La filière vin boycotte le conseil spécialisé vin de FranceAgriMer
Les représentants de la filière vins, réunis le 16 octobre pour le Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, ont quitté la salle pour protester contre le manque de considération dont ils estiment faire l'objet de la part du gouvernement, alors que la pression économique s'accentue.
Les représentants de la filière vins, réunis le 16 octobre pour le Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, ont quitté la salle pour protester contre le manque de considération dont ils estiment faire l'objet de la part du gouvernement, alors que la pression économique s'accentue.
Réunis pour une conférence de presse organisée au pied du siège parisien de FranceAgriMer à Montreuil (93), les chefs de file de la filière vin ont voulu exprimer leur ras le bol envers un gouvernement et une administration qui ne les comprennent pas. « La filière vin s’est levée de façon unanime pour ne pas participer au Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer parce que trop c’est trop. Nous quittons la salle parce que l’administration nous lâche. Nous n’arrivons pas à nous faire entendre », a lancé Michel Chapoutier, représentant du négoce. Le manque de réaction du gouvernement face à la taxe américaine de 25% sur les vins tranquilles français, qui va être appliquée le 18 octobre, ainsi que le non décaissement total de l'enveloppe FranceAgriMer, ont renforcé l'état d'exaspération de la filière, déjà vent debout contre les ZNT. « Nos vins vont être taxés de 25% aux Etats-Unis et les pouvoirs publics restent impassibles. L’outil des aides à la promotion devrait s’adapter à la crise mais l’administration refuse de discuter, a poursuivi Michel Chapoutier. Il y a une volonté de tuer la promotion pays tiers ».
Trop d'obstacles pour les aides à la promotion
Les aides à la promotion sont en effet les plus touchées par le non décaissement total des aides annuelles FranceAgriMer mais aussi par le retard accumulé dans la gestion des dossiers antérieurs. « Nous avons des règles nationales plus tendues que celles des autres pays européens. Il y a un zèle pour créer des contraintes supplémentaires », a insisté Stéphane Héraud (représentant des producteurs). « Sur 280,5 millions d’euros d'enveloppe annuelle, 265 millions d’euro ont finalement été décaissés. Il y a eu un effort sur la dernière semaine mais c’est largement insuffisant. Il y a quand même 15 millions d’euros qui ne sont pas décaissés. Et 30 millions d’euros sont dus aux entreprises au titre de la promotion pour des dossiers déposés entre 2014 et 2017», a souligné Jérôme Despey. Il avait déjà abordé le sujet lors d'une conférence de presse organisée au siège de la FNSEA, le 10 octobre, en réclamant un audit externe de la gestion des aides.
Le sentiment d'un manque de considération
C'est un sentiment de déconsidération qui émanait de cette prise de parole collective. Si un rendez-vous a été demandé au ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, c'est au dessus que la filière souhaite se faire entendre. « Nous demandons qu’au plus haut niveau de l’Etat français et de l’exécutif européen, la diplomatie joue son rôle. La date du 18 octobre doit être reportée. Notre gouvernement et les dirigeants européens doivent négocier pour éviter ces sanctions contre l’agriculture et la viticulture. Ces mesures créent des distorsions de concurrence », a résumé Jérome Despey. « On est dans une tutelle agricole qui ne connaît pas l’exportation », considère Michel Chapoutier. Un avis relayé par Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de France : « On a besoin d’un signal fort et d’une réponse à la hauteur d’un secteur qui est attaqué alors que c’est le second secteur de performance commerciale française. On a besoin d’un Etat qui prenne le problème à bras le corps et qui réagisse ».
Le message a été lancé par toute la filière viticole au grand complet.