Mise en place d’une assurance socle : les avis divergent
Deux représentants de la filière viticole, deux avis différents sur le projet d'assurance socle. L'un y est favorable, l'autre pas.
"C’est une dégradation par rapport à la multirisque", estime Thomas Montagne, président des Vignerons indépendants de France
« La proposition actuelle d’assurance socle des assureurs ne nous satisfait pas. C’est une vraie
dégradation des garanties par rapport à l’assurance multirisque climatique actuelle. L’un des arguments mis en avant est qu’elle coûtera moins cher. Mais nous pensons que le prix sera équivalent. Voire supérieur pour les mêmes garanties que la multirisque, car il faudra souscrire des options non subventionnées. Par ailleurs, la franchise sera supérieure (30 %) et il y aura une obligation d’assurer l’intégralité de l’exploitation, ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous sommes favorables à la mise en œuvre de plusieurs autres solutions : la généralisation du Volume complémentaire individuel (VCI) et la Déduction pour aléas (DPA) en nature. Ce dernier système permet de sortir une partie des stocks en vrac du résultat de l’exploitation, pour éviter qu’il soit fiscalisé. Cela donne une petite capacité de trésorerie. On le réintègre dans la comptabilité lors de sa commercialisation. Nous étudions aussi l’intérêt d’un stabilisateur de revenus. »
" Il faut être responsable et couvrir les charges fixes", affirme Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin FranceAgriMer
« Je suis préoccupé par l’accentuation des phénomènes climatiques touchant la viticulture depuis plusieurs années et le fait que les surfaces impactées sont toujours plus nombreuses. Depuis l’arrêt des calamités agricoles, l’Etat ne garantit plus les pertes et certaines exploitations se retrouvent dans des situations très compliquées. Les contrats multirisques actuels sont jugés inadaptés et les garanties insuffisantes par rapport au coût. Je suis donc favorable à la création d’une assurance socle, couvrant les charges fixes opérationnelles, avec un ratio couverture du risque/cotisation acceptable par un plus grand nombre. Les chambres d’agriculture sont chargées de réaliser une étude pour déterminer ces charges fixes suivant les
bassins de production et la configuration de l’exploitation (vigneron indépendant ou coopérateur). La prise en charge pourrait être de 65 % si c’est l’Etat qui finance ou de 80 % si cela passe sur l’enveloppe OCM. Par ailleurs, j’estime que ce type d’assurance est complémentaire du VCI et de la DPA. »