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Le lombricompost fait office de compromis pour la fertilisation des vignes

Les produits obtenus en lombricompostage ont des propriétés bien particulières. Une partie profite très rapidement à la vigne, alors qu'une autre assure la fourniture sur le long terme.

Vers de terre sur du compost. Organismes vivants présents dans le sol. Ver de terre
Le compostage par les lombrics permet de garder davantage de nutriment et de carbone.
© Marie-Annick Carré

Pour s'approvisionner en matière organique, les viticulteurs pourront probablement compter dans les années à venir sur le retour en grâce du lombricompost. « Il y a eu une mode dans les années 80, mais certaines personnes ont abusé en vendant cela comme un produit magique, ce qui l’a discrédité », retrace Vincent Ducasse, cofondateur de la jeune entreprise Terretris. Implantée près de Lyon, celle-ci s’est spécialisée dans la production de lombricompost. Terrestris profite des besoins de traitement des déchets biodégradables rendu obligatoire pour les gros producteurs par la loi antigaspillage (dite AGEC), et collecte en particulier les biodéchets issus des établissements de restauration collective.

Un produit cher mais à effet rapide sur le rendement

« Ce type de compostage permet de perdre moins de nutriments, car il n’y a pas de montée en température et moins de déstockage de carbone », argumente Vincent Ducasse. Un produit final qui, en partant d’une base égale, est plus riche, plus concentré en éléments NPK et présente un meilleur bilan carbone que les composts traditionnels. Le jeune entrepreneur vient de terminer une thèse sur le lombricompost. Il en ressort que c’est un produit relativement original en termes de propriétés, à la frontière entre les autres matières fertilisantes. Il comprend une fraction qui se minéralise très rapidement, mais également une partie extrêmement stable, davantage que dans les autres composts.

« Dans les essais que nous avons réalisés dans le cadre de la thèse, le lombricompost a montré un effet sur le rendement dès la première année », affirme Vincent Ducasse. Pour lui, c’est un fertilisant plus adapté à la vigne qu’à d’autres cultures. Déjà, parce que le coût est relativement élevé, si on le compare aux autres matières. Mieux vaut donc être sur une culture à plus forte valeur ajoutée. Le processus de fabrication est plus complexe qu’un compost classique, car il faut prendre soin des vers de terre fragmentant la matière organique. Ainsi la tonne revient à 300 euros HT à l’acheteur, un peu moins si les quantités sont importantes. « Mais l’apport nécessaire, en particulier en vigne, est faible », relativise le cogérant. D’après ses travaux, une fertilisation à hauteur de 5 tonnes par hectare a permis d’apporter, sur une culture de blé, 80 unités d’azote.

Une autre caractéristique de cet intrant est son taux d’humidité élevé, de l’ordre de 60 %. « Il est vrai que ça donne l’impression d’acheter surtout de l’eau, mais d’un autre côté cela permet d’avoir une bonne activité d’un point de vue biologique, juge Vincent Ducasse. C’est un produit qui a plutôt un bon potentiel pour la microbiologie du sol. » Un argument qui est également mis en avant par Nazareth Aparicio Antón, CEO de Vermiduero, fabricant de lombricompost dans la province de Castille-et-León en Espagne. « La différence avec les autres composts c’est qu’il y a beaucoup de microorganismes, explique-t-elle. Cela aide à régénérer les sols et les rendre plus vivants. » La grande majorité de ses clients sont des domaines viticoles, dont certains prestigieux comme Pingus.

Les lombricomposts de fumiers sont répandus dans les vignes en Espagne

En Espagne, cet intrant est relativement commun, chaque région ayant ses productions locales. Vermiduero utilise en revanche comme matière première des fumiers équins et bovins. La dirigeante recommande des apports localisés à hauteur de 1,5 tonne par hectare tous les deux ou trois ans. « C’est un produit qu’il peut être intéressant à enfouir pour éviter le dégazage de protoxyde d’azote et de CO2 », précise Vincent Ducasse. Dans l’Hexagone, la production est encore faible (50 tonnes par an pour Terrestris, par exemple) mais il existe une réelle dynamique, laissant espérer une croissance des volumes. « Notre entreprise a également vocation à créer des solutions de lombricompostage », glisse Vincent Ducasse. Pour ceux qui voudraient valoriser ainsi leurs rafles, marcs de raisin et autres débris végétaux.

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