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De l’utilité de la vidéo pour communiquer
Très peu de vignerons ont recours aujourd’hui à la vidéo pour communiquer. Bien qu’il soit difficile d’en chiffrer les retombées commerciales, ceux qui l’utilisent sont convaincus de son intérêt.
La maison Hugel, producteur de vins alsaciens, en plus de son site officiel de présentation du vignoble et des vins, dispose d’un site (media-hugel.com) qui propose aux internautes une vidéo Le secret de la qualité Hugel et les invite également à retrouver des interviews des différents membres de la famille. Mais elle poste aussi régulièrement sur sa chaîne Youtube des vidéos relatives à un événement particulier, permettant de relancer l’intérêt de l’internaute. “ Nous sommes une maison familiale et il est important que les gens nous voient. Je ne sais pas si la vidéo est un support de communication indispensable mais je crois que cela fait désormais partie du contenu à offrir à nos clients. Surtout si l’on souhaite capter l’intérêt d’un jeune public qui ne prend plus le temps de lire. ”
Un média passif qui capte facilement l’attention
Pour Sébastien Foulard, directeur associé de Génépi, agence de conseil en marketing et communication spécialisée en vins et spiritueux, l’intérêt de la vidéo est devenu flagrant. “ C’est un média passif, qui permet de mettre son cerveau de côté. Lire, tenir une conversation demande un travail de concentration. Avec la vidéo, on subit. Il est donc plus facile de capter l’attention de l’internaute. Cela permet de toucher facilement les gens qui ne se sentent pas engagés. Et surtout, la vidéo permet de faire passer plus de messages et davantage d’émotions qu’un écrit, tous les vignerons n’ayant pas forcément une plume susceptible de les susciter. ”
Le négociant Gabriel Meffre est lui aussi convaincu du bien-fondé de la vidéo : “ C’est un moyen de communication intéressant car interactif et ludique. Nous y croyons beaucoup. C’est une façon de faire entrer le consommateur ou le client dans notre univers en allant plus loin qu’avec une simple fiche technique ”, explique Valérie Vincent, responsable communication chez Gabriel Meffre. La société produit deux types de vidéos : les unes, institutionnelles, réalisées par des professionnels afin de présenter la maison ou une gamme de vins particulière, plutôt à destination des clients professionnels, telles les French lessons, vidéos tournées pour être un support de vente aux équipes commerciales implantées aux États-Unis. Les autres, réalisées par ses soins, d’une durée d’une à deux minutes, proposant des informations instantanées, prises sur le vif et diffusées sur les réseaux sociaux, et donc à destination du grand public. “ Avec ces dernières, nous démarrons à peine. Vont-elles contribuer à augmenter les ventes ? C’est difficile à dire. En tout cas, elles vont nous permettre de développer notre notoriété auprès du consommateur final. ”
Étienne Hugel estime également qu’il est difficile d’en évaluer les retombées financières. “ Ce que nous savons en revanche, car nous utilisons des QR codes, c’est que nos vidéos sont vues plusieurs centaines de fois par mois. ”
Le coût ne serait pas un frein
Peu de vignerons ont pour l’instant adopté ce mode de communication. Le prix ne serait pourtant pas un frein. “ Cela peut même ne rien coûter ”, souligne Sébastien Foulard. “ Un Iphone, un plan fixe, donc pas de montage et le vigneron met la vidéo en ligne, sur Instagram, par exemple. C’est simple et c’est gratuit. ” Et peu importe la qualité de l’image. “ S’il s’agit de montrer son quotidien, si le vigneron se filme lui-même, plus c’est root, mieux c’est. ” Après, le vigneron peut faire montre de plus d’exigence. Soit il peut investir dans une caméra pour un coût compris entre 500 et 1 000 euros, mais souvent la prise de son n’est pas très bonne, constate Sébastien Foulard. Soit il peut faire appel à des professionnels pour obtenir un résultat final “ très propre ”, pour moins de 2000 euros. “ Il peut aussi solliciter une agence comme la nôtre. Ce qui suppose story board, prise de son indépendante, montage, pour un coût pouvant varier de plusieurs milliers d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros. L’objectif, dans ce cas sera de disposer d’une vidéo corporate, bien léchée, faisant passer les messages souhaités. Mais il n’est pas antinomique d’avoir cette vidéo et de poster sur les réseaux sociaux celles prises avec son Iphone. Elles n’ont simplement pas le même objectif de communication. ”
Des précautions sont toutefois à prendre vis-à-vis de la loi Évin. “ Si la vidéo est en anglais, il n’y a aucun problème. Si elle est en français, elle se doit de respecter la loi ”, souligne Sébastien Foulard. “ Filmer une dégustation de vin est possible à condition que l’acteur en soit le maître de chai. Il faut également prêter attention aux droits à l’image et demander, par exemple, aux vendangeurs, l’autorisation d’utiliser leur image. Enfin, si de la musique est insérée dans la vidéo, il faudra également en payer les droits. ”