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« Les audits de taille motivent les salariés »

Jean-Baptiste Soula, directeur général de Bordeaux Vineam, qui regroupe près de 300 hectares de vigne en Aquitaine, a instauré des audits de taille. Focus.

Les audits de taille sont l'occasion d'échanger et de se conseiller entre collègues.
Les audits de taille sont l'occasion d'échanger et de se conseiller entre collègues.
© Réussir SA

Depuis quand proposez-vous des audits de taille et pourquoi ?

Nous avons systématisé les audits de taille l’an dernier, car notre groupe est dans une optique de professionnalisation du métier. Nous avons mis en place beaucoup de procédures et avons une dizaine de certifications sur les six sociétés. Nous ne cherchons pas à porter des médailles mais nous avons réussi à faire accepter l’idée d’une amélioration continue. Nous sommes partis du plus pressé, à savoir la sécurité au travail, vers le moins pressé, c’est-à-dire la production, et notamment la taille. Dans ce domaine, nous avons arrêté de payer à la tâche. Nous avons remplacé les primes au rendement par des primes à la qualité. Cette dernière est évaluée via les audits.

Jean-Baptiste Soula, directeur général de Bordeaux Vineam,estime que les retombées des audits de taille sont excellentes

En quoi consistent-ils ?

Il s’agit d’audits internes, menés par les référents, le directeur technique, moi-même, etc. Les référents, qui sont les agents de maîtrise encadrant les tailleurs, ont tous fait des formations à la taille. Ils sont amenés à contrôler leurs équipes aussi bien que celles de nos autres propriétés, pour des audits croisés.

Concrètement, l’auditeur se rend sur une parcelle à l’impromptu. Tout le monde arrête de travailler, et il regarde les rangs un par un. Chaque tailleur a une rangée marquée de sa couleur par un lacet disposé sur le piquet de tête, ce qui permet de travailler de manière personnalisée. Nous vérifions en priorité si les tailleurs portent leurs EPI. Cela fait partie de la note finale, c’est primordial. Ensuite, nous regardons si la lame du sécateur est affûtée, si le rang est bien marqué, si le tailleur dispose de fil de rechange et s’il y a un fil cassé non réparé. Puis nous passons à l’équilibre du pied, à l’adaptation à la vigueur, à l’existence d’un cône de dessèchement, à l’absence de coupe mutilante, à la taille en biseau, à la présence de biseau opposé au bourgeon, aux oublis de pieds ou de bois.

Chaque point d’audit est assorti d’un coefficient : 15 pour le port des EPI, 10 pour l’équilibre du pied, 5 pour un fil non réparé, etc. Nous compilons tout cela dans un document, qui est ensuite saisi sur ordinateur. Cela nous permet de suivre l’évolution de chaque tailleur sur les trois mois de taille. En début de campagne, nous réalisons deux zones par semaine. Ensuite, nous passons à un audit hebdomadaire, puis nous nous concentrons sur les tailleurs les plus en difficulté. À la fin, un audit mensuel est suffisant.

Les salariés prennent du plaisir à cet audit. Cela les amène à se conseiller entre eux, et leur permet d’échanger ensemble sur leur façon de tailler. Ils sont très investis, apprécient que l’on s’intéresse à ce qu’ils font et qu’on les accompagne pour évoluer. Nous insistons beaucoup sur les points forts de leur travail.

Quels sont les principaux problèmes constatés ?

Là où il y a le plus de difficultés, c’est sur l’importance du cône de dessèchement (du chicot, N.D.L.R.). Les gens ont l’habitude de tailler ras et de ne pas en laisser. Ensuite, la réflexion sur la charge n’est pas toujours optimisée. Il faut prendre en compte le diamètre des rameaux. S’ils sont trop maigres, il ne faut pas laisser trop d’yeux. Ce n’est pas naturel pour eux. Tout comme la taille en biseau, qui n’est pas instinctive. Ce sont les trois points qui reviennent le plus.

Mais nous avons démarré les audits la semaine dernière et les retombées sont déjà excellentes. Nous sommes à 97 % de qualité de taille. Les tailleurs ont gardé leurs bonnes habitudes acquises la saison dernière.

repères

Bordeaux Vineam, à Saint-Magne-de-Castillon, en Gironde

Six propriétés Château Moulin à Vent, Château Grillon, Château Rocher Bellevue, Château Bourdicotte, Château Grand Ferrand et Château la Salagre

Surface 270 hectares

Certifications bio, National Organic Program (NOP), China National Organic Product Standard, biodynamie, HVE3, ISO 9 001, ISO 14 001, IFS/BRC, RSE en cours, Sedex, Natura 2 000

Nombre de salariés 34

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