Millésime Bio
La filière bio affiche ses ambitions
Le mondial du vin biologique vient de fermer ses portes et dresse un bilan plutôt positif de cette 21éme édition. Ce salon aura été aussi l’occasion pour la filière d’afficher ses ambitions. « Nous ne sommes plus des marginaux », indique Patrick Guiraud, président de Millésime Bio.
Quelque 800 exposants en provenance de douze pays, soit près de 100 de plus que l’an passé, sont venus à Montpellier, du 27 au 29 janvier, présenter leurs vins aux acheteurs professionnels. Une présentation qui depuis la première édition obéit à une règle immuable : ce n’est pas la qualité du stand qui doit faire la différence mais le vin. Chaque exposant dispose ainsi du même matériel pour présenter ses vins : une table recouverte d’une nappe blanche et deux chaises. A en croire les échos recueillis sur le salon de la bouche de vignerons, Millésime Bio 2014 a tenu ses promesses : du monde dans les allées et l’impression d’avoir nouer des contacts sérieux même lors d’une première participation à ce salon. Mais ce dernier aura aussi été l’occasion pour la filière de faire montre d’une grande ambition : se structurer. La première pierre a été posée avec la création de FranceVinBio dont l’objectif est de promouvoir les vins bios. « La viticulture biologique est un secteur très dynamique », affirme Richard Doughty, président de FranceVinBio. « Elle représente 8,2 % des surfaces du vignoble et en 2013, la moitié des surfaces cultivées en bio était en conversion, sans pouvoir donc revendiquer la mention vin bio. Sur les trois dernières années, la consommation de vins bio a augmenté de 15 % par an. Nous sommes toujours sur un modèle où l’offre ne suffit pas à satisfaire la demande. Même si une partie du travail est déjà faite, il faut continuer à convertir les consommateurs, enfoncer le message que les vins bios portent un signe de qualité qui leur apporte des garanties et que ce mode de culture assure l’avenir de notre planète. Il faut aussi continuer de convaincre les vignerons à se lancer et surtout convaincre toutes les formes de distribution que les vins bios ont du potentiel ». Pour Patrick Guiraud, président de Millésime Bio et de SudVinBio, la filière bio est sortie de la marginalité. « Il est donc temps de structurer cette dernière et de mettre en place un lobby. Nous allons continuer à sensibiliser le consommateur, à lui dire qu’en buvant des vins bios, il fait un acte militant mais nous allons aussi essayer d’anticiper en réalisant avec des chercheurs, des économistes, un exercice de prospective pour mettre en place un plan sur vingt ans afin d’éviter les méandres qu’a connu le secteur conventionnel et qui nous a amené à perdre 200 000 ha en Languedoc-Roussillon. C’est un nouveau marché. Il ne faut pas se louper. Nous avons demandé aux pouvoirs publics de nous aider. C’est un gros challenge et d’ici vingt ans, il n’est pas utopique de penser que 40 % des surfaces viticoles soient en bio ».
Vu à Millésime Bio
Des amphores au domaine de l’Ecu (44)
« La dégustation de vins d’amphore procure du bien-être », affirme Frédéric Niger Van Herck car, poursuit-il, la polymérisation des tanins s’y fait différemment. « Les amphores sont faites selon le nombre d’or ce qui provoque des mouvements dans le vin, lui donnant une énergie qui fera toute la différence. Utiliser des amphores est pour moi d’ailleurs l’aboutissement de la biodynamie ». Ce sont aussi des vins très riches en sels minéraux et en particulier en potassium ce qui en fait des vins très digestes. La terre à partir de laquelle sont réalisées ces amphores est un matériel très poreux, ce qui facilite les contacts entre l’oxygène et le vin. « Mais cela aussi entraîne 20 à 30 % de perte dans l’année. D’où beaucoup d’ouillage et un intense travail de surveillance à la cave. « Cela demande un boulot à plein temps. Il serait impossible d’utiliser des amphores à grande échelle. Ce ne peut être que des vins d’artisans visant un segment haut de gamme car cela coûte aussi très cher ». Selon la taille de l’amphore, il faut compter entre 350 et 3000 euros.
Bio Dyn Dingues Donc !
Sur quelques tables du salon, trônait une corne de vache. Le signe de ralliement des Bio Dyn Dingues Donc ! soit une douzaine de vignerons biodynamistes qui ont décidé de se regrouper, il y a quatre ans, au sein d’une structure informelle. « C’est avant tout une question d’affinités », indique Jean-Pierre Serguier, du Château Simian (84). « Notre groupe s’est constitué au fil des rencontres dans un but d’échanges et de convivialité. Nous échangeons d’ailleurs beaucoup sur des questions techniques. En biodynamie, nous avons besoin d’être aidés par des collègues ». Mais c’est aussi un moyen de mutualiser les ventes, souligne Marie-Pierre Plumet, du domaine de la Cabotte. « Nous groupons les commandes ce qui permet de réduire les frais de transport. Mais nous sommes avant tout un groupe d’amis et de passionnés ».
De l’huile de lavandin dans les vignes du château Fantou (46)
Loïc Aldhuy-Thévenot utilise de l’huile essentielle de lavandin abrial en guise de répulsif contre les insectes. « Celle-ci agit notamment contre la cicadelle et les vers de la grappe. Avant de l’appliquer, il est très important de connaître le cycle biologique de l’insecte et de faire des comptages pour positionner le traitement au bon moment. On peut aussi la mélanger avec de l’huile essentielle d’orange douce, notamment quand on s’est fait prendre par le mildiou, que celui-ci est déjà inoculé. L’huile d’orange douce ayant un effet curatif ». La dose appliquée est de 10 ml/ha. « C’est de l’homéopathie. L’huile essentielle est mélangée à de l’eau (de 50 à 100 l/ha, selon l’état végétatif de la vigne) avant d’être pulvérisée. Le mélange est appliqué en général entre la mi et la fin mai ». C’est efficace, indique Loïc Aldhuy-Thévenot et facile à trouver. « Mais attention, il faut exiger de son fournisseur une huile essentielle bio et lui demander la fourniture d’un certificat le spécifiant ». Le risque étant pour le vigneron de perdre lui-même sa certification bio.