Des solutions pour mécaniser les vignes en fortes pentes
La chambre d’agriculture de l’Ardèche a organisé en avril dernier une journée consacrée aux solutions pour les fortes pentes. Tour d’horizon.
La chambre d’agriculture de l’Ardèche a organisé en avril dernier une journée consacrée aux solutions pour les fortes pentes. Tour d’horizon.
Le renouveau des treuils
Avec la tendance générale de substitution des herbicides, les treuils reviennent doucement sur le devant de la scène en France.
L’entreprise ardéchoise Alatache (Tournon-sur-Rhône) a présenté sa prestation de travail du sol au treuil sur de très fortes pentes, activité dont elle a fait sa spécialité. Équipés d’un mototreuil brouette de la marque suisse Plumett, Gamal Menacer et son collègue ont montré qu’il était ainsi possible de passer une petite charrue à griffes dans les endroits inaccessibles aux autres machines. Le prestataire réalise également des décavaillonnages ou des buttages dans les vignes escarpées. Les Établissements Fatton, quant à eux, présentaient un montage de treuil sur chenillette Camisa (ci-contre) ainsi qu’un treuil portatif, équipé de 100 m de câble. « Il y a de plus en plus de demande pour ces outils, remarque le concessionnaire. C’est une solution intéressante quand la mécanisation n’est plus possible. »
Les solutions de pulvérisation
Le concessionnaire RN7 était présent avec un pulvérisateur à jet porté à flux tangentiel pour chenillette. Cet atomiseur avec une cuve de 70 litres ne nécessite que 16 ch de puissance. Il est équipé d’un système pour s’adapter au dévers et travailler dans des pentes jusqu’à 50 %. Son tarif est indiqué sous les 10 000 euros. De leur côté, les Établissements Fatton présentaient le pulvérisateur Birchmeier AS 1200, un pulvérisateur à air propulsé, adaptable sur les appareils à dos électriques REB 15 AZ2 et REC 15 ABZ de la marque. La lance comprend une turbine et une buse (3 types possibles), et affiche un poids de 3 kg. Le flux d’air est variable (cinq niveaux) ainsi que la pression, allant jusqu’à 10 bars. Un matériel qui a eu du succès auprès des viticulteurs présent à la journée de démonstration.
Les entreprises Drone Aero et Drone Vision Pro étaient également présentes pour faire connaître les solutions de pulvérisation par drone et faire quelques vols de démonstration. Ces solutions, considérées comme les autres épandages aériens, ne sont pas encore autorisées en France, mais sont scrutées de près (voir encadré). Elles permettraient potentiellement de mécaniser la pulvérisation dans les très fortes pentes, avec une moindre pénibilité, plus de sécurité pour l’applicateur et peut-être une meilleure rentabilité.
Le travail du sol
De nombreux matériels de travail du sol ont été présentés, dont des outils interceps adaptés aux chenillards. À commencer par ceux du constructeur champenois Perrin, venu avec sa solution EasyCep. Un matériel intercep à lame bineuse facile à régler et entretenir, qui ne comprend pas d’hydraulique et qui s’adapte à toutes les machines de type chenillettes et chenillards. L’outil est composé d’un cadre avec un parallélogramme, un palpeur mécanique dont la tension est réglée par un simple ressort, et la hauteur par une roue de jauge. Le tout pour des largeurs de 1 m à 1,30 m. Il faut compter un peu moins de 5 000 euros pour un cadre complet, et 3 500 euros pour la paire d’intercep seule. Les établissements Fatton et RN7 ont exposé des matériels intercep équipés d’hydraulique mais adaptables sur chenillards : des lames bineuses et décavaillonneuses avec palpeur hydraulique, ainsi que des outils animés comme le Clemens Radius SL Plus équipé avec une herse rotative.
Les robots de pente
Pour veiller à la sécurité de l’opérateur, il est possible d’opter pour des machines télécommandées. La société Payen présentait un robot de pente du fabricant anglais Mc Connel, équipé d’un porte-outil. Un autochenille radiocommandé au moteur diesel Hatz 3 cylindres turbo de 56 ch, également disponible en version 40 ou 75 ch. D’une largeur de 1,60 m, l’engin possède un centre de gravité très bas et peut travailler dans des pentes allant jusqu’à 55° (soit 143 %), tout en maintenant l’utilisateur à bonne distance pour éviter les accidents (pilotage possible jusqu’à 150 m). On peut y atteler un broyeur pour les sarments ou un gyrobroyeur pour l’herbe, mais aussi un atomiseur, un rotavator ou encore un godet.
Le tarif communiqué pour le robot est d’environ 1 000 €/ch. L’entreprise allemande Agria était également présente pour faire une démonstration d’un gyrobroyeur radiocommandé en version 112 mm de large, qui existe aussi en largeur 70 et 80 mm. Le moteur essence Kawasaki de 16,3 kW de l’engin entraîne une génératrice électrique afin de se passer de système hydraulique, et éviter ainsi tout risque de pollution en cas de fuite. La portée de la commande est de 300 mètres, et le degré de pente acceptable de 55°. Le coût d’un tel matériel va de 18 000 à 36 000 euros selon la version.
Le projet Drone Viti évalue l’intérêt de la pulvé par drone
La chambre d’agriculture de l’Ardèche, en partenariat avec l’antenne IFV du Beaujolais et la MSA, conduit le projet Drone Viti. Le but de cette expérimentation, cantonnée aux fortes pentes, est d’évaluer l’efficacité d’un programme biologique épandu par drone par rapport à un traitement à dos (chambre d’agriculture), et d’analyser la qualité de pulvérisation et la dérive (IFV) ainsi que l’influence sur la pénibilité et l’exposition des opérateurs (MSA). Les essais de 2020 ont été perturbés par la crise sanitaire mais deux traitements ont eu lieu en fin de saison des traitements (juin). « Nous n’avons pas vu de différence en termes de maladie avec les pulvérisations réalisées avec un appareil à dos, relate Amandine Fauriat, de la chambre d’agriculture de l’Ardèche. Mais la pression parasitaire était faible, et le contexte des côtes-du-rhône septentrionales aide : les vignes en échalas sont effeuillées et les entrecœurs supprimés, ce qui aère beaucoup les grappes. » Les expérimentations ont repris en 2021, en espérant avoir des résultats sur une campagne de traitement complète. Car l’arrêté ministériel autorisant les expériences de traitements aériens par drone devient caduc à la fin du mois d’octobre 2021. Espérons qu’un nouvel arrêté soit pris afin de poursuivre les expérimentations sur cette pratique prometteuse.