La terre viticole, matériau artistique
Au domaine Moulin des Costes, dans le Var, l’architecte Théophile Reygade et l’artiste plasticien Axel Brun ont créé l’œuvre Résurgences avec du pisé élaboré à partir de la terre de la propriété viticole.
Au domaine Moulin des Costes, dans le Var, l’architecte Théophile Reygade et l’artiste plasticien Axel Brun ont créé l’œuvre Résurgences avec du pisé élaboré à partir de la terre de la propriété viticole.
Quand la terre d’une vigne devient le matériau de construction d’une œuvre d’art réalisée directement sur place… C’est ainsi qu’est née l’œuvre Résurgences, installée en 2019 sur l’une des propriétés des domaines Bunan en appellation Bandol. « La terre est utilisée depuis l’origine de l’architecture, explique l’architecte Théophile Reygade. L’idée première du projet était de récolter la terre directement sur le domaine. Ensuite, avec l’aide des personnes qui travaillent sur l’exploitation, nous avons tout réalisé à la main. Un chantier de construction en pisé est un travail collectif très physique et très rythmé. » Un mur en pisé est fait de terre crue tamisée puis compressée en couches successives d’une dizaine de centimètres chacune. C’est une technique de construction très ancienne.
Une œuvre inspirée par la vigne toute proche
Dans sa partie basse, Résurgences est constituée de deux murets en pisé, sorte de bancs implantés de biais. Vus du dessus, les deux bancs ont la forme d’un grand « V » ou plutôt d’un entonnoir dont les dimensions se réfèrent directement à la vigne toute proche. Comme un clin d’œil au nombre d’or, le célèbre rapport idéal utilisé par les bâtisseurs des grandes cathédrales, la petite distance de ce « V » correspond à l’espacement entre deux pieds de vigne sur un rang. Et la grande distance, le haut du « V », est celle qui sépare deux rangs de vigne. Mais Résurgences fait aussi directement référence au vin et à son élaboration. Encadrée de quatre poteaux métalliques, l’œuvre est en effet coiffée d’une ombrière en inox poli-miroir, rappelant l’inox des cuves de vinification. Mais ce n’est pas tout. L’ombrière, par sa forme en trapèze, célèbre aussi la forme des parcelles du domaine. « La plaque de tôle inox qui est fine comme un voile et très fragile a été fabriquée dans un atelier de Marseille », précise Axel Brun, le plasticien.
Une façon de relier les deux propriétés des domaines Bunan
Alliance de deux matériaux, alliance de deux savoir-faire, cette œuvre assure aussi d’une manière très originale un lien entre les deux entités viticoles qui constituent les domaines Bunan. En effet, la plaque de tôle n’est pas plane mais elle présente une forme en double courbe. Installée face miroir dirigée vers le sol elle reflète ainsi le paysage de la petite vallée voisine et des vignes du second terroir de la famille Bunan, le Château de la Rouvière situé sur la colline en face. « Ce second domaine, contrairement au Moulin des Costes, ne se visite pas, explique Françoise Bunan. Résurgences permet ainsi à nos visiteurs de le contempler à travers une expérience artistique. »
Ici la terre rejaillit de façon inattendue comme une résurgence