En Cuma, le partage allège les charges de la vendange mécanique
Pour une machine qui ne sert qu’une poignée de jours par an, l’intérêt d’une mutualisation via une Cuma semble assez rationnel. Une bonne organisation est aussi garante des coûts et de l’efficacité.
Pour une machine qui ne sert qu’une poignée de jours par an, l’intérêt d’une mutualisation via une Cuma semble assez rationnel. Une bonne organisation est aussi garante des coûts et de l’efficacité.
La Cuma de Lapeyrière, à Lisle-sur-Tarn, dans le Tarn, s’efforce d’assurer un coût de vendange mécanique accessible pour sa quinzaine d’adhérents, face au contexte économique et climatique. Le tarif est établi à 190 euros de l’heure, ce qui comprend l’amortissement, la rémunération des chauffeurs via un groupement d’employeurs, le carburant, l’entretien et les assurances. Francis Terral, qui n’est plus adhérent mais aide encore sur l’administratif, souligne que ce coût est stable depuis plusieurs années. Il faut y ajouter la part sociale de Cuma, payée une fois pour toutes (200 euros par hectare). La Cuma dispose de trois automotrices New Holland âgées de 2 à 7 ans.
Le temps est décompté de l’entrée dans la parcelle jusqu’à la vendange terminée, vidage inclus. Ce principe veut encourager les adhérents qui ont joué collectif et réaménagé leur parcelle pour simplifier la tâche des conducteurs. « Si on doit faire 150 m pour aller jusqu’à la benne, on a vite perdu 15 minutes. C’est normal que ça soit facturé », illustre un référent de la Cuma. Il faut compter, selon les cas, entre 1h15 et 1h45 par hectare (donc environ entre 240 et 330 euros par hectare).
Pour cette même raison, la Cuma de Mailhoc, à Sainte-Croix, dans le Tarn, a établi une tarification à la fois en surface récoltée, à raison de 210 euros par hectare, et à l’heure passée, au tarif de 50 euros par heure. La Cuma assure la vendange d’une douzaine de membres sur un total de 120 à 130 hectares, grâce à une automotrice Braud 9070 qui en est à sa cinquième campagne. Matthieu Costes, président de la Cuma, avance une durée de vendange de 1 h 30 par hectare en moyenne, donc un coût autour de 300 euros par hectare. La Cuma s’efforce aussi de maintenir les coûts.
Une organisation implacable pour optimiser le temps de travail
La Cuma de Lapeyrière insiste sur l’impact de la logistique. Elle décrit son organisation comme « quasiment militaire ». Assurer la récolte de 400 hectares avec des parcelles souvent éloignées les unes des autres et relevant d’une dizaine d’itinéraires différents, exige de la rigueur. Les viticulteurs étant à 90 % coopérateurs de Vinovalie, pour plus d’efficacité, les réunions de planning ont lieu directement à la coopérative avec les référents des machines. Les responsabilités ont été inversées. C’est le chauffeur qui a autorité pour vendanger la parcelle. Le coopérateur est ainsi assuré de répondre au cahier des charges de sa cave.
La vendangeuse de la Cuma de Mailhoc est, elle, conduite par trois viticulteurs adhérents rémunérés par Tesa. Ils connaissent donc parfaitement les parcelles. « L'un d'entre eux organise le planning avec les représentants de la coopérative, en fonction des cépages et des maturités », décrit le président.
L’entraide est un facteur d’efficacité
Le pragmatisme est de mise pour limiter les frais. La Cuma de Lapeyrière a ainsi eu quatre machines. Elle a préféré sacrifier ce confort et miser sur l’organisation pour traiter la même surface avec trois machines. Avec ses cinq chauffeurs, elle optimise le planning en fonction de la charge de travail.
L’autre facteur essentiel est l’humain. La Cuma de Lapeyrière souligne la bonne entente entre les chauffeurs. Cela facilite l’attribution des machines à vendanger sachant qu’une des trois ne dispose pas d’autoguidage ou encore l’adaptation en cas de planning torpillé par la météo. « On s’entraide entre viticulteurs », souligne de son côté Matthieu Costes. Un élément non chiffrable mais très précieux.
La gestion de la Cuma peut générer quelques réserves mobilisables pour lisser les coûts. C’est ainsi que la Cuma de Lapeyrière a pu faire l’effort de baisser le tarif de 30 % lors d’une année de gel.
Des limites pour les porteurs polyvalents
À la Cuma de Lapeyrière, une des trois machines à vendanger peut servir à la pulvérisation et aux travaux de palissage. L’amortissement s’allège en principe pour la vendange. Selon le Guide des prix de revient des matériels 2024-2025 publié par la Cuma Occitanie, ce poste représente en moyenne 77 % des charges annuelles pour une machine à vendanger, soit 108 euros par heure. Dans les faits, l’intérêt de la polyvalence n’est pas si évident. Les adhérents souhaitant assurer leur réactivité en matière de pulvérisation, seul celui dépassant 100 hectares adhère à la pulvérisation.
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