Le point sur les avancées du Plan dépérissement
Plus qu’au dépérissement seul, le plan lancé il y a quatre ans s’intéresse à tous les dépérissements. La lutte s’est engagée tous azimuts et sollicite structures de recherche, vignerons et pépiniéristes. La France est le seul pays à mobiliser l’ensemble de la filière viticole à travers un plan stratégique opérationnel.
Plus qu’au dépérissement seul, le plan lancé il y a quatre ans s’intéresse à tous les dépérissements. La lutte s’est engagée tous azimuts et sollicite structures de recherche, vignerons et pépiniéristes. La France est le seul pays à mobiliser l’ensemble de la filière viticole à travers un plan stratégique opérationnel.
La perte financière est très difficile à évaluer car la prévalence du dépérissement lui-même est mal connue. Les chiffres estimés tournent autour du milliard d’euros tous les ans », témoigne Héloïse Mahé, ingénieure et chargée de mission au Plan dépérissement. Un coût conséquent qui encourage les pouvoirs publics à faire des dépérissements une « priorité nationale ». En 2015, à l’initiative de FranceAgriMer (FAM) et du CNIV (Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique), un vaste programme de lutte est lancé, sous le nom de Plan national de dépérissement du vignoble (PNDV). « La notion de dépérissements désigne une baisse pluriannuelle subie de la productivité du cep et/ou de sa mort prématurée, brutale ou progressive, liée à une multiplicité de facteurs biologiques ou environnementaux et de pratiques viticoles, » cite la mission FAM-CNIV lors du séminaire de 2015 présentant l’état des lieux de la situation du vignoble. L’identification des enjeux économiques, scientifiques et stratégiques liés aux dépérissements aboutit à l’élaboration des trois piliers du PNDV. L’un porte sur la recherche et l’innovation, l’autre met en avant la place fondamentale des viticulteurs dans la lutte, et le dernier est centré sur l’approvisionnement en matériel végétal. La volonté de développer un observatoire national est par ailleurs fortement affirmée. En parallèle, un appel à projets d’envergure est lancé auprès des différents partenaires de la filière. Quatorze projets répartis sur l’ensemble des bassins de production sont retenus. Un budget exceptionnel de 10,50 millions d’euros (M€) sur trois ans est débloqué : 4,50 M€ sont issus des interprofessions, 4,5 autres M€ du ministère de l’Agriculture et FranceAgriMer apporte sa contribution à hauteur de 1,50 M€.
Une dynamique d’échange et de partage inédite
Si aucune solution miracle ne sort pour l’heure du lot, force est de constater que le PNDV a le mérite de créer une dynamique collective basée sur l’échange et le partage sans précédent. « Les réseaux d’acteurs et la formation sont pour nous les deux leviers d’action à effet immédiat », déclare Christophe Riou, délégué au plan Dépérissement et directeur général adjoint de l’IFV. Au cœur de l’action, les producteurs, qui subissent de plein fouet les conséquences des dépérissements sur la rentabilité de leur exploitation. C’est à ce titre que le projet MIV (Mobilisation et innovation vigneronne) a vu le jour. En plus de faciliter la communication entre viticulteurs, il fait office de vase communicant entre les hommes et femmes de terrain et les structures de recherche dont le travail semble parfois très abstrait. Pourtant, certains programmes commencent à dévoiler quelques résultats. Pour l’heure, ces derniers restent malheureusement trop superficiels pour les voir franchir les portes des laboratoires et autres centres d’expérimentation. La vigne étant une culture pérenne, il faut admettre que plusieurs années s’écouleront probablement avant de voir émerger des solutions concrètes. D’autant que les tendances qui se dessinent jouent en faveur de méthodes préventives plutôt que curatives. À ce titre, une grande partie des efforts de la recherche se concentre sur le matériel végétal. Comprendre la vigne, la façon dont elle s’intègre dans son environnement, les mécanismes qu’elle déploie pour répondre aux agressions et au stress apparaît plus que jamais fondamental. Avec à terme, l’ambition de sélectionner les individus les plus résistants. Un contexte qui met en avant le rôle majeur que joueront les pépiniéristes dans la lutte contre les dépérissements, en vue de déployer les solutions issues de la recherche. La marque collective origine France inaugurée en octobre dernier est un bon indicateur du fait que la filière en ait pris pleinement conscience.
La communication, fer de lance du PNDV
Le dernier point qu’il semble important de relever est la quantité d’informations sur le sujet à laquelle il est désormais possible d’avoir accès via les différents outils de communication développé par le PNDV. Très actif sur les réseaux sociaux – Facebook, Twitter, LinkedIn, YouTube – son site internet est également particulièrement riche. On y retrouve un « webzine » contenant toutes les dernières actualités, facilitant ainsi la transmission entre les professionnels de la vigne et la recherche. Les fiches techniques regorgent de « trucs et astuces » pour reconnaître et lutter contre les dépérissements, et ainsi étendre l’observatoire national. Les professionnels de la vigne et du vin ne sont pas les seuls visés dans ce plan de communication de grande ampleur. Pour preuve, l’implication de deux communes de Gironde dans la mise en œuvre de la lutte contre la flavescence dorée et la surveillance du territoire. Une enquête menée en 2018 auprès de 200 particuliers vise à sensibiliser les propriétaires non exploitants de vignes sauvages à la nécessité de supprimer ces réservoirs potentiels de la maladie. La diffusion d’un livret nommé VitiObs, a par ailleurs « permis de légitimer auprès des riverains les traitements obligatoires », indique sur son site le PNDV. Producteurs, consommateurs, citoyens français, le dépérissement est l’affaire de tous !