Le cognac et l’armagnac réclament une négociation franco-chinoise
Alors que l’application de la surtaxe chinoise touchant le cognac et l’armagnac menace un débouché vital pour ces deux eaux-de-vie de raisin françaises, les responsables des filières espèrent une solution diplomatique bilatérale.
Alors que l’application de la surtaxe chinoise touchant le cognac et l’armagnac menace un débouché vital pour ces deux eaux-de-vie de raisin françaises, les responsables des filières espèrent une solution diplomatique bilatérale.
Engager une discussion directement entre la France et la Chine, telle est la demande pressante des représentants du cognac et de l’armagnac adressée au gouvernement. La surtaxe de 35 % en moyenne sur leurs produits, confirmée par les autorités chinoises, le 11 octobre, et assortie d’un cautionnement, fait déjà sentir ses effets délétères avec des annulations de commandes.
Les responsables des interprofessions ont réaffirmé ce souhait lors d’une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat, le 30 octobre dernier et auprès de la nouvelle ministre déléguée du Commerce extérieur Sophie Primas. La filière ne peut attendre que l’Union européenne intervienne auprès de l’OMC, car la démarche prendra quatre ou cinq ans pour aboutir. « On aura disparu », a asséné Anthony Brun, représentant de la viticulture au sein du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC). Pour Florent Morillon, président du BNIC, « perdre 25 % de son marché n’est pas acceptable au regard des investissements de tout l’écosystème de la filière ».
Aux sénateurs qui les enjoignaient de trouver d’autres débouchés, les professionnels ont répondu que s'il existe des marchés potentiels comme l’Inde, les droits de douane y sont pour l’heure très importants faute d’accords bilatéraux avec l’Union européenne. « Sur dix pays à potentiel, même en les cumulant, ça sera le quart de ce qu’on vend en Chine », a illustré Florent Morillon. Au BNIC comme au Bureau national interprofessionnel de l'armagnac (BNIA), on juge donc le marché chinois « irremplaçable ».
La filière s’est pliée à l’enquête chinoise
L’interprofession du cognac évoque un commerce vieux de 400 ans avec la Chine et se sent prise en otage. « En Chine, les spiritueux importés représentent 2 à 3 % du marché. Ce n’est pas un facteur de déséquilibre », a regretté Nicolas Ozanam, délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et de spiritueux (FEVS). La filière a fait valoir qu’elle a accepté de collaborer pleinement à l’enquête antidumping diligentée par les autorités chinoises. « Nos entreprises, nos maisons leur ont ouvert leurs portes, a lancé Florent Morillon. Nous avons dépensé des millions d’euros. On va faire l’addition et par contre, là on va demander de l’argent. » Les sénateurs se sont dits pleinement mobilisés. Leur président, Gérard Larcher, aurait sensibilisé directement le président de la République. Mais qu’est-ce que la France peut offrir en échange dans la négociation ? La question reste entière.