Des solutions alternatives aux phytos lors du Sitevi 2019
La pression sociétale se fait ressentir jusque dans les allées du Sitevi. Choc thermique, vapeur, séance d’UV, ozone… Les solutions alternatives au chimique – et au travail du sol – se multiplient avec certaines technologies connues, mais aussi d’autres plus récentes.
La pression sociétale se fait ressentir jusque dans les allées du Sitevi. Choc thermique, vapeur, séance d’UV, ozone… Les solutions alternatives au chimique – et au travail du sol – se multiplient avec certaines technologies connues, mais aussi d’autres plus récentes.
Réduire les produits phytosanitaires, voire les supprimer ! La pression sociétale pousse fortement dans ce sens et laisse très peu de temps au monde viticole pour s’adapter. Pour ce qui est du désherbage, le travail du sol était dans toutes les bouches des visiteurs du salon. Les constructeurs d’outils croulent sous les commandes et affichent des délais de livraison qui ne cessent de s’allonger. Le Charentais Forge Boisnier, dont nous avions parlé dans le numéro 265 de septembre de Réussir Vigne (page 34), qui exposait son porte-outils interceps deux rangs complets Emisol. Il était victime de son succès, l’appareil affichant des débits de chantier impressionnants atteignant 4,5 ha/h et rendant plus acceptable le retour au travail du sol. Mais le désherbage mécanique n’est pas l’unique solution envisagée par les constructeurs. Le breton Oeliatec et l’italien MM Spray proposent chacun une solution de désherbage à la vapeur, et le suisse Zasso débarque avec une version intercep de son X-power, outil innovant de désherbage électrique (voir le numéro 267 de novembre de Réussir Vigne, page 78). L’américain Agrofrost a profité du salon quant à lui pour présenter une nouvelle solution pour le contrôle thermique des adventices. Un système qui ne fait pas de flamme mais utilise de l’air chaud.
Renforcer les défenses contre les attaques fongiques
Pour ce qui est des attaques fongiques, les constructeurs ne sont pas en reste. Même si aucun test n’a été réalisé en Europe sur cet appareil pour en prouver son efficacité, l’Agrotherm XT de Clemens est présenté comme un outil alternatif, ou tout du moins complémentaire au classique pulvérisateur. Il permet de réduire de manière conséquente le nombre de passages de pulvés et donc les quantités de fongicides. L’outil connaît un certain succès outre-Atlantique, en Californie notamment. Son principe consiste à envoyer de l’air, chauffé à l’aide de bonbonnes de gaz, sur la vigne, avec un double effet. D’une part, il assèche le microclimat au niveau des vignes. D’autre part, l’air très chaud génère un stress à la vigne et l’incite à renforcer ses défenses. Ainsi blindées, les vignes laissent moins de place aux attaques fongiques qui deviennent moins fréquentes.
Séances d’UV pour les vignes
Monté sur un bâti de prétailleuse Coup’Eco Viti, le système Helios de la société UV Boosting consiste à soumettre les vignes à certaines longueurs d’onde ultraviolettes qui incitent les cultures à renforcer leurs défenses avec un effet systémique. Les vignes se trouvent ainsi mieux protégées, prêtes à repousser les champignons. Des essais sur merlot ont montré que l’on pouvait réduire de 50 % la quantité de phytosanitaires appliqués en passant l’UV Boosting tous les dix jours, sans perdre d’efficacité dans sa protection antimildiou.
Dernière technologie dévoilée dans les allées du Sitevi, l’ozone. L’italien MM Spray et l’espagnol Makato présentaient tous deux un prototype d’ozoneur pour la vigne. Dotés d’une cuve et d’une voûte, ces appareils ressemblent de loin à des pulvérisateurs classiques. Mais à y regarder de plus près, l’appareil se distingue par sa partie avant, avec un système permettant de prendre le dioxygène de l’air, de le concentrer et de l’électriser pour former de l’ozone, ce gaz instable est ensuite injecté dans le circuit d’eau juste avant sa pulvérisation. Connu en agroalimentaire pour son pouvoir fongicide et bactéricide, l’ozone y est utilisé dans un cadre normé. Cet usage normé n’est en revanche pas défini en milieu ouvert : les promoteurs de cette technologie ont déposé un dossier auprès des instances européennes agréées et attendent la définition d’une norme pour pouvoir l’exploiter. Cette solution est testée en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Californie, où elle suffit en cas de faible pression de maladie. L’économie en produits phytosanitaires est estimée selon les années entre 30 et 70 %.