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Les Français boivent davantage de vin pendant le confinement

L'Association européenne des économistes du vin (EuAWE) et la Chaire Vins et Spiritueux de l’INSEEC U ont mené une enquête auprès de huit pays européens sur la consommation d’alcool pendant le confinement. Voici les premières tendances qui se dégagent dans quatre de ces pays.

Après les supermarchés, le second canal d'approvisionnement en vins des confinés est... la cave personnelle!
© J.GRAVÉ

Bien qu’accessible jusqu’au dimanche 10 mai 18h, le questionnaire en ligne qui interroge sur les comportements de consommation d’alcool pendant le confinement dévoile déjà quelques grandes tendances. Les chercheurs en économie du vin à l’origine de ce questionnaire ont traité les données recueillies jusqu’au 30 avril en France, Italie, Espagne et Portugal. Si les analyses restent préliminaires, les quelques 6600 réponses collectées permettent toutefois de fournir des statistiques fiables. « Il faut cependant rappeler que l’échantillon ne se veut pas représentatif de la population des pays étudiés, mais s’adresse plutôt à une population de buveurs d’alcool et notamment de vin », indique le rapport en préambule.

Les Français boivent plus de vin, moins de bières

La fréquence de consommation de vin pendant le confinement est globalement en hausse, notamment en France ou 44% des sondés déclarent en boire plus qu’auparavant. Le plaisir de boire du vin est l'un des arguments principaux.  La consommation de bière et surtout de spiritueux est en recul. « La catégorie des 30 à 50 ans a le plus augmenté sa fréquence de consommation d’alcool, alors que les jeunes auraient plutôt moins fréquemment consommé », rapportent les chercheurs. Le revenu joue un rôle primordial dans le comportement, avec une hausse de la consommation de vin pour les revenus les plus élevés tandis que les revenus les plus modestes ont tendance à se tourner vers la bière.

Pas de boom de l’achat en ligne chez les consommateurs réguliers de vin

Le budget moyen pour une bouteille de vin a sensiblement baissé, alors que les achats se sont principalement faits en supermarchés. Toutefois, il est intéressant de relever que de nombreux consommateurs ont écoulé leurs propres stocks. « Les caves personnelles sont devenues le deuxième vecteur d’approvisionnement en vin derrière les supermarchés », notent les économistes. Légitimement, ceci « laisse présager une reconstitution des stocks vidés pendant le confinement », et potentiellement un rebond des achats de vin de garde.

Lire aussi l'interview de Pascale Hébel, directrice du pôle consommation et entreprise au Credoc : " Cette crise va renforcer la préoccupation pour l’origine locale de l'alimentation"

Les apéros digitaux explosent en France et en Espagne

Si le confinement a poussé quelques buveurs de vin à passer le cap de l’achat en ligne, notamment en Italie où 8,3% des répondants déclarent avoir acheté du vin pour la première fois sur Internet, une très grande majorité des sondés (80%) n’a pas utilisé ce canal. « On ne peut pas parler « d’amazonisation » de la consommation de vin », pointe le rapport. Les offres de vignerons ou de sites marchands semblent tout de même liés à une hausse de la consommation, traduisant un « marketing réussi ».

Les apéros digitaux boostent la consommation de vin en France où 46% des interrogés déclarent en consommer de cette façon, et en Espagne (20%). Ce mode de consommation concerne surtout les étudiants et les 30-50 ans habitant en zone urbaine. Un quart des participants à l’enquête se dit prêt à continuer ces apéros une fois le confinement terminé. « Cette pratique nouvelle pose beaucoup de questions en termes de marketing, de vente et de services pour les marchands d’alcools » soulèvent les chercheurs.

Vigilance sur les phénomènes d’addiction

La consommation seule est également en hausse, notamment chez les hommes à revenus modestes et sans emploi qui déclarent à la fois consommer plus de vin et de spiritueux. L’angoisse liée aux conséquences économiques de la crise sanitaire du Covid-19 est un facteur accentuant la consommation solitaire. Il est difficile d’estimer le développement potentiel des addictions, seule une hausse de la fréquence et non de la quantité étant mise en avant dans cette étude. Mais c’est sans aucun doute une tendance qu’il faudra suivre pour évaluer les répercussions en termes de santé publique.

Enfin, tout comme l’alimentaire, le vin bénéficie de la volonté de se recentrer sur les circuits courts. « 70% des répondants estiment qu’il faut privilégier l’achat de vin local en cette période de crise », notent les économistes. Un constat qui doit amener les producteurs à avoir une nouvelle réflexion sur la façon de « séduire et accueillir les acheteurs locaux », les débouchés à l’export pouvant être amenés à se réduire.

Les chercheurs précisent qu’aucun lien de causalité n’a pour l’heure pu être établi sur ces résultats préliminaires. « Toutes les interprétations faites sont donc à considérer avec beaucoup de prudence », insistent-ils. Il faudra donc attendre la synthèse finale de l'étude pour connaître les liens de cause à effet entre chaque paramètre. Patience !

Lire aussi l'interview de Marc Filser, professeur de marketing à l’université de Bourgogne : « Un réajustement de la distribution alimentaire est déjà engagé »

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