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Effeuillage de la vigne : la stratégie définit le type de machine

Entre l’effeuilleuse à dépression et la version pneumatique, le choix se définit en fonction de la stratégie souhaitée.

L’effeuillage de la vigne peut s’effectuer sur une large période, de la chute des capuchons à la vendange. "À l’origine, la mécanisation de l'effeuillage a été développée pour mécaniser l’effeuillage prévendange, il y a une quarantaine d’années en Champagne, se remémore Yannick Collard, dirigeant de la société Collard. C’est ainsi qu’est née l’effeuilleuse pneumatique. Par la suite, d’autres régions viticoles s’y sont intéressées et les viticulteurs ont découvert les bienfaits de l’effeuillage précoce, aussi appelé effeuillage en vert." Ce dernier est aujourd’hui le type d’effeuillage le plus couramment pratiqué, même si l’effeuillage juste avant vendange continue d’avoir ses adeptes.

"Pour la vendange manuelle, l’effeuillage permet d’avoir une meilleure visibilité sur les grappes, explique Cyril Zehner, de Pellenc. En dégageant les feuilles, cela diminue le nombre de grappes oubliées et permet d’augmenter les débits de ramassage de 30 %, réduisant la charge de main-d’œuvre et facilitant la récolte à la maturité optimale." Mais certaines exploitations viticoles récoltant à la machine sont également adeptes de l’effeuillage prévendange, afin de limiter les déchets verts dans les bennes des machines à vendanger.

Aspiration ou pneumatique

Aussi sur le marché des effeuilleuses, il existe deux grandes familles : les machines pneumatiques, aussi appelées à air pulsé, et les modèles à aspiration. Alimentées par une centrale pneumatique, les premières se composent de buses montées sur support rotatif soufflant de l’air à une pression plus ou moins élevée vers la vigne, déchiquetant les feuilles au passage. Cette pression est notamment définie par la section de la buse et se décide en fonction du stade de la vigne. Lorsque le feuillage est tendre, une pression moindre suffit.

 

 
Pellenc propose un palpeur sur sa tête d'effeuillage pour automatiser la pression exercée sur le feuillage.
Pellenc propose un palpeur sur sa tête d'effeuillage pour automatiser la pression exercée sur le feuillage. © Pellenc

 

Les effeuilleuses à aspiration ont un fonctionnement sensiblement inverse, par dépression. Des tambours rotatifs percés sont placés au contact du feuillage, l’aspiration fait se coller les feuilles contre ce tambour, qui les éloigne des grappes et les élimine par section ou pincement (arrachement). Le mécanisme par contact nécessite l’usage d’un palpeur ou d’un pilotage minutieux par le chauffeur pour trouver un bon compromis entre effeuillage efficace et pénétration limitée dans le volume foliaire pour ne pas endommager la récolte.

Le choix de l’une ou l’autre des solutions va dépendre du travail souhaité. L’effeuilleuse pneumatique peut intervenir dès la chute des capuchons floraux, débarrassant de ces derniers les grappes et limitant les risques de botrytis. Période la plus délicate pour l’effeuillage, la fermeture de grappe peut marquer l’arrêt de l’utilisation de certaines machines pneumatiques, avant une éventuelle reprise en prévendange. "Mais avec les bons réglages, certains utilisateurs de nos dernières générations parviennent à effeuiller à cette période critique sans blessure", explique Yannick Collard. L’intensité d’effeuillage dépend de la vitesse d’avancement, du débit et de la section des buses, ainsi que de l’orientation des têtes d’effeuillage sur les modèles à double flux d’air. Ces derniers peuvent réaliser deux passages en un sur une faible hauteur de végétation.

Des interventions à des stades différents

Pour utiliser l’effeuilleuse à aspiration, il faut attendre une dizaine de jours après la chute des capuchons. "Mais on peut l’employer plus tardivement dans la saison, jusqu’à la véraison, notamment pour les cépages rouges, explique Cyrille Fournier, commercial chez Ero. Pour des usages plus tardifs, il est préférable d’être délicat avec les machines à aspiration, si l’on ne souhaite pas prendre le risque d’abîmer les grappes." Dans cette situation, l’effeuillage sera très partiel - ces machines ne permettent pas quoi qu’il en soit un effeuillage à blanc - mais pourra convenir à bon nombre de viticulteurs.

Le débit de chantier dépend davantage de l’intensité d’effeuillage souhaitée que de la technologie choisie : les vitesses oscillent généralement entre 1,5 et 5 km/h. Côté tarif, l’avantage est aux machines à aspiration, qui débutent entre 12 000 et 15 000 euros pour un modèle 1/2 rang. Mais selon les besoins et les caractéristiques du tracteur, les prix peuvent fortement varier.

La turbine des modèles pneumatiques se montre aussi gourmande en puissance. Compter selon les marques 30 à 40 ch par rang pour une machine pneumatique, contre 12 à 15 ch pour une version à aspiration.

"Du gain de temps à la vendange, des raisins protégés"

Cultivant 54 hectares en appellation jurançon, la SCEA du Domaine Cauhapé, basée à Monein dans les Pyrénées-Atlantiques, pratique la vendange manuelle depuis toujours. "Il y a 25-30 ans, l’effeuillage était fait à la main, quelques semaines avant les vendanges", se remémore Henri Ramonteu, dirigeant du domaine. Mais ces dernières années, l’exploitation viticole, située en piémont des Pyrénées, fait le constat évident du réchauffement climatique. "Même à 400 m d’altitude, le soleil brûle le raisin. Les températures ont beaucoup évolué et la récolte s’effectue un mois plus tôt." Pas question pour autant de se passer de l’effeuillage, qui permet d’augmenter le débit de chantier de la récolte manuelle de 20 à 30 % et de ne pas oublier de grappe.

 

 
Effeuillage de la vigne : la stratégie définit le type de machine
© Domaine Cauhapé

 

Le domaine s’est donc équipé d’une effeuilleuse pneumatique Collard travaillant deux demi-rangs. Positionnée en frontal sur le tracteur, elle offre une bonne visibilité sur le travail effectué. Au volant, Hugues Ramonteu, l’un des fils d’Henri, effeuille au rythme de deux hectares par jour, avançant à la vitesse de 1,5 à 2 km/h, juste avant le passage des vendangeurs. À cette vitesse, le résultat offre une bonne visibilité sur les grappes sans enlever un maximum de feuilles. "Intervenir à ce stade présente plusieurs avantages, explique Henri Ramonteu. Outre le fait que les feuilles aient protégé les raisins jusqu’au dernier moment, le cycle de la vigne est terminé, ce qui n’impacte pas le cycle suivant. Les feuilles sont plus sèches, plus cassantes : il y a zéro résidus végétaux sur les raisins et ces derniers ne sont pas abîmés. On rentre une vendange propre et intègre. C’est un investissement très rentable qui génère un gain de temps très appréciable."

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