Matière organique à la vigne : mode d'emploi
Les raisons d’apporter de la matière organique à la vigne ne manquent pas. Mais quelle forme privilégier ? Fumier d’ovin, compost de marc, broyat de bois de taille, compost de fumier de bovin, fientes, compost de déchets verts… Les options sont nombreuses. Voici les conseils des experts et des vignerons pratiquant ce type de fumure.
Les raisons d’apporter de la matière organique à la vigne ne manquent pas. Mais quelle forme privilégier ? Fumier d’ovin, compost de marc, broyat de bois de taille, compost de fumier de bovin, fientes, compost de déchets verts… Les options sont nombreuses. Voici les conseils des experts et des vignerons pratiquant ce type de fumure.
Quels sont les besoins de la vigne ?
Ils sont variables selon le type de sol (voir tableau ci-dessous), mais surtout selon le rendement et la vigueur souhaités. En moyenne, les besoins annuels de la vigne tournent autour de 50 à 60 kg/ha d’azote, de 10 kg/ha de phosphore, et de 60 kg de potassium.
« Mais ces quantités varient beaucoup selon le rendement souhaité, nuance Jean-Yves Cahurel, expert sol et matière organique à l’IFV. Plus il est important, plus la dose devra être élevée. » De son côté, le magnésium est moins indexé sur le rendement, puisqu’on en retrouve peu dans les baies. Il faut en apporter entre 10 et 20 kg/ha/an maximum.
Quand faut-il réaliser des fumures ?
Tout dépend du type de fertilisation que l’on souhaite effectuer. Pour un amendement, c’est-à-dire un apport qui va améliorer les caractéristiques du sol, la meilleure période se situe durant l’automne-hiver. « La matière organique se dégradera lentement, indique Jean-Yves Cahurel, ce qui convient parfaitement pour un apport de fond. »
En revanche, dans le cas d’un engrais, qui est destiné à aider la vigne, la fin d’hiver est plus favorable. « Selon les régions, on l’épandra en février (zones méditerranéennes) ou en mars (zones septentrionales) », précise Jean-Yves Cahurel. Le but est en effet que l’azote minéral soit disponible pour la vigne aux alentours de la floraison, ce qui implique une dégradation préalable par les micro-organismes du sol. « Or celle-ci dépend des conditions climatiques, poursuit Jean-Yves Cahurel, car les bactéries nécessitent une température et une humidité suffisantes pour travailler. » Ensuite, il faut attendre que l’azote migre en profondeur. Or cette vitesse varie selon le type de sol. Elle sera notamment plus élevée sur des sables que sur des argiles lourdes.
Sous quelle forme vaut-il mieux apporter la matière organique ?
Là encore, le type de matière organique à épandre sera fonction « de l’objectif recherché : un amendement de fond ou un engrais », énonce Blaise Leclerc, spécialiste matière organique à l’Itab. Pour se repérer parmi l’offre du commerce, Jean-Yves Cahurel recommande de regarder l’Ismo, l’indice de stabilité de la matière organique du produit. Plus celui-ci sera élevé, plus la matière organique contenue dans le produit sera stable. Or, c’est ce qui est recherché pour un amendement de fond.
Par exemple, un compost de déchets verts augmentera le taux d’humus du sol, qui se libérera progressivement ; son taux d’Ismo tournera autour de 60 à 80. À ce titre, il pourra être intéressant en amendement, et notamment en fumure de fond à la plantation. À l’inverse, un fumier, qui sera riche en potasse et en nitrate, pourra être amené annuellement, « quoique cela dépende du taux de paille », nuance Jean-Yves Cahurel. Plus le fumier, ou le compost, en contient, plus la matière organique est stable, et plus le produit se comporte comme un amendement.
Dans le détail, et afin d’y voir plus clair, des essais d’amendements ont été mis en place dans différentes régions il y a sept ans. Les chercheurs comparent l’effet de composts végétaux issus de plateformes, de composts de marc, de produits du commerce sous forme de sacs ou de bouchons issus de composts ou de fumiers déshydratés. « Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions, regrette Jean-Yves Cahurel. Mais certains composts du commerce auraient davantage d’effet sur la vigne. Par ailleurs, le compost de marc apporte beaucoup de potassium, peut-être un peu trop sur le long terme. »
À quelle fréquence faut-il fertiliser la vigne ?
Un amendement s’effectue en règle générale à la plantation, et ensuite tous les trois ou quatre ans, pour des questions de faisabilité. Ensuite, si la vigne nécessite de l’azote, des engrais peuvent être apportés tous les ans. « En revanche, il n’est pas nécessaire d’amener du phosphore et du potassium annuellement, souligne Jean-Yves Cahurel. Ce sont des éléments qui migrent très peu dans le sol et restent donc disponibles pour la vigne. Mieux vaut en amener une quantité conséquente d’un seul coup, pour éviter d’avoir à passer trop souvent. »
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