Des gravures sur plaque de filtration
Julien Allègre est d’abord sculpteur sur métaux usagés. Depuis deux ans, il expérimente un nouveau champ de création en utilisant des plaques de filtration œnologiques.
Julien Allègre est d’abord sculpteur sur métaux usagés. Depuis deux ans, il expérimente un nouveau champ de création en utilisant des plaques de filtration œnologiques.



En 2018 lors d’une visite chez un voisin vigneron, Julien Allègre découvre les plaques de filtration. En voyant la texture granuleuse du matériau, sa porosité et son épaisseur, il pressent qu’il tient là le bon support pour lancer un projet de gravure utilisant des chutes d’acier issus de découpe industrielle au laser qu’il stocke dans son atelier. "Pour ces gravures, je prépare des mélanges à base d’encres d’imprimerie, d’oxydes de cobalt, d’ocres naturelles et d’huile de lin, explique-t-il. Une fois la couleur étalée sur la surface en acier, j’y positionne la plaque de filtration et ensuite, avec ma presse plieuse qui a une poussée de 50 tonnes, j’appuie le métal sur le papier. Ensuite, j’enlève rapidement le papier pour éviter son arrachement car le tout sèche très vite. En général je fais plusieurs passages de couleur."
Ces Empreintes prolongent son travail de sculpteur
Voilà comment Julien Allègre, qui travaille en 3D depuis vingt ans en tant que sculpteur, produit désormais des imprimés abstraits en 2D. "Je ne suis pas le premier à travailler ces plaques de filtration, ajoute-t-il. Comme je suis autodidacte en gravure, je me suis formé dans l’atelier de gravure près d’ici." Ces Empreintes, comme il les nomme, s’inscrivent dans le prolongement de son travail de sculpteur sur métal pour lequel il utilise très souvent de vieux barils usagés et autres grands contenants ferreux en fin de course. "Je n’utilise que des machines et des outils. Je n’ai pas de contact direct avec les pièces et je dois me protéger en portant un tablier, des gants et un masque. Pour ces gravures j’avais envie de reproduire cette façon de travailler." Avec ces empreintes, Julien Allègre explore aussi une forme de seconde vie des découpes issues de son travail de sculpteur. Construite sur la base d’un dialogue improbable entre un métal dur, lisse, imperméable et un papier fragile, inflammable et très absorbant, cette seconde vie parle non seulement de continuité mais aussi de renouvellement.
Julien Allègre a d’abord travaillé avec des plaques de filtration de 20x20 cm. Désormais il préfère la taille au dessus, soit 40x40 cm. En général, il les utilise neuves car elles gardent une bonne épaisseur mais il reconnaît que la couleur pourpre des plaques usagées est aussi intéressante. Pour le moment sa production reste confidentielle. "Une petite quinzaine de pièces, précise-t-il. Il y a beaucoup de ratés, le papier s’arrache souvent et de nombreuses pièces ne donnent rien de correct." Julien Allègre a exposé ses premières Empreintes en même temps que ses sculptures et "les retours sont bons". Comme le renouvellement est une question qu’il aime explorer, Julien Allègre envisage désormais d’expérimenter sa technique d’encrage sur sa production en 3D.
Pour cette production j’avais à la fois un besoin de coloriste et un besoin de contact physique avec une machine et des outils
Pour en savoir plus : julienallegre.net/