L’aire souple de remplissage, un bon compromis coût sécurité
L’aire souple de lavage et de remplissage des pulvérisateurs permet d’assurer la gestion des effluents phytosanitaires de remplissage et de lavage en toute sécurité, à un tarif contenu.
L’aire souple de lavage et de remplissage des pulvérisateurs permet d’assurer la gestion des effluents phytosanitaires de remplissage et de lavage en toute sécurité, à un tarif contenu.
L’arrêté sur l’utilisation des produits phytosanitaires du 4 mai 2017 (mise à jour de l’arrêté 2006) fixe un certain nombre d’obligations sur le remplissage et le lavage des pulvérisateurs. Entre autres, les viticulteurs doivent pouvoir réceptionner tous les effluents phytosanitaires (fonds de cuve, eaux de nettoyage du matériel de pulvérisation, débordement de cuve au remplissage), afin que ceux-ci ne viennent pas polluer l’environnement et soient traités. Le remplissage, la vidange de la cuve et le lavage du pulvérisateur doivent être effectués sur une aire où toutes les eaux doivent pouvoir être collectées, afin d’être traitées par la suite.
La solution la plus simple consiste en une surface bétonnée en bon état, avec une pente au bout de laquelle un collecteur réceptionne les eaux sales avant de les envoyer vers le système de traitement. Seulement, « le prix d’une dalle de béton peut vite être élevé », confie Fabien Vermot-Desroches, directeur développement chez Axe-Environnement, qui commercialise des aires souples. Il annonce des tarifs pouvant atteindre 200 à 250 euros le mètre carré, sans compter la préparation en amont de la pose du béton. Certains investissent dans une station de lavage et de remplissage collective, avec ses avantages (mutualisation de l’investissement) et ses contraintes : disponibilité de la plateforme, déplacement des bidons de produits pour faire le remplissage sur place, gestion et répartition des frais de traitement des effluents.
Une solution adaptée aux petits espaces
Dans ce contexte de budget serré, l’aire souple de lavage peut se révéler une alternative économique. « Elle est appréciée dans certaines zones, comme en Champagne, où le siège d’exploitation est imbriqué au milieu du village et dispose de peu d’espace, explique François Rivalland, dirigeant de Oceania environnement. D’autres investissent dans une aire souple juste pour le remplissage, afin de ne pas avoir à se déplacer sur la station de lavage collective à cinq heures du matin. » S’ajoutent à cela les viticulteurs dont l’exploitation est en situation provisoire, par exemple avec un projet d’agrandissement à plus ou moins long terme, qui pourrait remettre à plat l’organisation.
L’aire souple de lavage et de remplissage se compose d’une bâche souple et résistante, généralement renforcée au niveau des passages de roues. À chaque extrémité, une mousse souple se déforme au passage de l’engin, pour une entrée et une sortie aisées. Une fois l’engin passé, la mousse à mémoire de forme reprend son aspect initial, formant une bordure étanche haute de 15 cm. Sur les côtés, l’étanchéité et la bordure de 15 cm sont assurées par la bâche dans laquelle on insère des équerres métalliques, quand celles-ci ne sont pas intégrées d’origine. Au total, il faut compter moins de cinq minutes pour la mettre en place, à une ou deux personnes, selon sa taille. Cette bâche souple ne peut cependant pas être posée n’importe où. La surface doit être stabilisée et sans cailloux. « L’aire souple peut être posée sur une pelouse, un lit de sable ou sur du gravier très fin, ou sur une vielle dalle de béton qui n’est plus étanche. Mais pas sur des cailloux, comme du silex, qui peuvent transpercer la bâche », pointe François Rivalland.
Les plus petits modèles sont proposés à partir de 900 euros
« L’idéal est d’avoir une très légère pente, afin que l’eau s’écoule vers un angle, ce qui facilite la récupération des effluents par la suite », poursuit Luc Liard, dirigeant de Techprodis, qui commercialise des aires souples.
Côté investissement, les plus petits modèles (3 x 2,70 m) sont proposés à des tarifs allant de 900 à 1 600 euros et peuvent monter à plus de 3 000 euros pour un modèle de dimension 5,66 x 6 m. Les dimensions de l’aire sont à adapter à celles du pulvérisateur, de l’enjambeur ou du porteur, selon aussi que l’on souhaite ou non laver avec le tracteur sur ou hors de l’aire, rampe repliée ou dépliée. Mais surtout, l’aire de remplissage doit pouvoir contenir tout le volume de la cuve du pulvérisateur. Le catalogue des spécialistes dispose généralement de plusieurs dimensions standards. À défaut, des dimensions spécifiques peuvent être commandées.
Dans la grande majorité des situations, l’aire souple de remplissage n’est pas vendue seule. Elle est accompagnée d’une pompe serpillière qui collecte les effluents dans le point le plus bas, afin de les renvoyer vers une cuve de stockage ou un système de traitement. François Rivalland conseille une pompe serpillière en inox, plus résistante aux composés corrosifs qui peuvent être présents dans ces eaux sales. Oceania environnement propose un kit complet, le Pack-R, pour moins de 4 000 euros, comprenant l’aire souple, la pompe inox et un système de déshydratation des effluents Phytogest à ventilation forcée. Les aires souples sont en effet souvent commercialisées avec un système de traitement des effluents mobiles et facilement déplaçables.
L’aire ne sert pas qu’au pulvérisateur
L’aire souple de lavage et de remplissage n’est pas forcément utilisée exclusivement pour le pulvérisateur. Elle peut servir de lieu de lavage pour d’autres matériels. L’aménagement en aval de l’aire doit alors être adapté. Les eaux sales sont recueillies dans une petite fosse étanche dotée d’une pompe de relevage couplée à une vanne à deux sorties. La première renvoie vers le dispositif de traitement lorsqu’il s’agit d’effluents phytos. La seconde conduit vers un débourbeur et un séparateur d’hydrocarbure, lorsqu’il s’agit d’eaux de lavage des autres matériels. Attention, « la pompe serpillière n’est pas adaptée aux eaux avec une charge importante de matières », prévient Fabien Vermot-Desroches.