance à limiter l’écoulement de l’air froid. Plus ils seront hauts et plus ce sera compliqué. Leur présence tend donc à augmenter le risque de gel ou à aggraver les dégâts. Certains parlent d’un « effet bâche » protecteur dans le cas où le couvert végétal recouvre les bourgeons. Je suis vraiment sceptique sur ce point, car un couvert végétal n’est pas une barrière imperméable. Si l’air froid arrive à s’engouffrer dessous c’est pire que tout. Pour moi il est préférable de rouler le couvert s’il y a un risque de gelée annoncé.

approfondir

Pour aller plus loin sur la thématique du gel, vous pouvez consulter notre dossier du mois de mars sur les dispositifs de lutte collective oui celui du mois de décembre sur tous les moyens de lutter contre le gel.

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