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La filière attend une suite au plan d’aide vitivinicole

Si la profession a salué le plan spécifique de soutien à la filière vin du gouvernement, elle attend une suite, notamment du côté des aides au stockage et de la Commission européenne.

L'aide à la distillation de crise de 2 millions d'hectolitres mobilise l'essentiel du plan d'aide spécifique lancé par le gouvernement pour la filière vin.  © P. Cronenberger
L'aide à la distillation de crise de 2 millions d'hectolitres mobilise l'essentiel du plan d'aide spécifique lancé par le gouvernement pour la filière vin.
© P. Cronenberger

Dans un communiqué diffusé le 29 mai, la filière vitivinicole avait salué « de vraies avancées qui doivent être encore renforcées sur le plan budgétaire ». Mobilisant l’essentiel du plan total de 170 millions d’euros (M€), l’aide à la distillation de crise de 155 M€ est en cours. 145 M€ financeront les aides à hauteur de 78 €/hl pour les vins AOP/IGP et à 58 €/hl pour les VSIG tandis que 10 M€ sont fléchés sur les distilleries. L’enveloppe est dimensionnée pour distiller 2 millions d’hectolitres (Mhl). La filière estimait le besoin à 3 Mhl. L’UMVIN (Union des maisons & marques de vins), par la voix de son président Michel Chapoutier, a déploré que certaines régions se retrouvent exclues du dispositif de distillation, en raison de la faiblesse du prix retenu pour les VSIG.

« Des régions comme la Bourgogne, la Loire ou encore la Vallée du Rhône n’ont aucun intérêt à distiller. Elles auraient par contre tout intérêt à stocker davantage. Que l’on aide les régions en difficulté, c’est bien, mais il faut un minimum d’équité entre les régions », a estimé Michel Chapoutier. Plusieurs interprofessions ont d’ailleurs affirmé leur intention de ne pas distiller, à commencer par Inter Rhône. « Notre région et nos appellations ne vont pas aller à la distillation. Nos appellations ne sont pas en surcharge », a lancé Philippe Pellaton son vice-président, lors d’une visioconférence, le 4 juin.

Les conditions de mise en œuvre des 15 millions d’aide au stockage privé de 2 Mhl n’étaient pas encore connues à l’heure où nous imprimons. Le budget prévu est jugé insuffisant. L’UMVIN a même jugé cette aide « insignifiante ».

Un engagement européen envers la filière attendu

La plus grosse déception vient de l’absence de soutien spécifique européen. L’utilisation du PNA (Plan national d’aides) à hauteur de 80 M€ pour financer ce plan de soutien conjoncturel a été vivement critiquée comme trahissant la vocation d’aide structurelle de l’OCM.

Mais surtout, la demande d’un fonds de compensation de 300 M€ pour compenser la taxe Trump reste à ce jour sans réponse de la part de l’exécutif européen.

Les choses semblent toutefois bouger sur le front européen. Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a annoncé le 9 juin aux coordinateurs des groupes politiques de la commission de l’Agriculture du Parlement européen, qu’il présenterait « avant l’été » des mesures réglementaires supplémentaires pour aider le secteur viticole européen. Sont évoqués, l’augmentation des taux de cofinancement pour la promotion, la vendange en vert et les mesures de restructuration, la prolongation de la période de plantation de vignes pour l’année 2020 jusqu’en juillet 2021 et le déclenchement de la mesure relative au cartel de crise permettant aux opérateurs de s’accorder sur les exigences de qualité et la promotion conjointe. Selon Agra presse, l’eurodéputée française Anne Sander (PPE) espère aussi des avancées additionnelles sur la promotion de l’œnotourisme et des flexibilités pour l’étiquetage du millésime 2020.

Un afflux de propositions pour le monde d’après

D’après une étude réalisée auprès de ses adhérents, la Coopération agricole évalue à 28 % en moyenne la baisse de chiffre d’affaires sur la période de mars à mai et pointe l’essor des surcoûts. Le secteur viticole est l’un des plus touché avec 86 % des coopératives attestant d’une perte de chiffre d’affaires supérieure à 50 %. « Il y aura besoin de soutien », a prévenu Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, le 4 juin. Il a présenté « une plateforme d’avenir » qui décline 30 propositions structurées autour de la transition écologique et de l’autonomie alimentaire. Ce plan sera présenté aux ministres de l’Agriculture, de l’Économie et du Travail.

L’APCA a elle aussi présenté ses idées pour le futur avec deux documents, détaillant des mesures à court et moyen terme. Les trois axes privilégiés sont la reconquête de la souveraineté alimentaire et relocalisation de la production, l’investissement dans le secteur agricole pour le pérenniser et dynamiser l’économie, et enfin le développement de l’emploi dans le secteur agricole.

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