Le photographe Michel Jolyot transfigure les plaies de taille de la vigne
Reconnu pour son travail avec les maisons de champagne, le photographe Michel Jolyot présente une intrigante série de clichés pris au vignoble. Les plaies de taille l’ont inspiré.
Au printemps 2023, quand Michel Jolyot édite à moins de 1 000 exemplaires Les mondes parallèles, un petit livre de 80 pages, il est loin d’imaginer l’agréable surprise qui va suivre. Regroupant 80 clichés pris en hiver sur des ceps de vignes aux nombreuses anfractuosités, la série, digne des créatures fantastiques du poète et peintre Henri Michaux, frappe l’imaginaire et suscite l’intérêt. Au point de déclencher rapidement des sollicitations pour des expositions.
Seuls 200 clichés retenus sur 2 500 prises
« Au départ, j’ai eu l’envie de mettre des images en miroir, retrace Michel Jolyot. Un jour d’hiver, alors que je prenais des clichés en macrophotographie dans une vigne champenoise, j’ai eu l’intuition que la trace ronde d’une vieille plaie de taille pourrait peut-être donner une forme d’œil qui, une fois dupliquée en miroir, laisserait apparaître un personnage. »
Michel Jolyot a toujours aimé se promener dans les vignes ou dans les caves. « Nous sommes une famille d’amateurs de vin, précise-t-il, et j’ai un souvenir ému d’avoir découvert la beauté graphique des alignements de coiffes et de bouteilles en visitant une cave avec mon grand-père. » Un souvenir qu’il ravive sans doute quand, pour ces clichés si particuliers, il arpente, appareil photo en main, les rangs d’une vigne dans un sens puis dans l’autre, le matin mais aussi le soir et pas forcément par temps ensoleillé. Il ne fait aucune mise en scène, travaille sans pied et avec une grande sensibilité.
Une fois chez lui, à partir de la photo de base non retouchée, il découpe une bande dans laquelle sont positionnés le rond de taille ou une excroissance qui, d’après lui, pourront devenir l’œil et le museau de la future créature. Parfois la révélation fonctionne très bien. Parfois pas du tout.
De la Champagne au Minervois où il a découvert le charme tortueux des vieilles souches de syrah et de grenache, Michel Jolyot a ainsi capté plus de 2 500 clichés. Il les a tous révélés et seulement 200 à ce jour ont été jugés dignes de figurer dans son bestiaire des mondes parallèles.
Un programme d’expositions bien rempli
Cet univers fascine. « Je suis photographe depuis plus de quarante ans et je n’ai jamais eu autant de visibilité ni de sollicitations pour exposer mon travail qu’avec cette nouvelle série », raconte Michel Jolyot. En juin 2023, l’exposition a été accrochée sur un quai de la gare TGV de Champagne-Ardenne que fréquentent près d’un million de voyageurs chaque année.
Le programme 2024 est déjà bien rempli avec, de mai à septembre, une exposition dans le parc du château de Thézan dans le Vaucluse et une autre qui se tiendra à l’écomusée de la vigne au phare de Verzenay, près de Reims. D’autres projets sont en discussion, y compris sur 2025 à l’étranger.
La suite ? Le petit livre n’est qu’un début. Michel Jolyot cherche désormais des partenaires prêts à investir dans l’édition d’un grand livre à couverture rigide pour présenter toutes ces créatures fantastiques.
« Je cherche d’abord les cicatrices bien rondes des anciennes tailles »
Plus de renseignements sur : www.jolyot.com