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La radulanine A, un potentiel substitut naturel au glyphosate
Qu’est-ce que la radulanine A ?
Il s’agit d’une molécule naturelle produite par les hépatiques, sortes de mousses sauvages qui poussent en France et plus abondamment en Asie. Bastien Nay et ses collègues du laboratoire de synthèse organique du CNRS l’ont rendu facilement disponible il y a quelques mois, grâce à la chimie de synthèse.
Quels sont ses effets ?
Cette molécule présente des analogies avec un composé semblable à l’acide abscissique, une hormone végétale. Le biologiste Emmanuel Baudouin et la doctorante de l’école polytechnique Wei Zhang ont donc testé l’effet de la radulanine A sur la plante Arabidopsis thaliana, une crucifère adventice modèle en biologie. Ils ont pour cela incorporé une solution contenant la molécule dans le substrat de culture. Dès 24 heures après application, les chercheurs ont observé des effets herbicides, allant jusqu’au dépérissement complet de la plantule. « Et cela a une concentration active relativement basse, de 50 microgrammes par millilitre, ajoute Bastien Nay. Ce qui est proche du glyphosate, qui faisait office de référence pour cet essai. » Au vu du mode d’administration utilisé dans cette expérience, on peut imaginer un effet systémique, même si les chercheurs n’ont pour l’heure aucune information.
À quel stade en est le développement et quelles sont les perspectives d’utilisation en viticulture ?
Un brevet a été déposé au printemps, et un chercheur tente d’identifier le mode d’action de cette molécule. La deuxième priorité sera de passer des tests de toxicité pour vérifier la non-dangerosité pour l’homme et l’environnement. En parallèle, de nouveaux tests sont en cours sur d’autres plantes pour consolider les résultats. « Des entreprises nous ont déjà contactés pour nous témoigner leur intérêt envers ce composé », informe Bastien Nay. Si son efficacité en tant que désherbant est validée, il faudra encore plusieurs années de développement et d’homologation avant d’obtenir un produit commercial.