Cépages secondaires
" Le problème est l´absence de politique de diffusion des cépages conservés en France" estime Robert Plageoles
Aujourd´hui vigneron retraité, Robert Plageoles, à l´initiative du retour de l´ondenc dans le gaillacois, reste passionné par les cépages. Il déplore un manque de diffusion des cépages conservés en France.
Aujourd´hui vigneron retraité, Robert Plageoles, à l´initiative du retour de l´ondenc dans le gaillacois, reste passionné par les cépages. Il déplore un manque de diffusion des cépages conservés en France.
Quel est votre sentiment sur la politique de conservation des cépages en France ?
Robert Plageoles : J´ai été l´un des premiers à m´intéresser à l´histoire des cépages. La France a une bonne politique de conservation. Le domaine de Vassal à Marseillan dans l´Hérault, placé sous la responsabilité de l´Inra, conserve quelque 3000 variétés différentes, ce qui en fait l´un des plus important au niveau mondial. Le problème est qu´il n´y a pas de politique de diffusion. En France, l´existence de conservatoires du potentiel de certains cépages secondaires est complètement méconnue. Il est vrai que les conservatoires régionaux se multiplient. Mais cela ne sert pas à grand-chose, mis à part à l´intérêt conservatoire.
Pour Robert Plageoles « la réglementation est pour beaucoup dans la difficulté de faire connaître les cépages secondaires. » ©D. R. |
Qu´est-ce qui empêche la diffusion des cépages originaux ?
Il y a plusieurs raisons. Tout d´abord, les vignerons français ne se sentent pas concernés. Et il a fallu les prémices d´une crise pour que ceux qui avaient des choses différentes commencent à intéresser le reste de la viticulture. Par ailleurs, la réglementation est pour beaucoup dans la difficulté de faire connaître les cépages secondaires. Il semble que le décret d´appellation n´ait été écrit qu´une seule fois. Il est complètement figé dans le temps.
Pourtant, dans un contexte de réchauffement climatique, il faudra bien s´adapter. Je tiens à rappeler qu´au 15e et 16e siècle, le gaillacois a connu une période de forte chaleur - jusqu´à 50 ºC en été - ce qui a amené à importer des cépages du sud de l´Italie, d´Espagne ou du Maghreb. C´est à cette époque que le morrastel a été implanté dans notre région. Par ailleurs, les cépages secondaires du gaillacois comme l´ondenc ou le verdanel sont bien adaptés à la fois à la chaleur et au froid.
Parlez-nous de votre expérience de réintroduction de certains cépages sur votre exploitation.
Nous avons de l´ondenc, du mauzac noir, du prunelard et du verdanel. Au départ nous ne cultivions que de petites parcelles pour étudier le cépage. Nous avons souvent très peu d´informations sur lui, seuls des textes anciens qui en soulignent leur intérêt. Lorsque j´ai planté de l´ondenc en 1983, j´avais lu que c´était le seul cépage à pouvoir rivaliser avec les plus grands sauternes. Nous l´avons vinifié en liquoreux. Notre expérience intéresse beaucoup de monde car les gens se lassent des cépages planétaires. Ils recherchent un retour aux sources et les vins que nous proposons, parce qu´ils respectent le principe d´adaptation des cépages au terroir, sont bien adaptés à cette demande. Par ailleurs, nos vins ne sont pas passés en barriques pour obtenir des vins qui expriment pleinement les arômes de ces cépages.
Robert Plageoles fait paraître en novembre aux éditions Jean-Paul Rocher un ouvrage intitulé La saga des cépages gaillacois et tarnais en 2000 ans d´histoire. ©D. R. |