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[Vitipastoralisme] Le pâturage fait par une société de prestation

Pour tester l'éco-pâturage, Au jardin d’Édouard, domaine de 15 ha en conversion bio dans le muscadet, a fait appel à une société de prestation. Un test convaincant pour Édouard Massart, qui a pu reculer de deux semaines son premier passage en tracteur, et mieux contrôler les invasions de lierre.

 

Le cru communal de Château-Thébaud, dans le Muscadet, abrite un domaine de 15 ha en première année de conversion vers l‘agriculture biologique et membre du réseau De^phy ferme. Édouard Massart, son propriétaire depuis 2013, y apprend sur le tas à cultiver la vigne et à faire du vin. « A termes mon objectif, c’est de ne plus passer le tracteur, explique le vigneron. Ce n’est bon ni pour la vie de mon sol, ni pour la qualité de l’air. » Mais pour atteindre son but, Édouard Massart cherche d’abord à réduire le nombre de passages. Florent Banctel, référent viticulture biologique à la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique et animateur du groupe Dephy viti 44, lui a donc proposé de faire appel à Pâture & co, société créée par un ancien camarade de promo. Une aubaine dans ce secteur dépourvu d'éleveurs. La prestation présente l’avantage de ne pas être soumise à un objectif de rendement viande pour le propriétaire des brebis, donc pas d’obligation de faire pâturer les brebis sur une prairie « grasse » ou d’apporter des compléments à la parcelle.

 

Une première tant pour le vigneron que le conseiller et le prestataire

 

Jusqu’ici, l’entreprise Pâture & Co, n’était intervenue que pour entretenir les espaces verts d’entreprises privées ou de collectivités locales. Cette première expérience est donc l’opportunité pour la jeune société de s’ouvrir à un nouveau marché. « Le rôle du conseiller est très important : c’est à lui de concilier les attentes du vigneron et celles du prestataire », expose Florent Banctel. Édouard Massart et Florent Banctel définissent ensemble les objectifs de l’éco-pâturage. « Pour cette première phase, on a voulu voir s’il était possible de décaler voire supprimer un passage de tracteur. Et observer l’appétence des bêtes pour les plantes naturellement présentes dans la parcelle », développe le vigneron. Pour l’essai, ils sélectionnent une parcelle de melon de bourgogne de 0.70 ha, classée cru communal Château-Thébaud en AOC muscadet sèvre-et-maine sur lies. Ce choix est fait non seulement car c’est une parcelle à haute valeur ajoutée, mais aussi car la végétation y est dense et variée.

En février 2019, 8 brebis s’installent dans la parcelle préalablement entourée d’une clôture mobile que 4 personnes auront mis 2h à installer, « en prenant notre temps », juge Florent Banctel. Une batterie solaire fournit l’électricité à la clôture. « Notre principale crainte était que les brebis mangent les bourgeons de la vigne. Je n’ai donc pas taillé la parcelle pour limiter les dégâts », détaille Édouard Massart. Pour plus de précaution, les brebis quittent les vignes juste avant le débourrement. Les risques de fuite ou de vol des brebis constituent la seconde crainte des expérimentateurs, d’autant qu’un chemin de randonnée passe juste à côté de la parcelle. « On passait tous les jours pour surveiller que tout allait bien, et le prestataire venait une fois par semaine », explique le vigneron. Un seau d’eau est mis à disposition des brebis, mais d’après le propriétaire, la rosée matinale comble une grande partie de leurs besoins.

 

Des résultats visibles à l’œil nu sur la hauteur de végétation

 

« Il a fait très chaud fin février, ce qui a fait sortir la végétation assez tôt. A l’œil nu, on voyait que la parcelle où paissaient les brebis était non seulement moins verte, mais la végétation y était bien moins haute que dans les parcelles voisines, et ce dès la première semaine », raconte Florent Banctel. Le vigneron a par ailleurs la très bonne surprise de constater que les brebis broutent toutes les feuilles du lierre, une mauvaise herbe qu’il ne parvient pas à maitriser en désherbage mécanique. Constamment en mouvement, elles entretiennent l’ensemble de la parcelle sans toucher aux ceps, ni aux mercuriales annuelles qui n’ont pas franc succès auprès des bêtes.  Finalement, il a observé un bon nettoyage aux pieds des ceps et a pu décaler un passage au tracteur de près de deux semaines, et ainsi gagner « plus de flexibilité pendant la période des traitements. »

 

Une technique intéressante dont il faut encore améliorer la rentabilité

 

Après cette première phase très encourageante, Édouard Massard, Florent Banctel et les brebis s’apprêtent à entamer une seconde phase d’expérimentation, cette fois-ci sur une parcelle de cépages hybrides. « La priorité va être d’améliorer la rentabilité car pour l’heure, l’éco-pâturage coûte trop cher », expose le vigneron qui n’a pas souhaité communiquer le coût de la prestation. Les deux collaborateurs souhaitent par ailleurs mettre en place l’éco-pâturage de décembre à fin avril, et éventuellement en juillet, notamment pour acquérir plus de connaissances sur le comportements des animaux avec la vigne, l’évolution de la flore et les apports en termes de fertilisation. « Notre principale interrogation reste celle de l’appétence des brebis pour les bourgeons », s’inquiète néanmoins Édouard Massart qui avoue tout de même avoir hâte de revoir les petits ovins gambader dans ses vignes.

 

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